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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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entendre qu’il valait mieux céder.
    – Ah   ! c’est vous qui… dit Sautemouche s’oubliant jusqu’à dire vous, ce qui fit sourire la Ficelle.
    M me  Leroyer saisit ce joint entr’ouvert par Sautemouche.
    – Oui, moi, dit-elle, parce que je suis républicaine, parce que j’approuve le décret, parce qu’il faut de l’argent à la France pour nourrir des armées, c’est bien le moins que chacun contribue selon sa fortune.
    Sautemouche se sentit étonné et ravi de ce langage inattendu   ; cependant il lui restait un doute.
    – Voilà, dit-il, le langage d’une bonne citoyenne et si l’on ne te savait pas aristocrate…
    – De naissance citoyen, de naissance seulement, comme Mirabeau, comme M. de Robespierre, comme beaucoup d’excellents républicains   : mon mariage seul suffit à prouver que je n’ai pas les préjugés de ma caste.
    – Mais alors tu serais républicaine   !
    – Comment donc   ! républicaine dès l’enfance   ; j’ai eu le bonheur de lire très jeune Voltaire et Jean-Jacques Rousseau.
    – Mais tu vas à la messe.
    – Voltaire et Rousseau croyaient en Dieu   : Robespierre y croit   ! J’aime la religion dans laquelle je suis née, mais je blâme sincèrement les abus du clergé.
    – Pour un rien tu me ferais croire que tu es jacobine.
    – Peut-être, le suis-je   ? Je ne sais pas au juste ce que sont les principes des Jacobins, mais je suis républicaine bien certainement de cœur et d’esprit.
    – Malheureusement, dit-il, ton mari est royaliste.
    – Voilà une belle et bonne calomnie, s’écria-t-elle   ; mon mari est républicain   : mais peut-être ne pousse-t-il pas la rigueur des principes aussi loin que moi. Je suis franche, et je l’ai avoué   ; mon mari n’approuve ni l’emprunt forcé, ni les perquisitions. Mais jamais il n’a été royaliste et il a voulu ardemment la révolution de 89.
    M me  Leroyer mentait, mais en 89, M. Leroyer n’ayant joué aucun rôle, elle pouvait lui attribuer les sentiments que bon lui semblait.
    Sautemouche se demandait si cette femme disait vrai. Il tira sa dernière cartouche.
    – Et l’émigrée que tu caches ici   ? demanda-t-il brusquement.
    – Citoyen, dit-elle, mon fils a sauvé, parait-il une femme que des brigands…
    – Des brigands, protesta le chef d’escouade.
    – Mais oui, des voleurs, dit-on.
    Sautemouche ne jugea pas utile de rétablir la vérité de fait   : après tout, on pouvait, on devait prendre, en cette circonstance, les agents du comité pour des bandits.
    – Bon, dit-il, ton fils a sauvé cette femme, et il l’a conduite ici.
    – Non pas ici.
    – Où donc   ?
    – Cette jeune femme doit être, en effet, une émigrée qui se cache, car elle a supplié mon fils de la laisser aller seule, quand elle a été proche de notre domicile   : elle doit s’être réfugiée dans une maison amie. Mon fils, par discrétion, en galant homme qu’il est, n’a pas épié cette malheureuse.
    – De la pitié. Tu plains une émigrée   !
    – Franchement oui, comme je plaindrai toujours toute femme proscrite, quel que soit son parti.
    Elle sentit que Sautemouche était aux trois quarts convaincu et sonna, puis demanda   :
    – Citoyen Sautemouche, à combien est fixé le montant de notre part d’emprunt forcé   ?
    – Trente mille livres en numéraire, répondit Sautemouche attendant l’effet de cette déclaration.
    – Trente mille livres, soit   ! voilà l’emprunt forcé. Mais, sur mon douaire, je donne vingt mille livres, qui seront comptées en or   ; voilà pour l’offrande patriotique. Et maintenant   : Vive la République   !
    Sautemouche, électrisé, cria avec ses agents   : Vive la République   !   !   !
    – Ah   ! citoyenne, dit-il vaincu, tu es une vraie patriote. Et il serra la main de M me  Leroyer qui le laissa faire.
    – Si nous sommes roulés, pensait philosophiquement la Ficelle, je m’en consolerai. On ne résiste pas à ces façons-là   !
    Jean, qui avait été sonné, entra, portant un plateau chargé de coupes remplies de punch fumant   ; une seule contenant du champagne frappé.
    – Citoyens, dit M me  Leroyer prenant le verre de champagne, avant de commencer la perquisition, buvons à la Nation et au grand citoyen Maximilien Robespierre.
    Les Jacobins enchantés prirent chacun un verre et l’on trinqua démocratiquement.
    – Vive la République   ! cria encore M me  Leroyer, chauffant

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