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Histoire Romaine

Histoire Romaine

Titel: Histoire Romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Theodor Mommsen
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ses nombreux écrits. Aussitôt de ce vase imparfait,
il s’échappe quelque chose du parfum puissant de la langue, quelque chose de la
piété qu’elle éveille. Avant Cicéron, Rome ne possédait point de grand
prosateur : César, comme Napoléon, n’avait écrit que par accident. Quoi d’étonnant
dès lors si, à défaut du prosateur, on se prend à honorer le génie du parler
latin dans les compositions de l’artisan de style, si les lecteurs de Cicéron, à
l’instar de Cicéron lui-même, se demandent comment il écrit, et non pas quelle
œuvre il a écrite ? L’habitude, les routines d’école achevèrent ce que la
langue avait commencé.
    Toutefois, chez les contemporains de Cicéron, cet étrange
engouement alla moins loin, on le comprend, que chez les hommes de la postérité.
La manière Cicéronienne domina tout un tiers de siècle dans le monde du barreau ;
comme auparavant avait dominé l’école bien inférieure d’Hortensius mais les
meilleurs esprits ; César, entre autres, ne s’en rapprochèrent point, et, dans
la génération, tout ce qui comptait comme talent doué de vie et de sève ouvrit
une opposition décidée contre l’éloquence hermaphrodite et énervée du maître. On
reprochait à Cicéron de ne parler ni simplement ni avec force, ses froids
lazzis, le désordre et l’ambigu de ses divisions, et par dessus tout l’absence
de la flamme, qui seul fait l’orateur. Délaissant les éclectiques de Rhodes, on
voulait remonter aux vrais Athéniens, à Lysias, à Démosthène, introniser enfin
dans Rome l’éloquence forte et mâle. A cette école appartinrent Marcus
Junius Brutus , discoureur grave, mais empesé [1587] (669-712 [ 85-42 av. J.-C.] ), les deux
chefs de parti Marcus Cœlius Rufus (672-706
[ -82/-48 ]), et Gaius Scribonius Curio († 705 [ -49 ]), tous les deux orateurs, pleins
de souffle et d’action ; Calvus, également réputé comme poète, et le
coryphée littéraire de ce jeune cénacle (672-706
[ -82/-48 ]), et enfin le sévère et consciencieux Asinius Pollio [1588] (678-757 [ -76/+4 ]). On ne peut nier que
cette école nouvelle ne fit preuve de plus de goût et de génie qu’il n’y en eut
jamais chez les Hortensiens et les Cicéroniens réunis. Malheureusement les
orages révolutionnaires emportèrent bientôt la jeune et brillante milice, à l’exception
du seul Pollion, et nous ne pouvons pas estimer quels fruits ces beaux germes
eussent pu produire. Le temps, hélas ! leur a manqué. La monarchie
nouvelle n’eut rien de plus pressé que de faire la guerre à la liberté de la
parole, et d’étouffer bientôt après la tribune. Le genre très secondaire du
plaidoyer judiciaire persista, mais la haute éloquence, et la langue de la
tribune ne vivent que de la vie politique ; elles s’éteignirent
nécessairement et s’ensevelirent dans le même tombeau.
    La période césarienne se signale enfin, par un autre
mouvement dans la littérature esthétique, par de nombreuses compositions
artistiques, dont les sciences diverses font le sujet, compositions empruntant
la forme du dialogue à effets de style. Ce genre, on le sait, avait trouvé
grande faveur chez les Grecs, et à Rome même il avait, dans le siècle précédent,
fourni déjà quelques spécimens isolés. C’est Cicéron encore qui, dans ses
écrits nombreux sur la rhétorique et la philosophie, adopta ce cadre et s’efforça
d’y réunir le traité didactique et le livre. Parmi ces écrits, nous nommerons
les principaux : le Dialogue de l’orateur [ De oratore ] rédigé en 699 [ 55
av. J.-C.] , auquel il convient de rattacher le Brutus [ou de claris oratoribus ] ou l’histoire
de l’éloquence romaine (rédigé en 708 [ -46 ]), et quelques, autres dissertations qui le complètent : le Dialogue
politique de l’État [ De republica ]
(écrit en l’an 700 [ -54 ]), avec le traité des Lois [ De legibus ] son pendant (702 [ -52 ]), imitation avouée de celui, de
Platon. Grandes œuvres d’art, incontestablement, mais où les qualités de l’auteur
étant mieux mises en relief, ses défauts ressortent moins. Les écrits sur l’art
oratoire n’atteignent point, il s’en faut, à la rigueur instructive des
principes, à la netteté de conception de la Rhétorique dédiée à Hérennius :
pourtant ils contiennent tout un trésor d’expérience pratique à l’usage de l’avocat,
d’anecdotes variées, également relatives au barreau, le tout relevé par un
exposé

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