Indomptable
s’était avancé pour empêcher la main
de Meg de frapper l’autre joue de Dominic. Même s’il
n’aimait pas voir son frère impuissant roué de coups,
il n’avait pas de meilleure idée pour le pousser à se réveiller.
— Dominic, dit-elle bruyamment en le frappant à nou-
veau. Écoutez-moi. Il faut vous réveiller ! Simon a le dos au
mur ! Il a besoin de vous !
Pendant un instant, Meg crut que Dominic avait
répondu, mais le mouvement qu’il fit fut trop léger pour en
avoir la certitude. Les larmes coulant le long de son visage,
elle leva la main et le frappa à nouveau bruyamment.
— Seigneur ! Votre frère est blessé ! Le château est
assiégé ! Réveillez-vous maintenant ou vous n’aurez jamais
de fils !
La main de Dominic tressauta comme pour attraper une
épée, mais après cet unique mouvement vain, il demeura
immobile. Retenant son souffle, Meg attendit un autre
signe.
Il n’y en eut aucun.
— Cela ne sert à rien, murmura-t-elle. Sa conscience
est trop profondément enfouie pour que de simples paroles
ne puissent l’atteindre.
Simon cracha une phrase blasphématoire.
— Vite, ordonna Meg sans lâcher Dominic du regard.
Relevez-le de façon à ce qu’il puisse boire.
Simon redressa son frère en position assise. Meg tint le
bol devant ses lèvres et l’inclina. Du liquide coula depuis les
coins de sa bouche. Sa tête roula sur le côté, gaspillant
davantage le précieux médicament. Désespérément, Meg
essaya encore, sans réussite. Le bol métallique claqua contre
les dents de Dominic.
292
INDOMPTABLE
— Arrêtez, dit Simon d’une voix rauque en recouchant
son frère sur le lit. Il est aussi mou qu’une anguille morte.
Meg ne prit pas la peine de répondre. Elle passa le doigt
entre les lèvres de Dominic, le glissa le long de ses dents
jusqu’au coin de sa bouche, et de là jusqu’à ses molaires
comme si elle voulait forcer un cheval à accepter un mors.
La bouche de Dominic s’ouvrit légèrement. Meg y versa
un peu de potion, mais il en coula une plus grande quantité
du coin de sa bouche que la quantité qui passa derrière ses
dents.
— Il a avalé, dit Simon avec enthousiasme.
— Oui, mais une trop grande quantité est gaspillée. Je
n’en ai pas suffisamment pour lui faire du bien si nous en
perdons autant chaque fois.
— Combien de temps cela prendra-t-il pour en fabri-
quer davantage ?
— Quinze jours. Les plantes doivent pousser. J’ai uni-
quement laissé assez de feuilles pour que les racines restent
viables.
— Bon sang, siffla Simon. En êtes-vous certaine ?
La seule réponse de Meg fut le lent scintillement inin-
terrompu de ses larmes sur ses joues. Sous son calme appa-
rent, la certitude que le château de Blackthorne vivrait ou
mourrait avec Dominic rongeait son âme comme de l’acide.
« La guerre à nouveau. Pourtant, Dieu a promis à
l’homme qu’il y avait un temps pour chaque chose sur terre.
Nous avons connu le temps de la haine, des cultures pillées,
des combats, de la maladie et de la mort.
» Il doit certainement y avoir un temps pour la récolte,
pour les bébés, pour l’amour et le renouveau, pour la paix. »
293
ELIZABETH LOWELL
Davantage de médicament s’écoula dans la bouche de
Dominic… et coula hors de sa bouche.
Avec un juron, Simon enleva ses gants, les jeta par terre
et commença à faire les cent pas comme un loup en cage.
— Réfléchissez, dit-il urgemment. Il doit y avoir un
moyen pour le lui faire ingurgiter. Une cuillère ?
— Envoyez quelqu’un en chercher, répondit Meg.
Mais il n’y avait pas de réel espoir dans sa voix. Dominic
avait besoin de plus de médicament, et plus rapidement
que ce qui pourrait être versé avec une cuillère. Soudain,
elle se souvint d’une autre façon de recevoir — et de
donner — du liquide.
« Petit faucon. Buvez de mes lèvres. »
Un frisson parcourut la peau de Meg. Le médicament
couleur ambre était puissant. Même le mettre dans sa
bouche était un terrible risque. Si elle en avalait, elle mour-
rait certainement.
Et Dominic mourrait certainement si rien n’était fait.
Rapidement.
— Restez avec moi, Simon, ordonna-t-elle.
Étonné, il s’avança vers elle.
— Aidez-moi à relever Dominic juste un peu, dit-elle.
Avec l’aide de Simon, Meg glissa un bras sous la tête et
les épaules de Dominic. La fraîcheur de sa chevelure glissa
le long de son poignet, et sa tête se cala
Weitere Kostenlose Bücher