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Il suffit d'un amour

Il suffit d'un amour

Titel: Il suffit d'un amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sourire oblique.
    Le collier retombait maintenant tout à son aise. Le réseau d'or enveloppait totalement les épaules, descendait sur la poitrine dont il cachait en partie la nudité.
    — C'est beaucoup mieux ainsi, fit Garin avec satisfaction. Mais on ne peut guère vous demander de sortir à moitié nue pour donner à cette pièce rare sa pleine valeur... bien qu'elle prenne ainsi un reflet étonnant. Gardez tout de même ce collier, ma chère, ne fût-ce qu'en réparation de cette robe perdue. Je m'excuse grandement, mais, vous le savez, je ne peux supporter les fautes d'esthétique.
    Une longue écharpe de velours, jetée sur la robe déchirée, permit à Catherine de rentrer chez elle sans éveiller les commentaires des domestiques. Dans ses deux mains, elle emportait le collier barbare et tremblait à son tour comme une feuille en regagnant sa chambre où, heureusement, Sara ne se trouvait pas. Cela permit à Catherine de changer rapidement de robe et de jeter dans un coin la toilette abîmée.
    Mais, une fois de plus, elle avait pu constater qu'avec Garin on ne savait jamais de quoi serait fait l'instant suivant.

    Le soir, au souper, il fut très froid, ne lui adressa qu'à peine la parole et uniquement pour des commentaires parfaitement dénués d'intérêt sur le temps qu'il faisait. Après quoi, il mena sa femme jusqu'à sa chambre sans prolonger la veillée, salua correctement et tourna les talons.
    — Pourquoi ne lui demandes-tu pas d'explications, fit Sara tout en aidant sa maîtresse à se dévêtir. Il me semble que ce serait ton droit.
    Je me doutais bien que votre ménage n'était pas tout à fait normal, mais à ce point-là ! Encore vierge après plus d'un mois de mariage !
    Je veux bien que ton mari ait été absent presque tout le temps, mais tout de même...
    — Tu avais deviné quelque chose n'est-ce pas ? Rappelle-toi tes questions au matin de mes épousailles.
    — Je savais que ton époux n'était pas resté longtemps auprès de toi cette nuit-là, mais je croyais que, depuis, il t'avait rejointe plusieurs fois. Comment deviner pareille chose ?
    Après l'incident du collier et le dîner glacial qui avait suivi, Catherine, plus vexée qu'elle ne voulait bien l'admettre n'avait pu retenir sa colère. Dans son dépit de se voir aussi clairement dédaignée, elle avait enfin confessé à Sara la vérité de sa vie conjugale, vérité limitée à si peu de choses. Sur le coup, la tzingara avait eu du mal à s'en remettre. Les poings sur les hanches, elle avait considéré Catherine avec un ahurissement comique.
    — Quoi ? Rien ?... Vraiment rien ?
    Presque rien. La nuit de nos noces, il est venu dans ma chambre et il m'a dévêtue après m'avoir obligée à sortir du lit. Et ensuite, il m'a regardée longtemps, longtemps comme si... comme si j'étais l'une de ces statuettes d'ivoire et d'albâtre qui sont dans sa chambre. Il m'a dit que j'étais très belle... et puis il est parti. Il n'est jamais revenu. Peut-
    être que je lui déplais.
    - Tu es folle ? s'écria Sara avec un regard
    farouche. Lui déplaire ? Mais, malheureuse, regarde- toi dans une glace ! Il n'y a pas un homme au monde qui pourrait te résister si tu voulais t'en donner la peine. Et celui-là n'est pas bâti autrement que les autres. Il a retiré ta chemise, il t'a vue complètement nue... et, là-dessus, il est allé tranquillement se coucher à l'autre bout du château ?

    Mais c'est de la démence ! Il y a là de quoi faire tordre de rire tout le royaume.
    Tout en parlant, Sara secouait la robe qu'elle venait d'ôter à Catherine et l'étendait sur le lit pour la brosser avant de la ranger.
    Catherine la regardait faire d'un air désabusé.
    — Pourquoi ? Il ne fait sans doute que respecter le contrat imposé par le duc ? Il m'a épousée, mais peut-être Philippe a-t-il exigé de Garin qu'il ne me touche pas.
    — Vraiment ? Mais, petite malheureuse, quel homme digne de ce nom accepterait pareil marché sans se déshonorer à ses propres yeux ?
    De plus, comment un seigneur, un prince, s'abaisserait-il à le proposer
    ? Non. De deux choses l'une : ou bien, ce qui est invraisemblable, tu ne plais pas à messire Garin, ou bien ton mari n'est pas un homme.
    Après tout, il ne fréquentait guère les femmes, avant son mariage. On ne lui a connu aucune maîtresse, aucune aventure. Il a fallu un ordre formel pour qu'il prenne une épouse. Peut-être...
    — Peut-être ?
    Peut-être que ses goûts ne vont pas aux femmes.

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