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Il suffit d'un amour

Il suffit d'un amour

Titel: Il suffit d'un amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Garin l'avait reprise par la main. Il la conduisit ainsi jusque devant la cheminée. Son visage demeurait indéchiffrable.
    Le cœur de Catherine battait à se rompre dans sa poitrine. Que voulait-il d'elle ? Pourquoi la faire lever ? Elle n'osait pas poser de questions.
    Quand les doigts de Garin montèrent à son cou, dénouèrent le lien d'or, elle sentit son visage s'empourprer et se hâta de refermer les yeux, serrant bien fort les paupières comme pour s'en faire une barrière protectrice. Le contact des mains disparut. Catherine sentit la soie blanche glisser de ses épaules, s'écrouler mollement autour de ses chevilles. Elle sentit aussi, plus intense, la chaleur du feu sur sa peau nue.
    De longues minutes passèrent ainsi. Des taches rouges éclataient comme des éclairs sous les paupières étroitement fermées de la jeune femme. La brûlure du feu, sur son ventre et sur ses cuisses, devenait intolérable. Garin ne la touchait pas, ne disait rien. Elle ne sentait même plus sa présence. Consciente de sa nudité, malgré ses yeux clos, elle eut un réflexe de pudeur, voulut se cacher de ses bras. Mais un mot bref l'arrêta, lui faisant rouvrir les yeux du même coup.
    — Non !
    Alors, elle le vit. Il était assis dans un haut fauteuil de chêne, à quelques pas d'elle et, le menton dans la main, il la regardait. Son œil unique avait une expression étrange, faite de colère et de désespoir. Si intense pourtant que Catherine détourna la tête. Elle remarqua alors, grandie jusqu'à l'antique voûte de pierre, son ombre noire, émouvante et gracieuse, dessinée avec la précision d'un burin. La honte l'envahit d'être ainsi détaillée par ce regard d'homme. Elle gémit :
    — Par grâce... ce feu me brûle.
    — Alors, écartez-vous un peu.
    Elle obéit, enjamba la soie blanche roulée à terre, s'approcha de lui, inconsciemment provocante, souhaitant éperdument qu'il cessât ce jeu cruel et troublant. La chaleur de l'âtre avait enflammé son corps, y faisant naître d'étranges sensations. Une fois déjà elle avait senti cette houle profonde et mystérieuse, cette griserie bizarre qui lui avait fait tout oublier. Sans bien s'en rendre compte, Catherine allait au-devant de caresses, de baisers que son corps jeune et sain réclamait comme son dû. Mais, assis dans son fauteuil, Garin de Brazey ne bougeait toujours pas. Il la regardait seulement.
    La colère envahit brutalement Catherine, malade de honte. Elle allait se détourner de lui, courir vers le lit pour y chercher refuge dans les rideaux et les couvertures. Il dut sentir cette révolte. Ses doigts se nouèrent, durs comme fer, autour de son poignet, l'obligeant à demeurer près de lui.
    — Vous m'appartenez ! J'ai le droit de faire de vous ce que je veux...
    Sa voix, assourdie, s'enrouait un peu mais la main qui tenait Catherine ne tremblait pas. Il semblait curieusement insensible à la beauté dévoilée de cette femme. Sa main libre monta, s'arrêta au visage détourné, pourpre de honte, puis glissa en une sorte de longue caresse autour d'un sein, le long d'une hanche. Ce n'était pas un geste d'amour mais seulement celui de l'amateur d'art qui éprouve, de la main, le grain serré d'un marbre, la pureté parfaite d'une statue.-Il n'y en eut, d'ailleurs, pas de second, mais, sous les doigts chauds, Catherine avait tressailli. La voix enrouée se fit encore entendre :
    — Un corps de femme peut être la plus belle ou la pire des choses, dit Garin. J'aime que le vôtre ait cette splendeur.
    Cette fois, il s'était levé, lâchait le poignet endolori. Stupéfaite, Catherine, les yeux bien ouverts cette fois, le vit s'éloigner, poser la main sur la porte.
    — Dormez bien ! fit-il calmement.
    Il s'évanouit dans l'ombre aussi silencieusement qu'il était entré.
    Catherine vit sa silhouette noire fondre comme par enchantement.
    Elle resta seule au milieu de la grande chambre, interdite, un peu déçue sans vouloir se l'avouer. L'ombre sur le mur lui rendit le sentiment de sa nudité et elle courut jusqu'au lit dans lequel elle s'engloutit, le cœur fou. Puis, dans le refuge des oreillers de soie et des chaudes couvertures, elle se mit à sangloter sans la moindre logique et sans même savoir pourquoi.
    Quand elle cessa de pleurer, longtemps après, le feu avait baissé et sa migraine de tout à l'heure lui était revenue, plus violente encore. Les yeux rouges et gonflés, la tête brûlante, Catherine s'en alla chercher sa robe de nuit

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