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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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trouvait dans une pièce basse et nue, assise sur une jonchée de paille. Le caveau prenait jour, très haut, par un soupirail, mais n'avait pas trop l'air d'une prison.
    — Votre compagnon ? Il est à côté, sous solide surveillance... Je vous ai mise ici pour que vous repreniez vos sens, tranquille.

    — Où sommes-nous ?
    — Au corps de garde de la porte du Grand-Pont. Les ordres sont que l'on vous y garde à vue jusqu'à la nuit tombée. Ne m'en demandez pas plus...
    Tâchez de dormir...
    Il s'éloignait déjà, lourdement, traînant ses semelles de fer sur les dalles raboteuses. Catherine voulut faire un geste mais ses mains étaient toujours liées. Elle se laissa retomber sur la paille, les larmes aux yeux.
    — Arnaud !... Je voudrais tant le voir !
    — Vous le verrez plus tard. Pour l'instant, c'est interdit.
    Le sergent allait sortir. Elle le rappela :
    — Un moment, je vous prie ! Vous avez été bon pour moi. Pourquoi ?
    Vous êtes anglais, pourtant !
    — Ça vous paraît une raison suffisante pour ne pas avoir pitié d'une pauvre fille ? fit-il avec un sourire triste. C'est que, voyez-vous, j'ai une fille moi aussi. Elle habite avec sa mère, un village du côté d'Exeter... et vous lui ressemblez un peu. Quand on vous a traînée sur la place, tout à l'heure, j'ai cru la voir. Ça m'a fait mal !
    Sans doute ne voulait-il pas en dire davantage car il se hâta de sortir et ferma la porte, très soigneusement, derrière lui. Catherine entendit des bruits de voix, de l'autre côté, mais ne chercha pas à deviner ce qu'elles disaient.
    Elle se sentait trop lasse même pour essayer de comprendre ce qu'elle faisait dans ce corps de garde. Pourquoi ne les avait-on pas ramenés à la prison, pourquoi fallait-il rester là jusqu'à la nuit ? Au surplus, la réponse serait bientôt là. Elle entendit la grosse horloge du beffroi sonner sept coups et ferma les yeux, avide d'un peu de repos.
    Peu à peu, l'ombre envahit sa prison, glissant par l'étroite fenêtre au-delà de laquelle on devinait les bruits du fleuve. Les contours de la pièce devinrent flous puis disparurent. Bientôt, Catherine n'eut plus d'autre éclairage que le rai de lumière jaune passant sous la porte. Elle voulut se lever pour écouter ce qui se disait derrière cette porte où des voix d'hommes parlaient toujours mais elle était attachée au mur. Et, d'ailleurs, la porte ne tarda pas à s'ouvrir.
    Deux archers parurent, encadrant un homme en robe noire et bonnet carré ; un autre suivit et Catherine poussa un cri de terreur en reconnaissant Geoffroy Terrage, le bourreau. Il portait quelque chose de blanc sur le bras.
    L'un des archers libéra Catherine et délia même ses mains puis la força à s'agenouiller, pesant des deux mains sur ses épaules. L'homme noir toussota, tira un parchemin de sa poche et commença à le lire à la lumière qui venait de la porte ouverte.
    « Par ordre du tribunal ecclésiastique de cette ville de Rouen, les nommés Pierre et Catherine Son (c'étaient les faux noms dont s'étaient affublés Arnaud et Catherine), coupables d'intelligence avec la magicienne dite La Pucelle, arse et brûlée ce jour en la place du Vieux-Marché à Rouen, sont condamnés à être noyés en Seine par la main du bourreau jusqu'à ce que mort s'ensuive... »
    Une colère folle souleva brusquement Catherine qui se redressa, prête à sauter au visage de l'homme en noir.
    — Condamnée ? Et qui donc nous a jugés ?... Le document ne me concerne en aucune manière. Je ne suis pas Catherine Son, je suis Catherine de Brazey et mon compagnon est le noble seigneur Arnaud de Montsalvy...
    Si elle avait cru impressionner le juge, elle se trompait. Il poussa un profond soupir de lassitude en regardant le bourreau.
    — Faites votre office, maître Geoffroy... Monseigneur l'évêque nous avait bien prévenus que ces malheureux n'avaient pas tout leur bon sens et que le démon d'orgueil les tourmentait. Elle aussi se prend pour une haute et puissante dame.
    Terrage partit d'un gros rire et jeta l'objet blanc qu'il portait au bras sur Catherine.
    — Mets ça... et vite si tu ne veux pas que je le fasse moi-même.
    C'était une longue chemise blanche. Catherine eut l'impression bizarre, absurde que tout recommençait. Était-elle bien à Rouen ou bien étaient-ce encore les murs d'Orléans qui l'entouraient ? Une fois de plus, elle allait à la mort. Mais aucune révolte ne lui vint. Elle allait mourir, soit... mais elle allait

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