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la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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séchés qui se balançaient dans la chaleur du foyer. La paroi du four, en briques soigneusement maçonnées, haute de deux pieds et pareille à une citerne, occupait le centre de la pièce. À l’intérieur, tout au fond, une épaisse couche de braises rougeoyait entre des grosses pierres sur lesquelles reposait un cruchon d’eau déjà bouillante. Dans le toit, à l’aplomb, une ouverture ingénieusement biaisée permettait d’évacuer la fumée sans craindre que l’eau des pluies pénètre à l’intérieur de la pièce.
    À peine entrée, Lilah demanda abruptement si la pâte pour les galettes était prête. Sogdiam se retourna pour lui jeter un regard. Il essuya ses mains mouillées à sa tunique, puis souleva sans un mot un linge sur le plateau à pétrir. Cinq boules bien rondes y reposaient.
    Lilah appuya du doigt sur l’une d’elles. La pâte s’enfonça, souple et ferme. Elle reprit sa forme dès qu’elle ôta son doigt.
    — Je les ai faites tôt ce matin, expliqua Sogdiam en reprenant sa tâche. Il nous restait de la farine de la semaine dernière.
    — Alors, il n’y a plus qu’à les cuire si le four est assez chaud.
    Le garçon songea à répliquer qu’il entretenait le feu depuis l’aube dans ce but. Il suffisait à Lilah de poser la main contre les briques pour s’en convaincre. Preuve qu’il ne mentait pas lorsqu’il affirmait connaître le jour de sa venue. Il jugea préférable de se taire.
    À quoi bon ? Lilah ne lui accordait aucune attention. Elle ne s’apercevait même pas du mal qu’il se donnait. Il se frotta les yeux d’un revers du poignet, l’injustice les lui irritait plus encore que la chaleur du four.
    Sans craindre de tacher le beau tissu de sa robe, Lilah saisit une boule de pâte. D’un geste habile elle l’aplatit entre ses paumes. Ensuite, d’un mouvement doux et régulier, elle fit tourner la pâte de plus en plus vite entre ses mains. Celle-ci prit la forme d’un disque souple, de plus en plus mince.
    Lilah s’appuya des cuisses contre le cylindre du four. Avec l’habileté de l’habitude, elle se plia vivement en deux, plongea le visage dans la chaleur ardente. D’un coup sec, elle plaqua le disque de pâte contre la cloison intérieure. Avec un petit grésillement, la galette adhéra aux briques.
    Lilah se redressa d’un mouvement de reins, releva une mèche de son front avant de saisir une autre boule de pâte.
    Elle ordonna :
    — Sogdiam, pendant que je prépare les galettes, fais chauffer un cruchon d’eau avec des feuilles de menthe et le vert des oignons frais, ceux que j’ai apportés tout à l’heure. Mais avant, taille-les menu. Et prépare aussi une cruche de lait pour maître Baruch.
    Sogdiam obéit sans répondre.
     
    *
    * *
     
    Durant un moment, ils s’activèrent en silence chacun de leur côté. L’espace était si étroit qu’ils se frôlaient sans cesse. Ils faillirent se cogner l’un à l’autre au-dessus du foyer lorsque Sogdiam déposa les herbes dans le cruchon d’eau chaude au fond du four.
    Quand elle eut plaqué la dernière galette, les joues et le front rougis par le feu, Lilah prit à peine le temps de s’essuyer les mains. Les sourcils froncés, elle souleva les couvercles des panières. Elle fit aussitôt la moue, surprise de n’y découvrir que les sacs préparés le matin par Axatria.
    Elle se releva avec brusquerie. Son épaule heurta le bras de Sogdiam, qui soutenait la grande gourde de lait de chèvre que le jeune garçon transvasait soigneusement dans une cruche à double anse. La gourde lui échappa, la cruche se renversa, une giclée de lait aspergea les légumes et le mur devant la pierre d’écoulement. Sogdiam rattrapa le pot qui allait rouler et se briser au sol. Avec un geste d’humeur, il lança une bordée de jurons dans le dialecte de la ville basse.
    — Sogdiam ! Pardonne-moi, s’exclama Lilah. C’est ma faute !
    — Ah oui ! explosa Sogdiam en rebouchant la gourde d’un coup de poing. Tu peux le dire : c’est ta faute. Pas étonnant ! Depuis que tu es entrée dans la cuisine, tu me marches dessus comme si je n’étais pas là. Tu as les yeux grands ouverts, mais tu ne me vois pas plus que si j’étais un esprit du dessous de la terre !
    — Sogdiam !
    — Sogdiam fais ci, Sogdiam fais ça !… Sogdiam s’est levé à l’aube pour tout préparer. Sogdiam ne ment pas quand il dit qu’il t’attend. Toi, tu n’as qu’à mettre les galettes dans le four. Tout

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