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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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brise d’été, s’échappe de la prison d’une informe chrysalide.
    – Maître Holdforth n’a pas parlé de cette version, dit Foster d’un air de doute ; et d’ailleurs, docteur Alasco, l’Écriture nous apprend que l’or et les pierres précieuses de la cité sainte ne sont aucunement pour ceux qui commettent l’abomination ou qui fabriquent le mensonge.
    – Eh bien, mon fils, dit le docteur, que concluez-vous de tout cela ?
    – Que ceux qui distillent des poisons ou qui les administrent secrètement ne peuvent avoir part à ces ineffables richesses, répondit Foster.
    – Il faut distinguer, mon fils, reprit l’alchimiste, entre ce qui est nécessairement mal dans ses moyens et dans sa fin, et ce qui, quoique injuste, peut néanmoins produire du bien. Si la mort d’un individu peut rapprocher de nous l’heureuse époque où il suffira, pour obtenir le bien, de désirer sa présence, et, pour repousser le mal, de désirer son éloignement ; l’heureuse époque où la maladie, les souffrances, le chagrin, obéiront en esclaves à la science humaine, et fuiront au moindre signe d’un sage, où tout ce qu’il y a maintenant de plus précieux et de plus rare sera à la portée de tous ceux qui écouteront la voix de la sagesse, où l’art de guérir sera complètement remplacé par le remède universel, où les sages deviendront les monarques de la terre, et où la mort elle-même reculera devant leur pouvoir ; si, dis-je, cette consommation divine de toutes choses peut être hâtée par un accident aussi peu important que la perte d’un faible corps terrestre qui, devant nécessairement subir la loi commune, sera déposé dans le tombeau quelques instans plus tôt que ne l’auraient ordonné les lois de la nature, qu’est-ce qu’un pareil sacrifice, je le répète, pour accélérer le saint millénaire {102}  ?
    – Le millénaire est le règne des saints, dit Foster toujours avec un air de doute.
    – Dis que c’est le règne des sages, mon fils, répondit Alasco, ou plutôt le règne de la sagesse même.
    – J’ai touché cette question avec maître Holdforth, dans la dernière conférence, dit Foster ; et il soutient que votre doctrine est hétérodoxe, et votre explication fausse et diabolique.
    – Il est dans les liens de l’ignorance, mon fils, répondit Alasco ; il n’en est encore qu’à brûler des briques en Égypte, ou tout au plus à errer dans l’aride désert de Sinaï. Tu as mal fait de parler de pareilles choses à un tel homme ; cependant je te donnerai bientôt une preuve que je défierai ce théologien chagrin de réfuter, quand même il lutterait contre moi comme des magiciens luttèrent contre Moïse devant le roi Pharaon. J’opérerai la projection en ta présence, mon fils, oui, en ta présence ; et tes yeux seront témoins de la vérité.
    – Insiste là-dessus ! savant philosophe, dit Varney, qui entra dans ce moment. Il peut récuser le témoignage de ta bouche ; mais comment niera-t-il celui de ses propres yeux ?
    – Varney, dit le chimiste, Varney, déjà revenu ! As-tu… Il s’arrêta court.
    – As-tu exécuté ta commission ? veux-tu dire, reprit Varney. Oui. Et toi, ajouta-t-il, montrant plus d’émotion qu’il ne l’avait encore fait, es-tu sûr de n’avoir rien versé de plus ou de moins que la mesure exacte ?
    – Oui, répliqua Alasco, aussi sûr qu’un homme peut l’être dans des proportions aussi délicates, car il y a des constitutions différentes.
    – Alors, dit Varney, je suis tranquille ; je sais que tu ne ferais pas un pas de plus vers le diable que ton salaire ne t’y oblige. Tu as été payé pour une maladie, et tu regarderais comme une prodigalité insensée de commettre un meurtre pour le même prix. Allons, retirons-nous chacun dans notre appartement ; nous verrons demain le résultat.
    – Que lui as-tu fait pour la forcer à t’obéir ? dit Foster en frémissant.
    – Rien, répondit Varney ; j’ai seulement fixé sur elle ce regard qui dompte les insensés, les femmes et les enfans. On m’a dit dans l’hôpital Saint-Luc {103} que j’avais justement le regard qu’il fallait pour soumettre un malade rebelle. Les gardiens m’en firent compliment ; ainsi je sais comment gagner mon pain quand ma faveur à la cour viendra à me fuir.
    – Et ne crains-tu pas, dit Foster, que la dose soit trop forte ?
    – Si cela est, dit Varney, son sommeil n’en sera que plus profond, et cette

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