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La chambre ardente

La chambre ardente

Titel: La chambre ardente Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l'assistance, et Mlle de Fontanges à droite, tandis qu'à Versailles Mme de Montespan était du côté de l'Évangile et Mlle de Fontanges du côté de l'Épître. Elles priaient, chapelet ou livre de messe à la main, levant les yeux comme en extase, à l'instar de saintes.
    La cour de France, Illustrissimes Seigneuries, est la plus belle comédie du monde.

X.
    « Celle pour qui
cette messe noire est dite »
    Dans ce théâtre réglé qu'était la cour de France, dont le Roi était le coeur tout comme le Soleil est au centre de l'univers, la voix des prisonniers du château de Vincennes interrogés par Nicolas Gabriel de La Reynie fit autant de bruit que l'effondrement d'un décor sur une scène.
    Tout à coup, on voyait la machinerie, les coulisses sordides, les acteurs sans perruque, sans maquillage, sans dentelles et sans justaucorps de soie pour cacher leurs rides, leurs ulcères, leurs difformités.
    Mais on ne pouvait plus faire taire Marie-Marguerite Voisin qui avait commencé de se confier au lieutenant général de police.
    Et La Reynie résume ainsi les propos de la fille de la Voisin :
    – Ayant su que sa mère a été jugée, n'ayant plus rien à ménager, Marie-Marguerite Voisin veut reconnaître la vérité.
    Je lis dans les yeux de Nicolas Gabriel de La Reynie l'effroi qu'il a éprouvé en entendant parler la fille de la Voisin, et quand je l'ai rencontré quelques heures plus tard, son effarement n'avait pas disparu.
    – Il est vrai, lui avait rapporté Marie-Marguerite Voisin, que le placet que ma mère est allée porter à Saint-Germain quelques jours avant d'être arrêtée n'était à d'autre dessein que d'empoisonner le Roi par le moyen de ce placet.
    Ce que La Reynie avait à peine osé imaginer était énoncé par la propre fille de la Voisin.
    Elle avait poursuivi, expliquant que « la dame » détenait le placet dans son carrosse. Que cette « dame » l'avait remis à la Voisin et à la Trianon.
    – Elles revinrent poser le placet avec un petit paquet lié avec du fil. La Trianon dit qu'il fallait que cela ne fût à l'air. La Voisin le mit dans sa poche. Il fut parlé de cent mille écus et de passer en Angleterre.
    Tout n'était pas encore dévoilé. Mais La Reynie écrit qu'il était désormais avéré que la Voisin et la Trianon agissaient pour le compte d'une dame de condition, et que l'on payait l'action risquée qu'on leur demandait de la somme considérable de cent mille écus, en leur garantissant même une fuite en Angleterre.

    Le nom de la dame de condition n'était pas encore livré. Mais, au fur et à mesure des aveux que Nicolas Gabriel de La Reynie obtenait des prisonniers, et d'abord de Marie-Marguerite Voisin, des intentions et des visages se précisaient, en même temps que les liens qui unissaient ces devineresses et ces empoisonneurs apparaissaient.
    Ainsi l'empoisonneuse la Filastre était en relation avec la demoiselle La Grange, le chevalier de Vanens et le banquier Cadelan, auxquels elle fournissait des poudres, des drogues composées à partir de plantes vénéneuses, de venins de serpent et de crapaud.
    La Filastre allait les chercher en Auvergne ou bien chez un paysan de la région de Caen, Galet, qui préparait de la poudre d'amour.
    La Filastre connaissait aussi les prêtres sacrilèges, Guibourg et Mariette, et donc leur complice, Lesage. Elle racontait qu'elle avait accouché au milieu d'un cercle de bougies allumées, chacune de ces bougies représentant un démon, et les plus grosses, le Diable et Lucifer. Elle avait accepté que l'enfant fût égorgé, puisque c'était la condition posée par le Diable pour que réussisse ce qu'elle avait entrepris. Et ce que voulait Françoise Filastre, c'était entrer au service de Mlle de Fontanges, l'une des maîtresses du Roi. Pour cela, elle avait empoisonné une des servantes de la Fontanges, au courant de son passé.

    La vie de la Filastre était faite d'avortements, de meurtres d'enfants, d'envoûtements, de messes noires, de commerce de poisons.
    Dans quel but, si ce n'est pour empoisonner Mlle de Fontanges, aurait-elle déployé tant d'énergie et de détermination pour entrer au service de la jeune maîtresse du Roi ? Et pour le compte de qui aurait-elle agi ?
    Elle ne répond pas, mais c'est alors Marie-Marguerite Voisin qui parle :
    – Ma mère devait empoisonner Mlle de Fontanges, dit-elle, parce qu'elle avait supplanté Mme de Montespan, et c'était pour cette dernière que les

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