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La Bataillon de la Croix-Rousse

Titel: La Bataillon de la Croix-Rousse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Noir
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l’enthousiasme.
    Et le salon s’emplit de nouveau d’acclamations. On vida les verres.
    – Maintenant citoyens, dit Madame Leroyer, faites votre devoir. Cherchez partout   ! Jean vous conduit.
    – À tout à l’heure, citoyenne, dit Sautemouche. Si l’on ne trouve pas l’émigrée, je prendrai plaisir à te faire des excuses et à te proclamer la meilleure citoyenne de Lyon.
    – Citoyen, je t’assure que tu ne trouveras rien de suspect, je ne te demande qu’une grâce, c’est d’être poli avec mon mari et de ne pas le rudoyer.
    – Bon   ! Bon   ! fit Sautemouche   : on aura pour lui de la considération, jusqu’à vingt mille livres, c’est-à-dire, citoyenne, qu’on le comblera de compliments qu’il ne mérite pas comme toi.
    Sautemouche, enchanté de M me  Leroyer et de lui-même, suivit Jean auquel il dit dans le couloir   :
    – Voyons, l’émigrée est ici, n’est-ce pas, mon garçon   ? Ta patronne s’est laissée attendrir et lui a donné asile. Mais, comme la citoyenne Leroyer est républicaine, comme elle n’a recueilli cette baronne que par humanité, comme elle donne vingt mille francs pour l’armée, nous fermerons les yeux sur la faute commise   : où est la baronne   ?
    – Écoutez, dit Jean, s’il y a une baronne, ici, je n’en sais rien, je vous le répète   : mais nous allons tout fouiller   !
    – Tout à l’heure, tu avais l’air de croire que l’émigrée était dans la maison.
    – Vous me parliez guillotine, tout en affirmant qu’on recevait cette baronne ici, je n’aurais pas osé vous contredire. On pouvait avoir fait entrer cette baronne par la fenêtre. Mais, je suis sûr qu’elle n’est point passée par la porte.
    – Après tout, pensait Sautemouche, c’est peut-être vrai ce que m’a dit la citoyenne Leroyer et ce qu’affirme cet imbécile.
    Mais il avait peine à suivre le fil de ses idées.
    – Le punch était raide, se dit-il. Quel parfum   ! Et d’une force   ! Je m’en sens la tête à l’envers.
    – Aux caves d’abord, disait maître Jean, en ouvrant une porte donnant accès sur un escalier très noir.
    On alluma des chandelles.
    Les agents de Sautemouche sentant que leurs jambes flageolaient en descendant les marches, firent chacun à soi, sur le punch, les mêmes réflexions que leur chef   : l’ivresse les gagnait si vite que la Ficelle, s’asseyant tout à coup sur une marche, se sentit incapable d’aller plus loin. Sautemouche, lui, au bas de l’escalier trébucha et tomba lourdement. Les autres s’abattirent comme des capucins de carte.
    Jean se mit à rire.
    – Le tour est joué, dit-il.
    Il contempla les Jacobins privés de sentiment, enleva les chandelles qu’avaient lâchées ceux qui les portaient, et il remonta au rez-de-chaussée. Là il trouva Étienne.
    – Eh bien   ! demanda le jeune homme.
    – Ils sont tous couchés et tous endormis en bas   ! dit Jean.
    – Ferme la porte de la cave à clef   ! dit Étienne, et reste auprès d’elle. Si tu entendais quelque bruit, tu nous avertirais.
    – Pas de danger qu’ils remuent avant dix ou douze heures. La baronne me paraît connaître son poison. Elle leur en a donné juste ce qu’il fallait pour les paralyser pendant le temps que met un ivrogne à cuver son vin.
    Et, riant de bon cœur   :
    – Oh   ! monsieur Étienne, si vous aviez entendu madame votre mère crier   : Vive la République   !
    Ce bon Jean se tenait les côtes.
    – Quelle comédienne que madame   ! fit-il. Sautemouche la croit révolutionnaire   ! ah   ! ah   ! ah   !
    Étienne laissa l’excellent Jean à son hilarité   ; il alla chercher son père et les autres invités cachés dans un caveau secret où M me  Leroyer mettait ses valeurs à l’abri.
    – Messieurs, dit-il, Sautemouche et son monde sont ivres-morts du poison que leur a mesuré la baronne et que leur a servi ma mère, vous pouvez remonter au salon   : je crois que M me  de Quercy y est déjà auprès de ma mère.
    – Allons, dit l’abbé Roubiès, j’ai hâte de saluer ces deux dames qui nous ont donné deux si belles leçons de sang-froid et d’héroïsme.
    – Je veux leur baiser les mains respectueusement   ! dit le marquis de Tresmes enthousiasmé.
    Et, leste comme un jeune homme, il devança Étienne au salon.

Le plan des royalistes
    Le marquis, en entrant dans le salon, salua comme un roué qu’il avait été et s’écria, toujours courtisan des dames qu’il

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