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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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attendit que la porte se soit refermée.
    — Mais à vrai dire, chuchota-t-il, nous ne pouvons plus faire grand-chose ici.
    — Monique ! s’exclama tout à coup Ranulf.
    — Pardon ?
    — Monique, expliqua Ranulf, radieux, de l’autre côté de la table. Je pensais à Monique, la mère de saint Augustin, qui priait tous les jours pour que son fils se convertisse.
    Son regard s’adoucit.
    — C’était sans doute une femme très forte et très patiente, ajouta-t-il. Je voudrais...
    Il s’interrompit.
    — Savons-nous quelque chose à son sujet ?
    Corbett donna une tape sur l’épaule de Ranulf.
    — Un véritable clerc, Ranulf, déclara-t-il, ne quitte jamais une bibliothèque sans avoir appris quelque chose. Il doit y avoir un livre d’hagiographie quelque part céans : La Vie des saints, précisa-t-il devant l’air ahuri de son serviteur.
    Il passa les étagères en revue et en sortit un énorme tome relié en veau qu’il déposa avec précaution sur la table. Il l’ouvrit et désigna les titres.
    — Tu vois, saint André, saint Boniface, saint Callixte...
    Il le compulsa.
    — L’écriture est très belle, chuchota Ranulf. Et les enluminures...
    — Sans doute l’oeuvre d’un moine copiste, dit Corbett.
    Il revint à la couverture du livre où le nom d’Henry Braose était clairement gravé.
    — Henry était sans nul doute un homme très fortuné, remarqua Ranulf.
    — À la fin de la guerre civile, expliqua son maître, Montfort et ses partisans ont été déshérités. Leurs terres, manoirs, châteaux, bibliothèques et trésors ont été déclarés prises de guerre. Édouard n’a pas oublié ceux qui l’avaient soutenu : Warrenne et Lacey ont été somptueusement récompensés. Ce fut un pillage en règle, remarqua Corbett. Et Braose en fut l’un des principaux bénéficiaires. Bon. Sainte Monique...
    Il feuilleta les pages jusqu’au chapitre qui commençait par un M peint en bleu et or. Il regarda au bas de la page et sursauta. Ranulf s’avança, aussi tourna-t-il vite le feuillet. Il trouva l’endroit où l’on évoquait sainte Monique et poussa le livre vers Ranulf qui s’en empara avec avidité et se mit à lire, bougeant silencieusement les lèvres. Corbett alla à la fenêtre afin de dissimuler son trouble. Il prit une profonde inspiration pour calmer les battements de son coeur. « Mais comment ? se demanda-t-il. Comment cela a-t-il pu se faire ? » Il étudia le jardin. L’assassin y était venu et s’était glissé entre les murs avec une arbalète. Mais pourquoi Ascham avait-il ouvert les volets ? Et qu’en était-il des autres meurtres ?
    — Messire, j’ai terminé.
    Corbett fit demi-tour, prit le livre et le replaça sur l’étagère. Il était certain qu’il y serait en sécurité : ce volume et celui qu’il avait trouvé dans la chambre d’Appleston étaient les seules preuves dont il avait réellement besoin.
    — Nous ferions mieux de partir.
    Ranulf prit son maître par l’épaule.
    — Messire, qu’y a-t-il ?
    Il sourit.
    — Vous avez découvert quelque chose, n’est-ce pas ?
    — J’ai un vague soupçon.
    Il lui fît un clin d’oeil.
    — Un soupçon n’est pas une preuve.
    — Et maintenant ?
    — Doucement, comme diraient les Français. Là, là, mon garçon. Viens, allons-y.
    Ils quittèrent la bibliothèque. Corbett était d’un calme exaspérant en arpentant le collège, l’escalier et les galeries. Près d’une porte de derrière, Ranulf s’arrêta et désigna un décrottoir de fer rivé au sol.
    — Exactement comme celui de St Michael, observa-t-il.
    — C’est pour nettoyer les bottes, dit Corbett, l’esprit ailleurs.
    — Selon Magdalena, la recluse, remarqua Ranulf, l’assassin de Passerel a trébuché sur celui de l’église.
    — Vraiment ? dit le magistrat en regardant le décrottoir. Il faut que nous nous rendions là-bas, ajouta-t-il énigmatiquement.
    Puis il sortit et scruta les différentes fenêtres, surtout celles de l’arrière du collège. Avant de s’en aller, il cueillit une rose rouge, encore humide de la rosée du matin. Quand ils débouchèrent dans la ruelle puante où Maltote avait été mortellement blessé, il ignora les regards curieux des soldats de Bullock et déposa la rose dans une niche du mur.
    — Un memento mori, se justifia-t-il. Mais viens, Ranulf, il est temps de prier.
    Ils se frayèrent un chemin vers l’église St Michael dans les rues encombrées par des

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