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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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avenue. Tantôt ce sentier devenait entièrement obscur à cause des branches touffues des arbres qui s’entrelaçaient au-dessus de leurs têtes, et tantôt une lumière incertaine et trompeuse des rayons de la lune les éclairait par quelques trouées que la hache avait faites dans le bois. Le passage était coupé à chaque instant par des arbres abattus, ou par de grosses branches qu’on laissait éparses jusqu’à ce qu’on eût le temps de les rassembler pour les besoins journaliers du foyer.
    Les difficultés et les interruptions qu’éprouvait leur marche, la fatigue et les sensations pénibles de l’espérance et de la crainte, épuisèrent tellement les forces de la comtesse, que Jeannette fut forcée de lui proposer de s’arrêter quelques minutes pour reprendre haleine. Toutes deux s’assirent sous un vieux chêne, et tournèrent naturellement leurs regards vers le château qu’elles laissaient derrière elles. Sa large façade se distinguait malgré l’obscurité et la distance ; ses groupes de cheminées, ses tours et son horloge s’élevaient au-dessus des toits et se dessinaient sur l’azur foncé du ciel. Une seule lumière y brillait au milieu des ténèbres ; elle était placée si bas qu’elle paraissait plutôt venir de la terrasse située devant le château que d’une des fenêtres. L’effroi s’empara de la comtesse. – Ils nous poursuivent, dit-elle en montrant à Jeannette la clarté qui causait ses alarmes.
    Moins agitée que sa maîtresse, Jeannette s’aperçut que la lumière était immobile, et apprit à la comtesse que cette clarté venait du souterrain dans lequel l’alchimiste faisait ses expériences secrètes. – Il est, ajouta-t-elle, du nombre de ceux qui se lèvent et veillent la nuit pour commettre l’iniquité. Quel malheur qu’un funeste hasard ait amené ici un homme qui, dans tous ses discours, mêlant l’espérance des trésors de la terre à des idées d’une science surnaturelle, réunit tout ce qu’il faut pour séduire mon pauvre père ! Le bon M. Holdforth avait bien raison de dire, et je pense qu’il avait dessein que quelques personnes de notre maison y trouvassent une leçon utile : – Il y a des gens qui préféreront, comme le méchant Achab, prêter l’oreille aux songes du prophète Zédéchias, au lieu d’écouter les paroles de ceux par qui le Seigneur a parlé. – Il insistait sur ce point, en ajoutant : – Hélas ! mes frères, il y a parmi vous plusieurs Zédéchias, des hommes qui vous promettent les lumières de leur science charnelle, si vous voulez abandonner la raison qui vous vient du ciel. En quoi valent-ils mieux que le tyran Naas, qui demandait l’œil droit de tous ceux qui lui étaient soumis ?…
    On ne sait jusqu’à quel point la mémoire de la jolie puritaine aurait pu l’assister dans la récapitulation du discours de M. Holdforth ; mais la comtesse l’interrompit pour l’assurer qu’elle sentait si bien le retour de ses forces qu’elle était sûre de pouvoir arriver à la porte du parc sans être obligée de s’arrêter de nouveau.
    Elles se remirent donc en route, et firent la seconde partie du trajet avec plus de confiance et de courage, avec plus de facilité par conséquent que la première, où elles avaient trop précipité leurs pas. Cette lenteur leur donna le temps de la réflexion, et Jeannette, pour la première fois, se hasarda à demander à sa maîtresse de quel côté elle comptait diriger ses pas. Ne recevant pas de réponse immédiate, car, peut-être, dans la confusion de ses idées, cet important sujet de délibération ne s’était pas présenté à la comtesse, Jeannette ajouta : – Probablement vers la maison de votre père, où vous êtes assurée de trouver aide et protection.
    – Non, Jeannette, dit la comtesse tristement ; j’ai laissé le château de Lidcote avec un cœur tranquille et un nom honorable ; je n’y retournerai que lorsque la permission de mon époux et la publication de notre mariage me rendront à ma famille et aux lieux où j’ai pris naissance, avec tous les honneurs et toutes les distinctions dont il m’a comblée.
    – Et où irez-vous donc, madame ? dit Jeannette.
    – À Kenilworth, ma fille, répondit la comtesse hardiment ; j’irai voir ces fêtes, ces magnificences royales, dont les préparatifs font tant de bruit. Il me semble que, lorsque la reine d’Angleterre est fêtée dans le château de mon mari, la comtesse de

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