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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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regarde comme une faveur que Dieu m’accorde pour me guérir de ma maladie par des moyens inattendus. S’il ne réussit pas, rappelez-moi au souvenir de ma noble maîtresse, et dites-lui que je suis mort comme j’ai vécu, son fidèle serviteur. Je souhaite que tous ceux qui entourent son trône aient la même pureté de cœur, et la servent avec plus de talent que Thomas Ratcliffe.
    Il croisa ses bras sur sa poitrine, et sembla se recueillir un instant. Prenant alors la potion des mains de Wayland, il fixa sur lui des yeux qui semblaient vouloir lire jusqu’au fond de son âme ; mais il n’aperçut sur son visage ni trouble ni inquiétude.
    – Il n’y a rien à craindre, dit-il à Tressilian ; et il avala le breuvage sans hésiter.
    – Je prie Votre Seigneurie, dit Wayland, de se disposer le plus commodément possible pour dormir, et vous, messieurs, soyez immobiles et silencieux comme si vous étiez près du lit de mort de votre mère.
    Le chambellan et le secrétaire se retirèrent, donnèrent ordre qu’on fermât les portes, et que le silence le plus profond régnât dans toute la maison. Il ne resta dans la chambre que Stanley, Tressilian et Wayland ; mais plusieurs personnes gardèrent l’antichambre pour se trouver à portée en cas de besoin.
    La prédiction de Wayland ne tarda pas à s’accomplir. Le comte s’endormit d’un sommeil si profond que Tressilian et Stanley craignirent que ce ne fût une léthargie dont il ne se réveillerait jamais. Wayland lui-même paraissait inquiet. Il portait souvent la main sur les tempes du malade, et faisait surtout attention à sa respiration, qui était forte et fréquente, mais facile et non interrompue.

CHAPITRE XV.
     
    « Et voilà donc comment, messieurs les étourdis,
    « Le service se fait, les devoirs sont remplis ?
    « Qu’est devenu le sot envoyé par mon ordre ? »
    SHAKSPEARE, la Méchante femme mise à la raison.
     
    Le moment où les hommes paraissent le plus désavantageusement aux yeux les uns des autres, et où ils se trouvent le moins à l’aise, est celui où le premier rayon de l’aurore les surprend à veiller. Même une beauté du premier ordre, quand la naissance du jour vient mettre fin aux plaisirs d’un bal, ferait bien de se soustraire aux regards de ses admirateurs les plus dévoués et les plus passionnés. Telle était la lueur pâle et défavorable qui commençait à se répandre sur ceux qui avaient veillé toute la nuit dans l’antichambre du comte de Sussex, et qui mêlait une teinte bleuâtre à la flamme presque livide des lampes et des torches mourantes. Le jeune homme dont nous avons parlé dans le chapitre précédent avait quitté l’appartement pour aller voir qui frappait à la porte du château, et, en y rentrant, il fut si frappé de l’air pâle et défait de ses compagnons de veille qu’il s’écria : – Sur mon âme ! mes maîtres, on vous prendrait pour des hiboux. Quand le soleil va se lever, je présume que je vous verrai vous envoler, les yeux éblouis, pour aller vous cacher dans le tronc pourri d’un vieil arbre, ou dans quelque mur tombant en ruines.
    – Tais-toi, tête sans cervelle, dit Blount. Est-ce le moment de plaisanter quand l’honneur de l’Angleterre rend peut-être le dernier soupir dans la chambre voisine ?
    – Tu mens, répliqua Walter.
    – Je mens, répéta Blount en se levant, je mens ! Et c’est à moi que tu parles ainsi !
    – Oui, brave Blount, tu mens. Mais ne prends pas la mouche ainsi pour un mot. J’aime et j’honore milord autant qu’aucun de vous ; mais, s’il plaisait au ciel de l’appeler à lui, je ne dirais pas pour cela que tout l’honneur de l’Angleterre mourrait avec lui.
    – Sans doute, et une bonne part en survivrait chez toi, reprit Blount.
    – Oui, et une bonne part aussi avec toi-même, Blount, et avec Markham, Tracy, et nous tous. Mais c’est moi qui ferai valoir le talent que Dieu nous a confié.
    – Et voudras-tu nous faire part de ton secret ?
    – Pourquoi non ? Vous êtes comme un terrain qui ne produit rien parce qu’on croit qu’il n’a pas besoin d’engrais. Moi, je suis un sol peut-être moins fertile par lui-même, mais où l’ambition entretient sans cesse une fermentation qui le rendra productif.
    – Je prie le ciel qu’elle ne te rende pas fou. Quant à moi, si nous perdons le noble comte, je dis adieu à la cour et aux camps. J’ai cinq cents acres de terre dans le comté de Norfolk ;

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