Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
la Bible au Féminin 03 Lilah

la Bible au Féminin 03 Lilah

Titel: la Bible au Féminin 03 Lilah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
d’enfants. »
    Lilah se tut un instant, les yeux fixes. Dans un souffle elle demanda :
    — C’est ce qu’il t’a dit ?
    — Oui.
    Sogdiam la dévisageait maintenant avec inquiétude en se mordant les lèvres.
    — Tu penses que j’ai mal fait ? Ce sont des femmes comme était ma mère et…
    — Oh, Sogdiam, souffla Lilah en crispant son sourire pour ne pas laisser passer les larmes. Bien sûr que tu as fait ce qu’il fallait.
     
    *
    * *
     
    Comme Sogdiam l’avait prévu, maître Baruch oublia les aigreurs de son ventre et son désir de tisane en humant le fumet du plat préparé par le garçon. Un instant, un mince sourire aux lèvres, il se laissa envahir par le parfum des mets.
    — Délicieux, murmura-t-il, le visage ravi, tandis que Lilah l’installait confortablement. Exquis !
    Sogdiam avait aidé Lilah à apporter les récipients et à disposer des écuelles sur le coffre d’écriture. Son œil étincelait de fierté.
    — Je l’ai cuisiné en pensant à vous, mon maître. Et à vos dents, ajouta-t-il en s’inclinant.
    — L’Éternel te bénisse, garçon, tout sauvage que tu sois !
    Sogdiam redevint très sérieux.
    — Sauvage aujourd’hui, mon maître. Peut-être qu’un jour vous ferez de moi un bon Juif !
    Maître Baruch eut un grondement de rire.
    — Si tu crois que l’on devient fils d’Israël en faisant cuire des raves et du poisson !… Mais qui sait si l’Éternel ne fera pas une exception pour toi ?
    Le rire clair de Sogdiam lui répondit tandis qu’il s’éloignait au-dehors dans une boiterie dansante.
    Enveloppant les frêles épaules de maître Baruch d’une couverture, Lilah remarqua :
    — J’ignorais que Sogdiam prenait aussi bien soin de vous.
    — Oh, pour un barbare, ce garçon possède assurément beaucoup de qualités, gloussa maître Baruch. Peut-être l’Éternel a-t-il déjà fait une exception pour lui.
    Sous la fenêtre où il avait poussé son tabouret, Ezra n’avait pas levé les yeux du rouleau d’écriture déposé sur ses genoux.
    — Maître Baruch, ne peux-tu convaincre Ezra qu’il doit lui aussi manger de temps en temps ? Les nouvelles de Jérusalem ne seront pas meilleures parce qu’il meurt de faim.
    — Juste ! Tout à fait juste, ma colombe. Et j’ajouterai : son étude n’en sera pas meilleure, elle non plus. Un ventre vide n’allège ni les yeux ni les oreilles.
    — Je mange à ma faim ! protesta Ezra avec agacement sans relever le front.
    — Alors augmente ta faim ! s’énerva Lilah.
    Paraissant indifférent à la dispute qui naissait, maître Baruch ferma les paupières au-dessus de l’écuelle que remplissait Lilah. Mais après avoir lentement dégusté une cuillerée, de sa voix qui ne semblait jamais donner d’ordre mais obtenait toujours l’obéissance, il murmura :
    — Ainsi est l’ironie de l’Éternel. Nous sommes sombres et malades car nous recevons des nouvelles de Jérusalem. Sogdiam fait la cuisine, et l’ombre de Jérusalem ne nous fait plus mal au ventre, seulement au cœur et à l’esprit. Est-ce pour cela que Néhémie a échoué ? Ou parce que ceux de Jérusalem n’ont plus ni cœur ni esprit pour souffrir de ce qu’ils sont devenus ? Lilah a raison, mon garçon. Fais honneur à notre Sogdiam et viens partager mon repas.
    Ezra s’y résolut en maugréant. Après quelques cuillerées avalées de mauvaise grâce, il sembla lui aussi trouver sans peine son plaisir dans l’écuelle, et il la vida rapidement.
    Lilah le contemplait en souriant. Ainsi était Ezra. Sévère, sérieux, obstiné, tenaillé jusqu’au fond du cœur par le désir de faire bien, de faire juste. Et parfois trop impatient, trop impulsif, intransigeant, insoucieux de la vérité de la vie, comme si les années d’enfance se refusaient à le quitter. Mais peut-être était-ce là seulement l’effet de sa foi, lui qui, affirmait maître Baruch, devenait sage comme aucun sage, pur comme aucun pur.
    Ezra devina le regard de sa sœur. Il lui sourit. Un sourire qui depuis plus de vingt années ravissait Lilah. Un sourire qui disait l’inépuisable amour liant le frère et la sœur et, mieux qu’aucune caresse, les unissait ainsi que les deux sons accordés d’une même lyre, dans une même tendresse, effaçant les doutes et les disputes.
     
    *
    * *
     
    Aujourd’hui, pourtant, Lilah resta sourde à son appel. Le cœur serré, elle contemplait le visage bien-aimé d’Ezra et songeait au bien-aimé

Weitere Kostenlose Bücher