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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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quel rapport a tout cela avec un cheval déferré ?
    –  Festina lentè . Nous y viendrons dans un instant. Il faut que vous sachiez qu’il y a deux ou trois ans il vint dans ces environs un homme qui se donnait le nom de docteur Doboobie, quoiqu’il n’eût peut-être jamais été seulement magister artium {48} , à moins que ce ne fût par la grâce d’un ventre affamé ; ou, s’il avait quelques degrés dans les sciences, le diable les lui avait donnés, car c’était un homme rusé et qui pratiquait ce que le vulgaire appelle la magie blanche. Je m’aperçois, monsieur, que vous vous impatientez ; vous devenez impatiens morœ  : mais si un homme ne conte pas son histoire à sa manière, quelle garantie avez-vous qu’il puisse la conter à la vôtre ?
    – Eh bien donc, mon savant monsieur, répondit Tressilian, contez à votre manière, mais un peu plus vite, s’il vous plaît, car mon temps est court.
    – En ce cas, monsieur, reprit Érasme Holyday avec une persévérance vraiment désespérante, je ne vous dirai pas que ce Démétrius, car c’était le nom qu’il se donnait en pays étranger, fût précisément un magicien ; mais il est certain qu’il se disait initié à l’ordre mystique des Rose-Croix, un disciple de Geber, ex nomine cujus venit verbum, vernaculum gabeur {49} . Il guérissait les blessures en mettant son onguent sur l’instrument qui les avait faites ; disait la bonne fortune par le moyen de la chiromancie ; n’avait besoin que d’un crible pour découvrir les choses volées ; savait recueillir la graine de fougère mâle qui rend invisible ; prétendait être sur le point de trouver la panacée ou élixir universel, et savait convertir le plomb en mauvais argent.
    – En d’autres termes, dit Tressilian, c’était un charlatan et un imposteur. Mais qu’est-ce que tout cela a de commun avec mon cheval et le fer qui lui manque ?
    – Avec de la patience vous le saurez tout à l’heure, répondit le savant diffus. Patientia donc, lequel mot, suivant Tullius Cicéron, signifie difficilium rerum diurna perpessio {50} . Or donc ledit Démétrius Doboobie, après avoir ébloui le peuple, commença à briller inter magnates , parmi les grands, et il est vraisemblable qu’il aurait atteint une véritable grandeur, si, d’après un bruit vulgaire dont je ne puis garantir la certitude, le diable ne fût venu un jour réclamer son bien, et n’eût emporté Démétrius, dont on n’entendit jamais parler depuis ce temps. Maintenant voici la medulla , la véritable moelle, la crème de mon histoire. Ce docteur Doboobie avait un domestique, un pauvre diable, qu’il employait à allumer ses fourneaux, à mesurer ses drogues, à en faire la mixtion, à tracer ses cercles, à cajoler ses pratiques, et sic de cœteris . Eh bien ! le docteur ayant disparu d’une manière qui remplit de terreur tout le pays, ce bouffon secondaire s’imagina de s’écrier avec notre ami Virgile Maron :
    … Uno avulso, non deficit alter {51} .
    Et de même que le commis d’un marchand s’établit dans la boutique de son maître après la mort de celui-ci, ou quand il s’est retiré du commerce, ainsi Wayland prit le dangereux métier du docteur qu’il avait servi. Mais quoique le monde soit toujours porté à ajouter foi aux discours à prétention des gens qui, prenant le titre de docteur en médecine, et en affichant la science, ne sont au fond que des saltimbanques et des charlatans, ce pauvre Wayland n’était pas en état de jeter ainsi de la poudre aux yeux, et il n’y avait pas un paysan qui ne lui adressât ces deux vers de Perse, quoique travestis dans son langage grossier :
    Diluis helleborum, certo compescere puncto,
    Nescius examen ? Vetat hoc natura medendi.
    Voici, monsieur, la modeste paraphrase que j’ai faite moi-même de ces vers :
    Toi qui veux aujourd’hui préparer l’ellébore,
    En connais-tu la dose, et le dieu d’Épidaure
    T’a-t-il jamais appris, dis-moi, son art divin ?
    – Non. – Eh bien, laisse faire alors le médecin.
    D’ailleurs, monsieur, le mauvais renom du maître, sa fin étrange et suspecte, ou du moins sa disparition soudaine, faisaient que personne, si ce n’est gens ne craignant rien ni en ce monde ni en l’autre, personne n’allait demander des avis à son successeur. Il serait probablement mort de faim si le diable, qui le sert depuis la mort, l’enlèvement ou le départ du docteur, ne lui eût inspiré un nouveau

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