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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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rouge brique, Plan-Crépin le foudroya d’un regard indigné et courut vers sa chambre.
    — Qu’est-ce qui lui prend ? demanda Adalbert qui commençait à regretter de faire comme si Warren ne lui avait rien dit.
    C’était cruel et inutile, le patron du Yard n’ayant aucune raison de lui raconter des craques.
    Cependant et sachant parfaitement ce qui allait suivre, M me de Sommières lui adressait un sourire compatissant.
    — Vous ne semblez pas être au courant des dernières nouvelles de France…
    Il n’eut pas le temps de répondre : le génie de la vengeance était de retour et lui expédiait des journaux sur les genoux.
    — Et ça ? N’avez-vous que de mauvaises lectures ou serait-ce que la presse de la perfide Albion ne s’intéresse chez nous qu’aux gazettes croustillantes ? C’est pourtant écrit assez gros et l’on peut constater que notre ami Langlois a mis le paquet ! Et à cause de quoi croyez-vous que notre marquise a les yeux jusqu’au milieu de la figure ?
    Adalbert ne l’écoutait plus. Prenant les quotidiens l’un après l’autre, il les parcourait avec avidité en les froissant quelque peu.
    — Enlevés ? Qu’est-ce que ça signifie ?
    — Vous le demanderez à Langlois quand vous le verrez. Ce qui ne saurait tarder ! En attendant, rendez-les-moi ! ajouta-t-elle en raflant les journaux. Ils peuvent encore servir !
    — Est-ce que Lisa les a vus ?
    — Vous oubliez que, dans l’Italie fasciste, la presse est muselée et les feuilles de chou étrangères soumises à une sévère censure…, quand on les laisse paraître !…
    — De toute façon, soupira la marquise, le mal est fait en ce qui concerne Lisa. Quelqu’un l’aurait mise au courant de son infortune conjugale et c’est pour essayer de colmater le plus gros des dégâts que nous avons décidé de nous rendre là-bas !
    — Et vous m’avez donné la préférence ? fit-il, ébranlé.
    — Il nous a paru que c’était le plus urgent ! À présent, rien ne nous retient et c’est ce que nous allons faire dès notre retour à Paris. Ne fût-ce que pour passer Noël avec Lisa et les enfants…
    — Laissez-moi vous accompagner ! À nous trois, on aura plus de poids ! Mais tous ces voyages coup sur coup…
    — Dites « à votre âge » pendant que vous y êtes et je ne vous adresse plus la parole de ma vie ! gronda la vieille dame.
    Plan-Crépin mit son grain de sel.
    — … et puis le Super vous a prié de rester encore un moment et si vous lui ajoutez son collègue français qui ne serait pas fâché de bavarder avec vous, cela va prendre du temps. Et nous, on est pressées.
    — Pas à ce point, tout de même… surtout pour trouver maison vide. Si les choses en sont là, je serais fort étonné que Lisa n’aille pas se réfugier à Vienne auprès de sa grand-mère, en particulier pour cette fête qu’elle aime entre toutes, non ?
    Les deux femmes se regardèrent : dans leur marasme elles n’y avaient pas pensé ! Il en profita :
    — Croyez-moi ! Accordez-vous à vous-même une bonne nuit de repos… et à moi le plaisir de vous inviter à dîner… S’il vous plaît… Tante Amélie !
    Le mot signant un retour au bercail qu’elle n’osait plus guère espérer la fit sourire. À nouveau, elle l’embrassa.
    — Oui. Je crois que nous pouvons le faire.
    Rasséréné, il regagna sa propre chambre à l’étage au-dessus dans l’intention de s’étendre un moment pour essayer de mettre de l’ordre dans tout ce gâchis, mais il était à peine entré que le téléphone sonnait. Au bout du fil, Gordon Warren en personne, toujours aussi gracieux.
    — Si vous n’avez rien d’autre en perspective, un saut jusqu’ici serait une idée judicieuse ! J’ai quelques questions à vous poser.
    — Vous m’en avez déjà posé une flopée, il me semble ? émit d’un ton plaintif Adalbert qui n’avait aucune envie de ressortir sous la bourrasque – pluie et vent mélangés – qui se déchaînait depuis cinq minutes sur Londres.
    — Peut-être mais j’étais tellement furieux que j’en ai oublié. Alors rappliquez ! aboya l’appareil.
    — Et vous ne l’êtes plus ?
    — À peine, mais ça pourrait revenir !
    Un « clac » des plus expressifs mit fin à la communication. Avec un soupir, Adalbert sonna le portier et demanda un taxi…
     
    Ce n’était pas la première fois qu’il pénétrait dans le sanctuaire du « ptérodactyle », avec toujours la même impression d’accablement. Les sévères meubles

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