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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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peur et horreur.
    Le geôlier, haussant les épaules, lui dit   :
    – Vite, la cuvette. Je vais saigner.
    Comme beaucoup de vieux soldats, cet homme savait presque tout faire   ; il chercha la veine du bras, la trouva, la piqua légèrement avec la pointe du poignard très effilée et le sang jaillit.
    Bientôt le pendu respira.
    Le geôlier fit alors la ligature et, toujours calme, dit   :
    – Maintenant il n’y a plus qu’à le veiller et à lui donner à boire, quand il le demandera.
    Il s’en alla d’un pas lent et régulier.
    Ce flegme fit comprendre à la baronne la grande différence qui existe entre la femme et l’homme pour l’action.
    Elle restait donc en tête à tête avec Saint-Giles.
    Elle suivit sur les traits du malade les progrès de la vie qui revenait et s’affirmait.
    Peu à peu, lentement, trop lentement au gré de la baronne, l’œil redevenait expressif, les joues pâlissaient, les lèvres passaient du violet au rouge.
    La secousse n’ayant pas été dure, aucune lésion, aucune déchirure ne s’était produite.
    La suspension n’avait pas été longue, il n’y avait eu que commencement d’asphyxie.
    La corde, faite avec du linge, avait serré la peau du cou sans la meurtrir   ; il n’y avait point d’ecchymose.
    Saint-Giles était d’un tempérament énergique, il reprit connaissance assez promptement, du moins relativement à son état.
    Ce n’était point pourtant l’avis de la baronne qui se morfondait.
    Enfin il devint évident que Saint-Giles recommençait à penser et chassait les brouillards de la mort qui avaient assombri son cerveau.
    Il fit un effort pour voir le barreau auquel il avait été arraché   ; c’est un mouvement instinctif chez les pendus   ; ils regardent le clou.
    La voix de la baronne et ses deux mains pressant celles de l’artiste, l’arrachèrent à cette première préoccupation.
    – Oh, mon ami, disait M me  de Quercy, ne vous pendez plus jamais   : si vous saviez comme c’est laid, un pendu   ! Hideux, mon cher, hideux   !
    Saint-Giles, qui n’avait pas encore retrouvé la parole, ne protesta que de la main.
    – Je suis arrivée, dit-elle, de quelques secondes en retard   ; ne pouviez-vous donc m’accorder cinq minutes de répit   ?
    Elle se gardait bien d’avouer que, craignant une comédie, elle regardait par le trou de la serrure pour savoir si, oui ou non, ce suicide était sérieux.
    Saint-Giles, qui faisait des efforts inouïs pour retrouver sa voix, lui dit enfin d’un ton rauque, en articulant péniblement les mots   :
    – Si j’avais pu me procurer un bon couteau, je serais mort à cette heure.
    Et d’un air étrange   :
    – Cela vaudrait peut-être mieux.
    – Pourquoi donc, fit-elle effrayée, je te sauve. Nous partons une heure avant le jour.
    – J’ai de tristes pressentiments, fit-il en secouant la tête.
    – Allons donc   ! les pressentiments   ! toi   ! croire ces fadaises.
    Il songea pendant quelques instants et demanda ensuite   :
    – Ainsi, nous partons   ?
    – Oui   ! dit-elle.
    – Tu es certaine de me faire franchir les portes   ?
    – Bien certaine   ! J’ai deux laissez-passer, un pour toi, un pour moi. Tu me suis jusqu’à Marseille.
    – Jusqu’à Marseille   ? Et pourquoi   ?
    – Mais parce que j’y vais. Tu me dois bien aide et protection jusque-là. À Marseille, je m’embarquerai, et nous nous dirons adieu.
    Elle comptait bien trouver quelque moyen de le retenir ou de l’emmener.
    – Tu comprends, dit-elle, que nous faisons un pacte. Je te tire de prison et tu me rends le service de me conduire jusqu’au port d’embarquement.
    – Et comment voyageons-nous jusqu’à Marseille   ?
    – Nous allons prendre, au jour, un bateau sur le Rhône   : il est prêt et nous attend   ; avec de bons rameurs qui se relayeront, nous gagnerons Avignon, et, de là, Marseille.
    – Soit   ! dit-il. Mais vous me jurez que ma mère, Adrienne, toute ma famille est en sûreté à Villefranche.
    – Mon ami, vous avez lu les lettres des vôtres.
    – À Marseille, je reprends ma liberté   ?
    – Pleine et entière. Tu vas revoir ton Adrienne après nos adieux.
    – J’irai me battre   ! dit-il. Je n’ai que trop tardé à m’enrôler.
    Puis, fatigué   :
    – Nous avons quelques heures avant la fuite   ! dit-il. Je suis brisé   ! Ne m’en voulez pas de dormir.
    – Dormez, mon cher   ! dit-elle. Moi je passerai la nuit dans ce fauteuil.
    Et

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