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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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jeune femme, coulant sa joue satinée contre celle de Georges :
—Vous m'en voulez donc terriblement, messire !
Elle savait bien ce qu'elle faisait, la câline.
    Professeur à nul autre pareil que l'amour. Par sa vertu, le vieillard retrouve la jeunesse, le jeune acquiert l'expérience de la maturité. Finesse, vaillance, beauté, vérité, mais aussi hypocrisie, lâcheté, laideur, mensonge, il enseigne tout, il donne toutes les qualités ; tous les vices. En quelques leçons, ses élèves les plus naïfs sont maîtres passés.
Un double baiser fut le scel de paix. Mais le charme était rompu. Une sorte de bise avait, comme un vent coulis, soufflé sur cette torride atmosphère d'amour. Vainement, Constance employa-t-elle son arsenal de minauderies et de cajoleries féminines ; vainement, Georges lui-même essaya-t-il de chasser de son esprit le ressentiment qui l'assiégeait ; leurs efforts, à tous deux, n'aboutirent qu'à aviver le froid qui s'était élève entre leurs coeurs.
Enfin, ayant convenu de se revoir le jeudi de la semaine suivante, ils se séparèrent ; lui sourdement irrité contre elle ; elle, froissée, point satisfaite de lui.
Sans se servir de l'échelle, que Constance avait retirée dès qu'il avait été entré dans sa chambre, Georges sauta par la fenêtre.
Comme il tombait légèrement à terre, sur les pieds, des pas résonnèrent près du pont-levis du château. Le ciel s'était un peu éclairci. Si Georges fût resté là quelques secondes, il eût pu apercevoir deux hommes qui s'avançaient sur la petite place et entendre ce juron énergique :
—Terr i ben !
Mais Georges avait aussitôt disparu par une ruelle qui longeait le rempart.
Nous avons déjà dit que ces événements se passaient dans la nuit des 4-5 septembre 1534.

CHAPITRE VII.
    En ce temps-là, au coin de la rue des Petits-Degrés et de la rue des Cordiers, il y avait, à Saint-Malo, une hôtellerie fort achalandée parmi les «pillottes, maistres, mariniers et compaignons de nefs.»
A une tige de fer, établie en potence au-dessus du rez-de-chaussée, se balançait l'enseigne ci-dessus, conservant des vestiges d'une enluminure jadis brillante, et dont les inscriptions, fraîchement refaites, n'avaient pas effacé tout à fait, sous leur couche de rouge sanglant, la teinte jaunâtre des lettres qu'elles avaient remplacées.
La représentation de «Monsieur saint Anthoine,» placé immédiatement sous l'annonce, pouvait, au besoin, figurer un moine quelconque. Mais l'esprit le mieux prévenu eût, avec la meilleure volonté du monde, hésité à ranger parmi les membres de la race porcine l'animal dont le saint personnage était flanqué.
Comme si cette plaque de tôle et ces indications eussent été insuffisantes pour attirer l'attention publique, une grosse touffe de gui était encore fixée à l'extrémité d'une perche horizontale, assujettie elle-même à la poutre angulaire du pignon.
La maison avait une seule entrée : cette entrée sur la rue des Petits-Degrés. Des châssis de toile écrue tamisaient la lumière à l'intérieur. Car, à cette époque, en Bretagne, comme dans beaucoup d'autres provinces françaises, il n'y avait que les habitations des riches et les monuments religieux ou civils qui se permissent le luxe des fenêtres à carreaux de verre.
L'hôtellerie comptait trois étages et un rez-de-chaussée. Les surplombs des trois étages allaient en augmentant. De sorte que le troisième touchait presque la façade de la maison qui lui faisait vis à vis de l'autre côté de la rue.
    De sorte encore que, du dernier étage de l'auberge, on pouvait aisément donner la main à une personne qui se serait trouvée au dernier étage de cette maison, laquelle était celle d'un cordier : métier en mauvaise odeur de réputation dans toute la Bretagne, exercé le plus souvent alors par les cacoux, c'est-à-dire les juifs, les excommuniés, les gens mal famés.
Une halle unique embrassait le rez-de-chaussée. Elle était vaste, peu close, mais chauffée en toutes saisons par une cyclopéenne cheminée, aux profondes embrasures, et au manteau tout enjolivé de dessins faits avec des oeufs d'oiseaux de mer. Pour meubles, des tables et des bancs, des bancs et des tables. Le tout grossièrement équarri, et reposant sur une aire inégale. Bossue ici, trouée là, formant hauts-fonds, chargée d'immondices, en dix places, bas-fonds, remplis d'eau graisseuse, nauséabonde, eu dix autres. J'oubliais

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