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La chambre ardente

La chambre ardente

Titel: La chambre ardente Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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appels au démon, lui aussi était survivant.
    Tous ceux-là, Nicolas Gabriel de La Reynie est persuadé qu'ils détiennent des secrets dont ils n'ont livré que des bribes, et le silence et les imprécations de la Voisin à l'heure de sa mort ne l'ont pas satisfait.
    Elle n'a livré aucun nom.
    Peut-être, maintenant qu'elle est morte, les prisonniers du château de Vincennes dévoileront-ils les visages des dames de la Cour qui ont eu recours à eux ?

    La Reynie est au bord du grand secret et, pour avoir cité les noms de ces dames de la Cour, toutes un temps maîtresses du Roi, je sais qu'il ne cesse de penser à elles, à ce dont elles ont été capables pour garder le souverain entre leurs bras.

    En s'enfuyant, Olympe Mancini, comtesse de Soissons, a en fait reconnu les faits. Elle voulait empoisonner Mlle de La Vallière qui avait conquis le coeur du Roi.
    Et avait pris, ce faisant, le risque d'empoisonner le souverain.

    Il y avait la maîtresse régnante, celle dont personne n'osait, à la Bastille, au château de Vincennes, devant les juges de la Chambre ardente, prononcer le nom : Mme la marquise de Montespan, née Rochechouart de Mortemart, épouse du marquis de Montespan, amie de Mlle de La Vallière et ne rêvant que de la supplanter dans le coeur et le lit du Roi.
    Y parvenant parce qu'elle est d'une « beauté extrême », blonde aux yeux d'un bleu intense ; qu'elle est, par son lignage, d'une noblesse immémoriale, et qu'elle en a la dignité, l'indépendance souveraine, qu'elle jongle avec les mots, qu'elle fait rire le Roi, qu'elle conduit avec lui non seulement les ballets donnés à la Cour, mais les jeux de l'esprit. Qu'elle l'enchante, et qu'il la comble, et qu'il l'affiche. Qu'il reconnaît les bâtards qu'elle lui donne.
    Mais, peu à peu, l'attrait d'Athénaïs de Montespan s'émousse. Elle est souvent en couches. Elle grossit. Elle s'affadit, se ride en même temps qu'elle s'alourdit, et elle perd cette beauté et cet esprit des Mortemart qui enchantaient le Roi. Et lui-même se lasse, s'empâte, somnole souvent, s'inquiète du salut de son âme, tombe dans les rets de la dévôte Mme de Maintenon et des confesseurs jésuites qui le mettent en garde contre le double adultère qu'il commet en forniquant avec la marquise de Montespan.
    Il n'oublie rien des plaisirs qu'elle lui a donnés, mais, de même qu'il a écarté Mlle de La Vallière au profit de la marquise Athénaïs de Montespan, il s'éloigne peu à peu de cette dernière.
    Il invoque les exigences de la religion alors qu'en fait il est attiré par une jeune fille de dix-huit ans, Marie-Angélique, demoiselle de Fontanges, plus belle encore que ne le fut Athénaïs de Montespan, blonde elle aussi, venue à la Cour poussée par sa famille, persuadée que leur fille susciterait l'intérêt du Roi. Et c'est Athénaïs de Montespan, préférant organiser sa défaite que la subir passivement, qui a présenté Mlle de Fontanges au souverain.
    Il s'enflamme. Il néglige la marquise. Il affiche sa nouvelle passion. Il relègue ainsi dans une ombre dorée Athénaïs de Montespan.
    Humiliée et jalouse, celle-ci est persuadée qu'elle réussira un jour à reconquérir le Roi qui ne peut se satisfaire qu'un temps de cette Fontanges, « belle statue », mais vide d'esprit.

    Parmi les suivantes de la marquise de Montespan, il y a, soutenant la passion et l'amertume de sa maîtresse, cette demoiselle des OEillets qui, un temps, fut elle aussi prise par le Roi, puis rejetée après avoir été engrossée d'une petite fille qu'il ne voulut jamais légitimer.
    Comme la marquise Athénaïs de Montespan, la demoiselle des OEillets est pleine de haine et de mépris pour Marie-Angélique de Fontanges.
    J'ai recueilli des échos de cette guerre impitoyable :
    « La Fontanges, disait Mme de Montespan, est une fille stupide et sans éducation. Vraiment, il faut que le Roi ne soit point délicat pour aimer cette personne qui a eu des amourettes dans sa province. »
    Il lui faut subir, devant toute la Cour, l'indifférence du souverain, qui n'a même plus un regard pour celle qui fut la reine des fêtes, des ballets, des palais.
    Mais il lui faut ne pas perdre la face.
    Je les ai vues, l'ancienne et la nouvelle maîtresses, dans la chapelle du château de Saint-Germain, assistant à la messe en présence de Louis XIV. Elles se plaçaient devant les yeux du Roi, Mme de Montespan avec ses enfants sur la tribune, à gauche par rapport à

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