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La canne aux rubans

La canne aux rubans

Titel: La canne aux rubans
Autoren: Jean Grangeot
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d’œil, je me rends compte des travaux à effectuer et
de la façon de les mener.
    De retour le lendemain chez Corneliu, je lui fais mon
rapport et lui donne le montant de mes honoraires.
    — Tu es cher, Adolphe, mais nous n’avons pas le choix.
Es-tu sûr de tenir les délais ?
    — Oui mon frère, à condition que j’aie les hommes avant
la fin de la semaine et les matériaux dont voici la liste. J’en prends
l’engagement.
    — Je vois le ministre dans une heure et te fais porter
ensuite un pli chez toi.
    Puis, se détendant, il ajoute :
    — Comment va la charmante Julie ? Tu as le don de
faire revivre les femmes.
    — Non, Yvan, pas les femmes, ma femme.
    — Tu es marié ?
    — Non, mais ça ne saurait plus tarder. Je t’inviterai.
    J’emmène Julie dîner le soir-même à l’hôtel Bulevard.
    — Pourquoi retournons-nous dans ce grand hôtel ?
Tu veux inviter des clients ?
    — Oui.
    — Qui ?
    — Toi.
    Devant une table, assis face à face, dans cette grande salle
presque vide, je commande du champagne. Julie, très intriguée mais toujours
souriante, n’ose pas me poser de questions.
    — Tu te demandes pourquoi nous nous retrouvons ici pour
boire cette bouteille de France ? Nous fêtons un anniversaire, ma chérie.
Il y a deux ans, à peu près jour pour jour, nous dînions ici pour la première
fois ensemble. J’ai donc voulu marquer cet événement. De plus, je désirais te
demander de devenir Madame Bernardeau.
    Le visage de Julie devient pâle. Des larmes lui viennent aux
yeux. Elle reste muette, me prend la main, la serre très fort et murmure :
    — Merci, mille fois, merci de ta délicatesse… Je te
réponds un énorme oui ! Je ne puis bondir dans tes bras pour l’instant, le
personnel me prendrait pour je ne sais qui et je ne pourrais tenir debout car
mes jambes ne me porteraient pas. Je suis émue, mon Adolphe, comme jamais je ne
l’ai été.
    Deux petites larmes sillonnent ses joues. D’un geste rapide,
elle les essuie avec sa serviette.
    — Nous nous marierons donc dans les murs de notre
ambassade et tu organiseras toi-même un buffet où il te plaira, pour y recevoir
nos amis français et roumains.
    — Ta famille viendra-t-elle ? mon chéri.
    — Nous inviterons mes sœurs et leur famille ; mais
personne ne se dérangera, hélas !
    — Et tu as fixé la date ?
    — Oui, dans six semaines.
    — Quelle précision !
    — Une autre nouvelle, j’ai obtenu la réparation du pont
sur la ligne de Brasov et je pars après-demain.
    — Longtemps ?
    — Six semaines.
    — Six semaines sans te voir ?
    — Je sais que cela sera une épreuve pour tous deux,
mais le travail le veut. Songe donc que j’ai enfin un chantier à ma mesure et que
le ministère m’a donné un temps très court pour le réaliser.
    — Pourrais-je aller te voir ?
    — Bien sûr. Il doit y avoir une auberge à Breaza,
peut-être très rustique, mais tant pis.
    — Le principal est d’être ensemble. Je vais te préparer
ta valise, mon Adolphe.
    Personne ne s’est jamais occupé de mes affaires et encore
moins de ma valise ou de mon sac. Julie sort de l’armoire mes chemises,
tricots, chaussettes, etc. Le tout plié, repassé, sentant bon le frais. Pas un
bouton ne manque et les petits accrocs sont ravaudés finement. Je regarde et
admire cette abeille qui virevolte, s’arrête, choisit et vérifie. Elle range ou
met de côté, me demande conseil. Brusquement, elle se jette dans mes bras pour
m’embrasser.
    Je suis parti et roule vers Ploiesti. La marche des travaux
et leur organisation sont portées sur des plans succincts. Je n’aurai pas de
compagnon avec moi. Pourvu que les hommes qu’on va m’envoyer soient à la
hauteur du chantier !
    Durant un mois, je dors peu, mange de bric et de broc, mais
le travail se fait. J’ai avec moi des hommes de souche paysanne très forts
physiquement et durs à la tâche. Quatre charpentiers de Brasov mènent une
quarantaine de Roumains, de Turcs, et d’Hongrois. Je sens que ces hommes me
font confiance. Par mesure de précaution, je renforce les piliers, refais
toutes les traverses, rétablis une première voie et procède à des essais avant
de m’attaquer à la seconde. En fin de semaine, une Julie toute fraîche et
pimpante arrive. Ma fatigue s’envole et mes soucis s’effacent. Nous allons
admirer la campagne, les vergers et les fleurs. Breaza est renommée pour la
fabrication de ses blouses et de ses tapis. Leurs
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