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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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dit-il, que vous nourrissiez la folie de ce jeune homme en écoutant ses rapsodies. Si quelque chose pouvait faire juger défavorablement d’une maison honorable et vertueuse comme celle de milord, ce serait d’y entendre ce jargon, ce galimatias poétique apporté parmi nous par Walter le beau diseur et ses camarades, qui mettent à la torture de mille manières le bon anglais qu’il avait plu à Dieu de nous accorder.
    – Blount s’imagine, dit le jeune homme, que le démon a fait la cour en vers à notre mère Ève, et que le sens mystique de l’arbre de la science du bien et du mal n’a rapport qu’à l’art d’assembler des rimes et de scander un hexamètre.
    En ce moment, le chambellan du comte vint annoncer à Tressilian que Sa Seigneurie désirait le voir.
    Il trouva lord Sussex en robe de chambre, mais couché sur son lit, et il fut alarmé en voyant le changement que la maladie avait produit sur lui. Le comte le reçut de l’air le plus amical, et lui demanda des nouvelles de ses amours. Tressilian éluda la réponse en faisant tomber l’entretien sur la maladie du comte ; et il vit avec surprise que les symptômes étaient exactement tels que Wayland les avait décrits, d’après le peu qu’il avait appris de Stevens. Il n’hésita donc pas à raconter à Sussex toute l’histoire de son nouveau serviteur, et l’assurance avec laquelle il prétendait pouvoir le guérir. Le comte l’écouta avec attention, mais d’un air d’incrédulité, jusqu’à ce que le nom de Démétrius eût été prononcé. Il appela sur-le-champ son secrétaire, et lui ordonna de lui apporter une cassette qui contenait quelques papiers importans.
    – Cherchez-y, lui dit-il, la déclaration du coquin de cuisinier à qui nous avons fait subir un interrogatoire, et voyez avec soin si le nom de Démétrius n’y est pas mentionné.
    Le secrétaire trouva tout d’abord le passage en question, et lut ce qui suit :
    « Et ledit comparant déclare qu’il se souvient d’avoir fait la sauce dudit esturgeon, après avoir mangé duquel mondit noble lord s’est trouvé indisposé ; qu’il y a employé les herbes et ingrédiens ordinaires, savoir… »
    – Passez tout ce bavardage, dit le comte, et voyez si les ingrédiens dont il parle n’ont pas été achetés chez un herboriste nommé Démétrius.
    – Précisément, dit le secrétaire, et il ajoute qu’il n’a pas revu depuis ce temps ledit Démétrius.
    – Cela s’accorde avec l’histoire de ton drôle, Tressilian, dit le comte. Qu’on le fasse venir.
    Wayland, amené devant le comte, répéta toute son histoire avec fermeté, et sans varier dans une seule circonstance.
    – Il peut se faire, dit le comte, que ceux qui ont commencé l’ouvrage t’envoient ici pour le terminer ; mais prends-y garde, car si ton remède a des suites fâcheuses, tu pourras t’en trouver fort mal.
    – Ce serait agir avec rigueur, dit Wayland, car la guérison est entre les mains de Dieu comme la mort. Cependant je consens à en courir le risque. J’ai vécu assez long-temps sous la terre pour ne pas craindre d’y rentrer.
    – Puisque tu as tant de confiance, dit le comte, et que les savans ne peuvent me soulager, je dis comme toi, j’en courrai le risque : donne-moi ton médicament.
    – Permettez-moi d’abord, dit Wayland, puisque vous me rendez responsable du traitement, d’y mettre pour condition qu’il ne sera permis à aucun médecin d’y intervenir.
    – C’est justice, dit le comte. Maintenant voyons ton remède.
    Pendant que Wayland le préparait, on déshabilla le comte et on le mit au lit.
    – Je vous avertis, dit Wayland, que le premier effet de ce médicament sera de vous procurer un sommeil profond, et pendant ce temps il faut que le plus grand silence règne dans la chambre, ou il en pourrait résulter des suites funestes. Je veillerai moi-même sur le comte avec un ou deux des gentilshommes de sa chambre.
    – Que tout le monde se retire, dit le comte, excepté Stanley et ce brave homme.
    – Et moi, dit Tressilian ; je suis trop intéressé à l’effet de ce remède.
    – Soit, dit le comte, mais avant tout qu’on fasse venir mon secrétaire et mon chambellan.
    – Messieurs, leur dit-il dès qu’ils furent arrivés, je vous prends à témoin que notre honorable ami Tressilian n’est aucunement responsable des suites du médicament que je vais prendre. Je m’y suis déterminé de ma propre volonté, attendu que je le

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