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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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désespoir amollissant et qu'elle avait besoin de toute la clarté de son esprit. Si encore Sara avait été laissée auprès d'elle ! Mais Fortépice avait emmené la gitane dans son propre appartement, sans cacher les intentions fort précises qu'elle lui inspirait. Frère Étienne, lui, avait disparu dans une autre direction.
    La fatigue et l'énervement se faisant sentir, Catherine ferma les yeux malgré elle. Tout misérable qu'il était, ce lit invitait au repos et elle se sentait trop lasse pour résister. Elle ferma les yeux, faillit sombrer dans le sommeil mais le bruit de la porte qui s'ouvrait la rappela à la conscience. Elle se redressa. C'était Tranchemer qui entrait, portant un chandelier de fer noir qui éclairait en plein son visage marqué de petite vérole, son nez un peu trop rouge de grand buveur au-dessus d'une bouche en croissant de lune. Sur son autre bras, il portait des vêtements qu'il jeta sur le pied du lit.

    — Tenez, fit-il, c'est pour vous. Le chef vous fait dire que vous n'avez plus besoin de vêtements d'homme pour rester ici. Il vous envoie ce qu'il y a de mieux. Dépêchez-vous de les endosser. Il n'aime pas qu'on tarde.
    — Bien ! soupira Catherine. Allez-vous-en. Je vais me changer...
    — Oh ! mais non, fit l'autre en accentuant son sourire narquois. Je dois m'assurer que vous changez tout de suite, remporter votre défroque de garçon... et au besoin vous assister.
    Le sang aux joues, Catherine sentit la colère lui revenir. Ce rustre prétendait-il la faire déshabiller devant lui ?
    — Je ne me changerai pas tant que vous serez là ! s'écria-t-elle.
    Tranchemer posa son chandelier et s'approcha.
    — Parfait ! fit-il tranquillement. Alors je vais vous assister. Je peux appeler à l'aide, vous savez...
    — Non ! C'est bon, je vais me changer !
    Elle était inquiète, ne sachant à quoi préludait cette étrange exigence.
    Mais la seule idée des mains du bandit sur son corps la révulsait. Elle déplia les vêtements apportés par lui. Il y avait une robe de velours brune, assez mitée mais à peu près propre et une chemise de lin, fine d'ailleurs, et tout à fait propre. Une sorte de surcot de laine épaisse accompagnait le tout.
    — Retournez-vous ! ordonna-t-elle sans grand espoir d'être obéie.
    Et, en fait, Tranchemer resta planté là où il était, la fixant avec un intérêt non dissimulé. Alors, prise d'une brusque rage, elle arracha hâtivement ses vêtements d'homme, plongea dans la chemise qu'elle avait disposée sur le lit avec tant de hâte que la blancheur de son corps ne brilla, aux yeux du bandit, que l'espace d'un éclair. Mais cet éclair suffit sans doute à Tranchemer et lui arracha un soupir à défoncer les murailles.
    — Par les tripes du Pape ! grogna-t-il tristement. Quel dommage qu'on n'ait pas le droit de vous toucher ! Le chef doit être fou de vous avoir préféré votre servante !
    — Où est-elle ? fit Catherine qui achevait de serrer nerveusement les lacets de son corsage.
    Ses mains étaient moites et maladroites. Elle aurait volontiers giflé cet homme qui la regardait béatement. Tranchemer éclata de rire.
    Où voulez-vous qu'elle soit ? Dans le lit de Fortépice, pardi ! II n'aime pas perdre son temps et quand il lui prend envie d'une fille, faut qu'elle y passe, et tout de suite !... Autant vous dire qu'il y en a pour un moment, surtout si le chef est de bonne humeur.

    — Qu'est-ce que son humeur vient faire dans cette histoire ? demanda Catherine d'un ton raide.
    Tranchemer eut un sourire béat qui acheva de porter à son comble l'exaspération de la jeune femme.
    — Dame ! S'il est de bonne humeur, il nous la prêtera quand il se sera bien amusé avec. Les belles femmes, ça ne court pas les routes, par le temps où nous voilà. Par ici, elles sont toutes maigres comme des chats écorchés...
    Alors, une comme elle, c'est une aubaine.
    Le ton bonasse de Tranchemer était juste ce qu'il fallait pour rendre Catherine enragée. Elle vit rouge.
    — Allez me chercher votre Fortépice, hurla-t-elle. Allez me le chercher et tout de suite !
    Tranchemer ouvrit des yeux ronds.
    — Hein ? Le déranger en ce moment ? Jamais de la vie. Je tiens à ma peau, moi !
    D'un bond, Catherine se réfugia vers la fenêtre, qu'elle désigna d'un doigt tremblant de rage.
    — Je me moque de votre peau. Elle ne vaudra pas cher si vous allez dire, tout à l'heure, à ce bandit que je suis morte. Je vous jure que, si vous n'allez pas me le

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