Indomptable
je lui donne le mauvais médica-
ment, il mourra certainement. Si je lui donne le bon médi-
cament, il pourrait tout de même mourir. Quand vous
êtes-vous rendu compte qu’il ne se sentait pas bien ?
Simon se tourna pour faire face à Meg. Il eut le souffle
coupé. Ce n’étaient pas les paroles de Meg qui l’avaient sur-
pris ; c’étaient ses larmes lentes et silencieuses qui coulaient
le long de ses joues.
— Lorsqu’il est sorti de la maison de Harry, répondit
simplement Simon. Dominic a dit que la lumière était aussi
vive qu’à Jérusalem, mais ce n’était pas le cas. Elle était la
même que lorsque nous sommes entrés dans la maison.
Meg pinça les lèvres, mais ne dit pas un mot, elle écou-
tait simplement comme si la vie de Dominic en dépendait.
— Ensuite, il a trébuché et a commencé à parler comme
s’il était ivre, poursuivit Simon.
D’un geste sec de la main, Meg écarta cette possibilité.
Elle connaissait suffisamment Dominic pour savoir qu’il
n’abandonnerait jamais sa maîtrise de soi dans la bière.
— Il a titubé, s’est redressé et il serait tombé si je ne
l’avais pas rattrapé, dit Simon. Ses yeux paraissaient vrai-
ment bizarres.
— Comment cela ? demanda vivement Meg.
— Leur centre était tellement dilaté que ses yeux sem-
blaient aussi sombres que les miens.
289
ELIZABETH LOWELL
— A-t-il bu ou mangé quoi que ce soit en votre
présence ?
— De la nourriture ? Non. Il a mangé avec vous. Nous
avons bu une chope de bière.
Simon grimaça tandis qu’il se souvenait de son goût.
— C’était une bière amère.
— Avez-vous partagé la même chope ?
— Non.
— Que s’est-il passé ensuite ?
— Dominic a dit qu’il allait voir son petit faucon pour
faire passer le goût amer dans sa bouche. Mais quand il est
arrivé dans votre chambre, vous étiez partie.
— Vous avez dit que votre bière était également amère ?
— Oui.
— Mais vous n’avez pas ressenti de vertige ou de
léthargie, ni de besoin de protéger vos yeux de la lumière ?
— Je suis fatigué et quelque peu lent depuis le léger
entraînement avec l’épée et le bouclier. Et…
Simon fronça les sourcils.
— C’est étrange, mais mes côtes ne sont pas doulou-
reuses alors que ce devrait être le cas. C’est plutôt agréable,
en fait.
Meg ferma les yeux à cause de la frayeur qui serrait son
cœur. Il y avait assez de potion dans la bouteille qui avait
disparu pour tuer de nombreux chevaliers. Apparemment,
Simon n’en avait pas bu suffisamment pour être en danger.
La même chose ne pouvait être dite de Dominic.
— Envoyez quelqu’un rapidement à la garnison, dit
Meg. Voyez si d’autres chevaliers sont malades. Je crains
que la bière ait été empoisonnée.
290
INDOMPTABLE
Simon passa sa tête par la porte. L’écuyer de Dominic
n’avait pas quitté la place à laquelle il s’était installé après
avoir été éjecté de la chambre. Jameson était assis à terre au
bout du couloir, la tête dans les mains, la peur lisible sur
son jeune visage.
Alors que Simon donnait des ordres saccadés, Meg prit
l’antidote dans son panier, ôta le bouchon de la bouteille et
versa une maigre quantité dans un récipient d’eau qui se
trouvait près du lit de Dominic. Au moment de reposer le
bouchon sur la bouteille, elle hésita. Son époux était d’une
stature hors du commun. Elle ajouta quelques gouttes sup-
plémentaires de la potion de couleur ambre clair, et encore
quelques-unes après cela, avant de replacer le récipient sur
la table et de se concentrer sur l’homme qui reposait si cal-
mement sur le lit.
— Dominic, dit Meg d’une voix claire et autoritaire.
Levez-vous. Votre frère est en danger !
Il n’y eut pas de réponse de la part de Dominic. Il repo-
sait pâle et immobile, son souffle lent et court.
— Suis-je en danger ? demanda calmement Simon der-
rière elle.
— Non. Mais de tout ce que Dominic affectionne, vous
êtes celui qu’il chérit le plus. S’il doit exister un danger
capable de le faire se lever, ce serait un danger vous
menaçant.
Simon fut trop surpris de la perspicacité de Meg pour
répondre. Il l’observa simplement s’incliner au-dessus de
son frère et le secouer sans résultat.
Sans prévenir, sa main se leva. Le bruit de la gifle res-
sembla au claquement de la foudre dans la chambre. Simon
291
ELIZABETH LOWELL
se retint même s’il
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