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Il suffit d'un amour

Il suffit d'un amour

Titel: Il suffit d'un amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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turquoises puis les laissa aller, formant une longue et brillante queue de cheval. Visiblement, elle prenait un très grand plaisir à son travail et souriait d'un air mystérieux.
    Quelques minutes plus tard, Catherine, un flambeau à la main, quittait sa chambre. Elle savait par Perrine, envoyée aux nouvelles, que Garin n'avait pas encore regagné son appartement. Il s'attardait chez Abou-al-Khayr à parler médecine... Enveloppée d'une grande mante de taffetas bleu-vert doublée de lièvre gris pâle, ses pieds nus passés dans des mules assorties, la jeune femme se hâtait le long des couloirs. Elle voulait arriver chez Garin avant lui.
    Lorsqu'elle atteignit la grande porte de chêne qui fermait la chambre de son mari, aucune lumière ne filtrait dessous. Elle appuya la main sur le vantail, la porte s'ouvrit révélant l'obscurité de la chambre.
    Levant son flambeau, Catherine fit quelques pas dans la pièce vide puis referma très vite la porte. Tout allait bien...

    Elle en fit le tour, allumant les flambeaux préparés par le valet de chambre à la flamme de sa propre chandelle. .Bientôt, la grande pièce somptueuse se mit à vivre sous les lumières. Le fauteuil d'argent et de cristal brillait comme un joyau mais ce fut le lit qui l'attira.
    Lentement, presque craintivement, elle gravit les deux marches de velours violet, puis resta là, regardant la sévère et fastueuse couche.
    Germain, le valet, avait fait la couverture et elle hésita un instant à se glisser dans les draps de soie violette. Mais, se rappelant les recommandations de Sara, elle préféra demeurer debout là où elle était. D'ailleurs, un pas rapide s'approchait dans la galerie...
    Lorsque Garin ouvrit la porte de sa chambre, la première chose qu'il vit fut Catherine, debout auprès du lit, drapée dans la soie changeante de son manteau, qui le regardait, la tête fièrement levée. Son regard la quitta un instant pour faire le tour de la chambre illuminée, puis revint à elle, sans cacher sa surprise.
    — Que faites-vous ici ?
    Sans répondre, avec seulement un sourire de défi, elle laissa le manteau glisser à ses pieds et apparut, vêtue seulement du collier d'or et de turquoise qu'il lui avait donné quelques heures plus tôt. Sa fine silhouette se détachait nettement sur le fond sombre du lit avec l'auréole dorée de ses cheveux relevés qui ne cachaient rien de son long cou flexible, pareille à quelque déesse barbare.
    Garin verdit, vacilla comme si une flèche l'avait frappé et s'appuya au mur, fermant les yeux.
    — Allez-vous-en... balbutia-t-il d'une voix rauque. Partez... tout de suite !
    — Non !
    Cette fois, il ne parvenait ni à cacher son trouble profond, ni à retrouver le contrôle de lui-même.
    Catherine, déjà triomphante, perçut le désarroi de cet homme, toujours si maître de lui et en oublia toute pudeur. Sans faire le moindre bruit, sur ses pieds nus, elle s'avança vers lui, souriante, irrésistible.
    — Non, je ne partirai pas, répéta-t-elle. Je resterai ici parce que c'est ma place, parce que je suis votre femme. Voyons, Garin, osez donc me regarder ! Avez- vous tellement peur de moi ?
    Sans ouvrir les yeux, il murmura :

    — Oui ! j'ai peur de vous... N'avez-vous donc pas compris que je ne peux vous toucher, que je n'en ai pas le droit ! Pourquoi dès lors m'imposer cette tentation à laquelle je ne peux succomber. Allez-vous-en Catherine, je vous en supplie.
    Mais, au lieu de lui obéir, elle vint tout contre lui, glissa ses bras autour de son cou malgré lui, colla son corps au sien, l'enveloppant de son parfum, approchant ses lèvres du visage blême de l'homme. Garin, les yeux clos, avait l'air d'un martyr cloué au poteau de supplice.
    — Je ne partirai pas avant que vous n'ayez fait de moi votre femme, comme tout vous en donne le droit. Je me moque des ordres de Philippe. Ils sont impies, hors nature et je les refuse. Je suis votre femme et s'il me veut, il devra se contenter de ce que vous m'aurez faite. Regardez-moi, Garin.
    Elle l'entendit gémir sourdement et il tenta faiblement de l'écarter, mais ne put se retenir d'ouvrir les yeux. Il vit alors, tout près du sien, le ravissant visage tentateur, les lèvres offertes, les beaux yeux humides et prometteurs. Contre lui, il sentait chaque forme du corps jeune et souple. La déesse d'or de tout à l'heure, qu'il avait crue un moment sortie de son imagination, était venue à lui, s'offrait à lui, intolérablement désirable. Il

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