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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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garçon spirituel qui frondait volontiers son chef, mais celui-ci, sur un ton plus impérieux   :
    – Arrêtez cet homme, au nom de la République   !
    – Mais, citoyen, qui donc vous mènera au salon où madame vous attend   ?
    Deux hommes (dont la Ficelle) mirent la main sur Jean.
    – Bien, dit alors Sautemouche satisfait, tu es notre prisonnier.
    – Maintenant, conduis-nous au salon   !
    Jean comprit le caractère de Sautemouche et lui dit d’un air humble et en affectant la crainte   :
    – Citoyen, je suis à vos ordres, croyez-bien que… que… Enfin, citoyen, je… je… ferai tout ce que vous voudrez.
    – C’est le seul moyen de sauver ta tête de la guillotine qui est arrivée cette nuit avec les quatre représentants du peuple   ! dit Sautemouche.
    – La guillotine   ! dit Jean en frissonnant. Oh   ! monsieur Sautemouche, vous ne me feriez pas guillotiner.
    – Aussi facilement que de tuer une punaise, si tu me caches quelque chose ou quelqu’un dans la maison   ! dit Sautemouche d’un air farouche. Il se crut sûr de tenir son homme, et se faisant moins terrible, il dit à Jean   :
    – Allons, vieil esclave, ne crains rien, si tu me montres tout, les hommes, les femmes et les choses   : les femmes surtout   !
    Et insistant   :
    – Il y en a une… la petite émigrée… c’est celle-là que je tiens à pincer.
    Promenant le tranchant de sa main sur le cou de Jean   :
    – Si tu ne me la livres pas, tu seras raccourci   : c’est toi qui inaugureras la guillotine de Lyon.
    – Citoyen, dit Jean à voix basse, allons d’abord au salon, là vous questionnerez madame. Si elle ne vous donne pas satisfaction, nous ferons la perquisition…
    – Et nous trouverons la baronne   ?
    – Je ne sais pas s’il y a une baronne ici   : mais, s’il y en a une, je vous donnerai les moyens de la découvrir. Seulement…
    –… Seulement, tu veux que je te jure de sauver ta tête.
    – Oui.
    – Eh bien   ! je m’y engage.
    – Merci, monsieur Sautemouche.
    Et Jean, ouvrant la porte du grand salon, introduisit le municipal et sa bande. Il les annonça d’une façon assez originale   :
    – Ces messieurs de l’emprunt forcé   ! dit-il.
    Sautemouche ne vit dans le salon que M me  Leroyer, et il éprouva devant elle la gêne qui saisit toujours un homme mal élevé, en présence d’une femme distinguée. Il salua gauchement et dit   :
    – Madame…
    Il ne put dire autre chose. Mais, à sa grande surprise, M me  Leroyer l’accueillit le sourire aux lèvres, et avec une affabilité charmante   :
    – Ah   ! fit-elle, si j’avais su avoir affaire à vous, monsieur Sautemouche, j’aurais eu moins peur.
    Au domestique   :
    – Jean, des sièges à ces messieurs.
    À Sautemouche   :
    – Voyons, monsieur Sautemouche…
    – Appelez-moi citoyen   ! dit Sautemouche d’un air farouche.
    – Citoyen, je ne demande pas mieux   : mais alors appelez-moi citoyenne et non madame, comme vous avez fait.
    – Moi.
    – Je m’en rapporte à ces citoyens qui vous ont entendu.
    – C’est vrai, dit la Ficelle qui faisait avec plaisir de l’opposition à ses supérieurs.
    Il était enchanté que Sautemouche fût en faute.
    – Eh bien, dit celui-ci, citoyen ne suffit pas, on se tutoie en République.
    – Les latins se tutoyaient, dit M me  Leroyer   ; le tu ne m’effraie pas.
    Avec bonne grâce   :
    – Nous avons donc, citoyen, à causer emprunt d’abord et à perquisitionner ensuite.
    – Causons.
    Elle enveloppa Sautemouche d’un regard séducteur qui troubla ce fantoche. La Ficelle, échappé sain et sauf, comme nous l’avons vu, aux coups de Saint-Giles, accompagnait Sautemouche, et, fin connaisseur, il appréciait et admirait fort M me  Leroyer. C’était une femme de quarante ans à peine qui s’était mariée à seize ans et qui était restée fort belle, étant brune, et d’un teint d’une fraîcheur admirable. Sautemouche se sentit fasciné.
    – Oui, dit-il, causons   ; j’espère, citoyenne, m’entendre mieux avec toi qu’avec ton mari qui me tenait la porte fermée au nez.
    Madame Leroyer se fit affable.
    – Il ne faut pas trop en vouloir à mon mari, dit-elle   ; chacun a ses défauts, et ceux de M. Leroyer sont d’être fort ménager de son bien et trop à cheval sur ses droits. Ce n’est pas un grand crime.
    D’un ton caressant   :
    – Il y avait quelque chose de fondé dans ses protestations   ; mais je lui ai fait

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