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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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Bonaparte ôtait aux royalistes l'un de leurs arguments en faveur de la monarchie. Mais il sut surtout jouer de la lassitude d'une base royaliste harassée par dix années de lutte. Les premières mesures du Consulat provisoire s'inscrivent dans ce contexte. La levée de la loi des otages, puis la clémence à l'égard des émigrés sont autant de gestes en faveur des 97
     

    LA RÉPUBLIQUE CONSULAIRE (1799-1804)
    soutiens traditionnels du parti royaliste, comme aussi le choix du troisième consul, Lebrun, réputé proche des idées monarchistes. Sur le plan politique, l'amnistie envers les députés fructidorisés en 1797, c'est-à-dire victimes de la répression antiroyaliste, confirme ce souci de réintégrer dans la nation les partisans d'une solution monarchiste, non pour qu'ils en défendent à nouveau le principe, mais pour qu'ils reconnaissent les bienfaits du nouveau régime. De fait, nombre de royalistes de la veille se rallient au Consulat ou obseIVent du moins une sage neutralité, car le régime personnel de Bonaparte leur apparaît préférable à une République jacobine. Bonaparte a su aussi leur ôter tout motif d'opposition. Après avoir permis le retour des émigrés, il leur offre la possibilité de recouvrer leurs biens non aliénés et donc de reconquérir une position sociale dans leur pays, ce que vient compléter une inscription sur les listes de notabilités ou une nomination comme maire. Après des années de lutte, la tentation d'une trêve est grande.
    C'est le choix fait par de nombreux émigrés qui rentrent à l'annonce du 18-Brumaire, sans même attendre parfois le blanc-seing du gouvernement. Le baron de Vitrolles, après avoir envoyé sa femme en avant, s'empresse de la suivre et de gagner Paris. Il se confine alors dans une prudente abstention, avant d'accepter un peu plus tard les faveurs du régime. Le retour des émigrés renforce les salons à la coloration monarchiste. Le salon de Mme Récamier est alors le plus couru. Il accueille des proches du gouvernement, mais aussi des monarchistes avérés, à l'image de Mathieu de Montmorency, l'un des soupirants les plus assidus de Juliette Récamier. Le salon de Mme de La Briche est quant à lui plus sélectif, puisqu'il reçoit surtout des représentants de l'ancienne noblesse dont beaucoup ne sont pas ralliés au régime, sans pour autant lui faire d'opposition.
    Son gendre, Mathieu Molé, descendant d'une célèbre famille de parlementaires, dont le père a été guillotiné sous la Terreur, l'a décrit avec quelque ironie. Si l'on ne s'oppose pas au Consulat, on se montre, en revanche, très critique à l'égard de la Révolution et de ses principes. À ce titre, les salons du faubourg Saint-Germain ou du Marais restent des foyers contrerévolutionnaires où se retrouvent souvent les débris de familles décimées par la Terreur.
    L'avènement du Consulat a, en effet, suscité une nouvelle vague d'esprit contrerévolutionnaire qui s'exprime dans la presse et la littérature. Ainsi, le soutien accordé par Lucien Bonaparte au journal Le Mercure, lancé par Fontanes en juin 1800, permet à plusieurs écrivains monarchistes d'exposer leurs idées contrerévolutionnaires.
    Fontanes, issu d'une famille de la noblesse, proche des monarchiens au début de la Révolution, avait connu le sort de bien des nobles émigrés. Rentré en France après la chute de Robespierre, il avait été fructidorisé en 1797 et avait gagné Londres, avant de revenir en France en 1798. Proche d'Élisa Bacciochi dont il devient l'amant, il se lie également avec Lucien Bonaparte qui soutient ses ambitions 98
     
    LA LUITE CONTRE LES OPPOSITIONS
    éditoriales. À la rédaction du Mercure, Fontanes fait naturellement appel à ses amis ou à des hommes qui partagent les mêmes idées, notamment le vicomte de Bonald, Fiévée et surtout Chateaubriand.
    En 1800, Louis de Bonald est surtout connu pour l'ouvrage qu'il a publié en émigration, Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile, dans lequel il fait une véritable apologie de la théocratie. Ce Rouergat de petite noblesse, maire de Millau en 1787, avait été plutôt favorable aux débuts de la Révolution, avant de basculer dans le camp contrerévolutionnaire. Bonaparte ne désespère pas d� le rallier à sa cause. Il lui propose même de rééditer aux frais de l'Etat son ouvrage qu'il a emporté lors de la seconde campagne d'Italie.
    Au même moment, un autre émigré avait

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