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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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lui accordait pouvoir d’agir, de fouiller les maisons suspectes, cette nuit même, il y saisirait les preuves du complot royaliste. Sachant que le fils de Leroyer avait conduit la baronne de Quercy chez son père, il chargea Sautemouche de perquisitionner chez le riche fabricant de soierie et d’y arrêter la baronne. Et voilà que, suivi d’une dizaine de fanatiques, il se présentait à la porte et sonnait à coups redoublés. Et, parmi ces fanatiques, plusieurs de ceux qui avaient tendu le guet-apens du quai de l’Archevêché, dont le Parisien la Ficelle.
    Cependant, la confiance était telle dans les forces dont les Girondins disposaient que, sauf M. Leroyer tout effaré et Étienne un peu troublé, tout le monde, dans le salon, faisait bonne contenance.
    – Mais, disait le marquis de Tresmes, il me semble que la soie du cordon de sonnette est de la meilleure qualité, car il ne se rompt pas   : cela fait honneur à la fabrique de M. Leroyer.
    Et il prenait une prise.
    De Virieu fit mentalement une prière   : puis, les yeux levés au ciel, il dit avec résignation   :
    – Voici l’heure des épreuves   ; à la grâce de Dieu   !
    Madinier lui demanda   :
    – Y a-t-il des armes   ?
    – Oui, dit Étienne.
    – Résistons   ! proposa-t-il. Nous donnerons à nos amis le temps de nous secourir.
    Mais la baronne fit un geste.
    – Messieurs, dit-elle, résister est inutile. Je me charge de vous sauver tous.
    – Et comment   ? demanda l’abbé Roubiès avec calme.
    – Oh   ! mon cher abbé, ayez confiance en moi   ! Je ne demande que l’aide de M me  Leroyer et de sa femme de chambre.
    – Oui… oui… ma femme, dit Leroyer d’une voix étranglée   : elle est très intelligente.
    C’était le cri du cœur.
    – Avant tout, dit la baronne, il faut gagner un quart d’heure.
    À l’abbé   :
    – Descendez, je vous prie, avec monsieur Leroyer et monsieur Étienne. Discutez la légalité de cette visite domiciliée. Laissez enfoncer la porte au besoin, et dispersez-vous ensuite dans la maison.
    – Mais, fit l’abbé, se disperser, se cacher, fuir, c’est avouer.
    – Avouer quoi   ? dit impérieusement la baronne. Que nous conspirons   ? Ils le savent. Ils sont venus pour nous arrêter et ils nous arrêteront sans hésiter. Quelque coup de force ou de surprise a donné le pouvoir à Châlier, et il procédera avec violence. J’ai comme une idée que des représentants jacobins sont arrivés et qu’ils ont apporté quelque décret donnant carte blanche à Châlier. Messieurs, croyez-moi, fiez-vous à moi et dépêchez-vous.
    À l’abbé Roubiès   :
    – Vous connaissez les lois   ! Allez parlementer   : gagnez un quart d’heure, laissez enfoncer les portes, s’il le faut, vous dis-je   ! Un quart d’heure à moi et vous êtes sauvés.
    – Soit   ! dit l’abbé.
    M me  Leroyer était là soufflant le courage à son fils, impuissante à relever le moral de M. Leroyer. L’abbé s’en chargea.
    – Monsieur, dit-il à l’oreille de Leroyer, voulez-vous donc mourir sur la guillotine   ? Si vous ne reprenez pas votre sang-froid, vous nous perdez et vous êtes perdu   !
    – Que faut-il faire   ? demanda Leroyer, les yeux hagards, et sortant comme d’un rêve hanté par des cauchemars effrayants.
    – Me suivre dit l’abbé.
    Et à Étienne   :
    – Venez, mon cher…
    Il emmena le père et le fils et bientôt on les entendit parlementer.

Sautemouche dans le monde
    Avec un homme comme l’abbé Roubiès, on pouvait être certain que la porte serait disputée avec énergie, sauf toutefois ce recours à la force qui n’entrait pas dans les vues de la baronne. L’abbé dicta à M. Leroyer tout ce qu’il fallait dire et lui inspira tout ce qu’il fallait faire, et M. Leroyer, galvanisé, se montra si ferme qu’il se fit parmi ses adversaires une réputation de courage peu méritée d’ailleurs.
    On parlementait par un guichet. Tout d’abord l’abbé fit exiger par M. Leroyer la lecture du décret. Cela prit deux minutes. On lit mal à la lueur d’une lanterne, surtout un manuscrit. On n’avait pas eu le temps d’imprimer le texte.
    L’abbé conseilla ensuite à M. Leroyer d’émettre la prétention de voir le décret, et, pour en finir, Sautemouche présenta ce décret   : il n’était pas signé du maire Nivière qui, nous l’avons dit, était Girondin et qui s’était récusé. Les adjoints avaient signé pour le maire

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