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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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alité. Mais vous avez oublié de me dire deux choses, Georges : pourquoi l'attaque, et comment vous avez échappé aux assaillants ?
En posant ces points d'interrogation, la voix de la jeune fille ne tremblait pas. Elle était nette ; précise, scandée presque. Et, dans la pénombre, les regards de Constance cherchaient avidement ceux de Georges.
—L'attaque, répondit-il, avec hésitation, mais ne vous l'ai-je pas dit ? Ne vous a-t-on pas conté que les gardes de la ville ?...
—Ils guettaient les Tondeurs ; je sais !
—Eh bien ?
—Eh bien, dit-elle hardiment, vous êtes leur chef !
—Moi !
—Ne niez pas, Georges. Je suis certaine de ce que j'avance. Vous êtes le chef des Tondeurs, de ces brigands...
—Mais, Constance...
—Rassurez-vous, je ne vous en aime pas moins.
    Qui sait ? ajouta-t-elle d'un ton rêveur, peut-être vous en aimé-je plus !
—Quoi ! il serait vrai ! s'écria le jeune homme, en se glissant à ses genoux.
Tendrement, Constance lui prit la tête entre ses mains, et lui mit un baiser au front.
Sous cette caresse, Georges frissonna. Il se retourna à demi. Ses bras amoureux s'ouvrirent pour nouer une ceinture à la taille de la jeune fille. Mais d'un bond de panthère, évitant son étreinte, elle fut dans les ténèbres qui envahissaient le reste de la chambre.
Enflammé par les désirs, il fit mine de la suivre.
—Arrêtez, Georges ! arrêtez ! commanda impérieusement Constance.
Puis, d'une voix radoucie :
—Ne m'avez-vous pas promis d'avoir des égards pour ma faiblesse ? Je vous en conjure, retournez à votre place, et laissez-moi achever ce que j'ai à vous dire. Le veux-tu, ami ? Là, soumets-toi à ma volonté, ce soir encore... Bientôt je serai tienne, ton épouse, ton esclave, tes ordres seront les miens ; je ne penserai, je n'agirai plus que par toi ; mais, à présent, écoute-moi, sans m'interrompre, jusqu'à la fin.
Cette prière avait été chantée avec une onctuosité d'un effet irrésistible. Georges se jeta sur son escabeau ; par un mouvement plein de grâce féline, Constance s'accroupit à ses pieds.
Il y eut un moment de silence, troublé seulement par les battements précipités de leurs coeurs.
La jeune fille reprit, en inclinant mollement sa tête sur les genoux du jeune homme :
—J'avais deviné, Georges, que vous étiez le chef des Tondeurs.
    Loin de le trouver mauvais, j'en suis heureuse... oui, heureuse ! Je vous admire et je vous aime, car j'aime tout ce qui est puissant, tout ce qui est fort, tout ce qui domine ! Fi de ces esprits médiocres qui se traînent platement dans l'ornière commune ! La vie n'est belle qu'agitée par les grandes émotions. Commander aux hommes et commander aux circonstances, les orages, là lutte, voilà mon rêve ! C'est ce rêve, ô bien-aimé, que tu réalises ! C'est sa réalisation qui me fait t'aimer ; c'est elle qui m'a entraînée vers toi ! C'est elle qui, jusqu'à mûri dernier souffle, m'attachera à ta fortune ! Oui, fais tout trembler autour de toi ; ébranle la terre et le ciel ! Que, semblable à la voix du canon, le bruit de ton nom sème partout le respect ou l'épouvante, et mon amour montera à la hauteur de ta renommée !
Bien des femmes sans doute t'ont déjà comblé de leurs tendresses ! Mais aucune ne t'a aimé comme je t'aime, comme je ne cesserai de t'aimer. Et fussé-je réservée à subir le sort de la pauvre Maharite, je me croirais trop payée d'avoir su un jour, une heure, une minute fixer tes regards sur moi !
—Maharite ! s'écria Georges, mais qui vous a dit ?...
—Qu'est-ce que cela te fait ? Tu étais libre alors. Elle a été ta maîtresse, elle ne peut l'être désormais. Je ne suis pas jalouse, va ! car si je l'étais !...
Et, frémissante d'exaltation, Constance se dressa debout, comme mue par un ressort.
—Et si tu étais jalouse ? demanda en souriant le jeune homme, étonné et ravi tout à la fois par cette éruption de passion farouche.
—Si j'étais jalouse ! repartit lentement la délicate créature, dont les dents crissèrent ; si j'étais jalouse !...
    Oh ! non, non ! non, Georges ! ne parle pas de cela !... N'en parle pas... Non, non...
Son agitation atteignit tout d'un coup à un tel paroxysme, que Georges en eut peur.
—Rassure-toi, dit-il, avec des inflexions caressantes, rassure-toi, chère adorée, si mon esprit a eu quelques échappées, jamais mon coeur ne s'est donné qu'à toi, à toi seule, entends-tu ? Il n'a

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