Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
d’une très belle perle. Il était bien fait, d’une grande taille, et ses traits réguliers et agréables étaient si animés et si expressifs, qu’on y reconnaissait sur-le-champ un caractère ferme, le feu d’une âme entreprenante, l’habitude de réfléchir et la promptitude à prendre un parti.
    Ils étaient assis sur le même banc l’un près de l’autre ; mais chacun d’eux, occupé de ses réflexions, avait les yeux fixés sur le mur en face, et ne songeait point à parler à son compagnon. Les regards du plus âgé annonçaient qu’en regardant la muraille il ne voyait qu’une vieille boiserie en chêne à laquelle on avait suspendu, suivant l’usage, des boucliers, des pertuisanes, des bois de cerf, et des armes de toute espèce anciennes et modernes. Les yeux du plus jeune brillaient du feu de l’imagination ; on aurait dit que l’espace vide qui le séparait de la muraille était un théâtre sur lequel il mettait en action divers personnages qui lui offraient un spectacle bien différent de celui que la réalité lui aurait présenté.
    Dès que Tressilian entra, tous deux se levèrent pour le saluer, et le plus jeune surtout l’aborda de l’air le plus cordial.
    – Soyez le bienvenu, Tressilian, lui dit-il ; votre philosophie nous a privés de vous quand cette maison pouvait offrir des attraits à l’ambition ; mais c’est une philosophie désintéressée, puisque vous y revenez quand il n’y a plus que des dangers à partager avec eux.
    – Milord est-il donc si sérieusement indisposé ? demanda Tressilian.
    – Nous craignons que sa situation ne soit sans espoir, répondit le plus âgé, et tout porte à croire que c’est le fruit de la trahison.
    – Fi donc ! dit Tressilian ; lord Leicester est homme d’honneur.
    – Et pourquoi donc a-t-il une suite composée de vrais brigands ? s’écria le plus jeune. Celui qui évoque le diable peut être honnête ; mais il est responsable de tous les maux que fait le malin esprit.
    – Mais, messieurs, dit Tressilian, êtes-vous donc les seuls amis de milord qui vous soyez rendus près de lui dans ce moment de crise ?
    – Oh ! non vraiment, répondit le plus âgé. Nous avons ici Tracy, Markham et bien d’autres ; mais nous faisons le service deux à deux, et il y en a quelques uns qui sont fatigués, et qui dorment dans la galerie là-haut.
    – Et quelques autres, dit le plus jeune, qui sont allés à Deptford, ayant boursillé pour acheter quelque vieille carcasse de bâtiment, parce que, lorsque tout sera dit et que notre noble lord aura été déposé dans sa noble sépulture, ils donneront de leurs nouvelles aux coquins qui l’y ont précipité, et s’embarqueront pour les Indes le cœur aussi léger que la bourse.
    – Et il est possible que je sois du voyage, dit Tressilian, dès que j’aurai terminé une affaire que j’ai à la cour.
    – Vous, une affaire à la cour ! s’écrièrent-ils tous deux en même temps ; vous, faire le voyage des Indes !
    – Comment, Tressilian ! continua le plus jeune ; et n’êtes-vous pas en quelque sorte marié ? n’êtes-vous pas à l’abri de ces coups de fortune qui forcent un homme à se mettre en mer, quand sa barque voudrait rester tranquillement dans le port ? Qu’avez-vous donc fait de votre belle Indamira, qui devait être l’égale de mon Amorette par sa constance comme par ses charmes ?
    – Ne m’en parlez pas, dit Tressilian en se détournant.
    – En êtes-vous donc là, mon pauvre ami ? dit le jeune homme en lui prenant la main avec affection. Ne craignez pas que je touche une seconde fois à une blessure si cruelle ; mais c’est une nouvelle aussi étrange que triste. Aucun de nos joyeux compagnons, dans cette saison de tempêtes, ne verra-t-il donc sa fortune ou son bonheur échapper au naufrage ? J’espérais que vous, du moins, mon cher Edmond, vous étiez dans le port. Mais un autre ami, qui porte votre nom {66} , a dit la vérité :
    Sous sa roue écrasant le chaume et le palais,
    Nous avons vu cent fois la Fortune infidèle
    Nous abuser un jour pour nous fuir à jamais !
    Ne cesserons-nous pas d’être surpris par elle ?
    Pendant que le jeune homme déclamait ces vers avec une expression de sensibilité, son compagnon, moins enthousiaste, s’était levé de son siège, et se promenait d’un air d’impatience. S’enveloppant ensuite dans son manteau et se rasseyant sur le siège : – Je suis surpris, Tressilian,

Weitere Kostenlose Bücher