Kommandos de femmes
DU MÊME AUTEUR
CHEZ LE MÊME ÉDITEUR
L’ exécution de B udapest . Mai 1966.
L es médecins maudits . Septembre 1967.
L es médecins de l’impossible . Prix Littré. Octobre 1968.
L es sorciers du ciel . Octobre 1969.
L e train de la mort . Prix Malherbe. Novembre 1970.
L es mannequins nus . Octobre 1971 – I.
L e camp des femmes . Septembre 1972 (Mannequins Nus II).
K ommandos de femmes . Septembre 1973 (Mannequins Nus III).
En préparation :
M authausen.
D ora.
L es marches de la mort.
Christian BERNADAC
LES MANNEQUINS NUS
Tome 3
KOMMANDOS DE FEMMES
RAVENSBRÜCK
ÉDITIONS FRANCE- EMPIRE
68, rue Jean-Jacques-Rousseau, 75001 Paris
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© Éditions France-Empire 1973
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
IMPRIMÉ EN FRANCE
À GENEVIÈVE THIEULEUX
Parce qu’elle est,
un peu, de notre Mémoire.
L e travail rend libre.
(Devise gravée sur les murs d’enceinte
des Camps de Concentration)
J’aurai perdu un an de ta vie, tout un an,
Sans avoir jamais eu la joie de ton sourire,
Sans t’avoir vu grandir, chaque jour plus fervent
À conquérir le monde, et tout bas me le dire.
Ces mille riens que voient les yeux seuls d’une mère
Le teint moins lisse et le regard moins étonné
La joue moins ronde aussi, je ne sais quoi d’austère
Qui mûrit tout à coup la façon de parler.
Se peut-il qu’étranger, un jour tu m’apparaisses ?
Que de gestes nouveaux, des mots d’ailleurs venus
Arrachent brusquement ces cris à ma détresse :
Mon enfant si chéri, je ne te connais plus !
Françoise Babillot. —
(Poème inédit composé en kommando.)
Alors Lucette a laissé glisser sa pelle dans la tranchée. Puis elle s’est assise, genoux au menton, mains bien à plat sur le sol.
— Je i me suis dit : « Cette fois, ça y est. Elle raccroche. » Des nappes de brouillard flottaient au niveau des premières branches des peupliers et masquaient le ruisseau. Dans une heure ou deux, le soleil du printemps dispersera ces cocons laiteux. Étrange vision. Les flèches des peupliers piquées dans le brouillard – flamme sur cire – dessinent une longue procession de flambeaux verts autour de la silhouette tassée de Lucette. Je suis à une dizaine de mètres d’elle. Un groupe de trois Polonaises piaillantes et acharnées à la terrasse nous sépare. Lucette est figée. Tête affaissée. Statue de pierre. Les surveillantes sont dans notre dos, mais comme la tranchée fait un large coude, nous pouvons espérer une dizaine de minutes de répit avant qu’elles ne nous tombent dessus. Hier Lucette n’arrivait même pas à grimper au deuxième étage de son châlit. Depuis une dizaine de jours, elle ne se plaignait plus. Frédérique, son amie belge, était désespérée : « Elle s’en va. C’est sûr ! Elle est complètement vidée ; elle ne se plaint de rien, elle n’est pas malade, elle est simplement en train de mourir de fatigue et de faim. Surtout de fatigue… Elle qui n’a jamais rien fait de ses dix doigts ! »
Les mains s’enfoncent lentement dans la terre glaise. Les genoux se déplient et les talons des claquettes ouvrent deux sillons sur le bord de la tranchée. En même temps, les deux pieds tournent dans le vide, rebondissent sur la paroi et se balancent, muscles relâchés. Femme assise sur la lèvre d’une fosse. Les Polonaises crient. Probablement une insulte. Hélène Rabinatt saute dans la tranchée, passe sous les Polonaises, s’étale dans la bouillasse. Les deux pieds de Lucette se sont immobilisés. Hélène Rabinatt se dresse, saisit le gauche, le secoue :
— Lucette ! Lucette ! Elles vont arriver. Il faut te lever. Elles vont te battre. Lucette !
Le pied se raidit :
— Allons Lucette ! C’est moi Hélène. Tu vas sauter près de moi. Avec un peu de chance
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