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La chambre ardente

La chambre ardente

Titel: La chambre ardente Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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devineresses et les empoisonneuses oeuvraient.
    Il fallait s'introduire dans l'entourage de Mlle de Fontanges, lui présenter une pièce d'étoffe rare tissée à Lyon, qu'on avait préalablement imprégnée d'une poudre mortelle. Il fallait lui proposer aussi des gants de Grenoble remplis de poison.
    Marie-Marguerite ajoutait qu'elle n'avait pas compris ce que voulait dire l'un des complices de sa mère lorsqu'il avait déclaré :
    – Ce poison, dans l'étoffe des gants, fera mourir de langueur la Fontanges et l'on croira que ç'aura été du regret de la mort du Roi.
    Cela indiquait qu'on avait bien pour but de tuer le Roi !

    Tout s'ordonne, de nouveaux fils permettent de terminer la broderie.
    Marie-Marguerite Voisin se souvient d'une jeune femme brune, venue souvent chez sa mère. Elle avait surpris son nom : Mlle des OEillets.
    Cette jeune femme portait une robe troussée devant et derrière, à deux queues. Elle interdisait qu'on l'appelât par son nom et elle avait reproché à la Voisin de l'avoir fait. Mais tous les empoisonneurs qui fréquentaient la Voisin savaient que la demoiselle venait là au nom de sa maîtresse, la marquise Athénaïs de Montespan.
    Celle-ci voulait des poudres pour l'amour, qu'elle ferait prendre au souverain afin de le reconquérir.
    Son désir d'être à nouveau la seule maîtresse légitime était si fort, qu'elle était prête à accepter toutes les messes noires, à s'exposer le ventre et les seins nus aux abbés sacrilèges Guibourg et Mariette, et même à voir l'hostie consacrée par le sang d'un enfant égorgé.
    Elle, la maîtresse du Roi, elle, de si haute lignée qu'il lui arrivait d'affirmer que les Rochechouart de Mortemart pouvaient en remontrer aux Bourbons !
    Mais quand elle s'était aperçue que les poudres d'amour et les messes noires étaient sans effet, la marquise de Montespan, à en croire la Voisin qui l'avait rapporté à sa fille, avait « voulu tout porter à l'extrémité et l'avoir voulu engager à des choses où elle avait beaucoup de répugnance, et c'était action de mort contre le Roi ».
    Ces poudres d'amour et peut-être de mort, il fallait les porter à Mme de Montespan qui les tenait dans son carrosse, non loin de son château de Clagny, et Marie-Marguerite Voisin avait été chargée par sa mère de les remettre à la marquise.
    « Ce jour-là, jeudi, il fut convenu que la dame viendrait le lundi, qu'elle aurait un masque qu'elle ôterait, et elle, Marie-Marguerite Voisin, ferait semblant de cracher lorsqu'elle verrait la dame. Ce qui fut fait et, en passant sans s'arrêter, elle, fille Voisin, lui mit un petit paquet de poudre dans la main, qui n'était pas cacheté et que sa mère lui avait donné.
    « Une autre fois, entre Ville-d'Avray et Clagny, dans la plaine au bas du pavé, on eut ordre de se rendre à une certaine heure, et la dame fit arrêter son carrosse en apercevant la fille Voisin. Elle se tenait proche de la portière, et la fille Voisin lui remit un petit paquet où il y avait de la poudre passée sous le calice. »
    Marguerite a ainsi plusieurs fois été la messagère, la porteuse de poisons. Elle en remit aussi pour Madame la marquise de Montespan et Mlle des OEillets.
    « Mme de Montespan était encore bien plus empressée dans le temps où le Roi était en campagne... »

    En écoutant ces aveux, Nicolas Gabriel de La Reynie ne pouvait plus ignorer qu'au centre de la toile des empoisonneurs il y avait la marquise de Montespan et sa suivante, Mlle des OEillets. Ces deux femmes s'employaient à s'attacher le Roi par des drogues d'amour, à empoisonner sa jeune maîtresse, la Fontanges, et étaient même prêtes à commettre, par le poison, un régicide.
    En frémissant, La Reynie s'est confié à moi à sa manière, prudente et discrète, disant seulement :
    – Les hommes et les femmes que j'entends me font frémir. Il y a parmi eux des prêtres, mais ce sont des serviteurs du diable et non de Dieu.
    Je sais qu'il pensait à l'abbé Mariette et à l'abbé Guibourg. Il dit de ce dernier, un être monstrueux, au visage déformé par le vice :
    – C'est un homme extraordinaire qui paraît touché à des moments, et qui, à d'autres, parle de ce qu'il fera et de ce qu'il dira lorsqu'il sera brûlé et que la question extraordinaire lui sera appliquée, et qui parle de tuer ceux avec qui il est enfermé pour hâter sa condamnation et son supplice.
    Et c'est cet être-là qui a organisé plusieurs messes

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