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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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se débrouillera avec les couverts ! J’ai demandé des asperges et des cailles farcies au foie gras ! Ça ne doit pas courir les rues au Texas !
    — Vous pourriez être surprise ! J’ai pris deux repas avec lui dans le train et, par exemple, il ne « sauce » pas avec un quignon de pain ! Vous vous attendiez à quoi ? Qu’il amène son cheval ?
    — Pourquoi pas ? Vous avez vu ses chaussures ? Il n’y manque que les éperons !
    C’était en effet le seul exotisme de sa tenue avec le feutre rond (resté au vestiaire, bien sûr) et le ruban de soie noir remplaçant la cravate sous le col à coins cassés de la chemise blanche : des bottes texanes noires, cirées à glace, mais à bouts pointus et talons taillés en biseau un peu plus haut que la normale. Comprenant qu’elle tenait à avoir le dernier mot, Aldo se contenta de sourire en la déposant à sa place, sachant que la suite se chargerait du démenti.
    Cornélius n’empoigna pas ses asperges pour les tremper dans la sauce mousseline et n’hésita pas sur le choix pour désosser ses cailles. Il avait peut-être fréquenté plus de cow-boys que de diplomates mais il avait été bien élevé. En revanche, il ne jugea pas utile de dissimuler le vif plaisir qu’il éprouvait à se trouver assis à cette table élégante… et stable !
    Depuis qu’il avait quitté au Havre le bateau qui l’avait amené depuis New York – et qui avait essuyé une vigoureuse tempête ! –, il avait sauté, sans respirer, du Calais-Paris puis pris un train pour Venise avant d’en revenir en compagnie d’Aldo, n’ayant passé qu’une nuit au Danieli. Ce qu’Aldo fit remarquer à l’assemblée.
    — Eh bien, fit M me de Sommières, on peut dire que vous étiez pressé !
    — Très, très pressé !
    — Mais ce n’était pas la première fois que vous veniez en Europe ?
    — Une fois en Angleterre… il y a longtemps, mais c’est tout ! Il faut comprendre ! Toujours beaucoup de labeur ! Mais j’aime ! Surtout au ranch ! Le pétrole sent mauvais ! Pas les chevaux, ni même les vaches et surtout pas l’immense campagne ! J’aime tant galoper dedans !
    À cette évocation, ses yeux se mirent à briller d’une joie quasi enfantine qui laissa ses auditeurs pantois.
    — Mais alors, émit Adalbert, comment en êtes-vous venu à courir d’un bateau à divers trains sans prendre le temps de souffler ?
    Avec cette simplicité ingénue qui faisait son charme, Cornélius ne vit aucun inconvénient à le renseigner.
    — L’amour ! Je suis devenu épris d’une femme tellement merveilleuse. Elle veut quelque chose, alors je cherche le quelque chose ! C’est tout simple !
    — Oui, c’est tout simple, soupira son hôtesse avec un rien d’admiration. Mais nous direz-vous comment vous l’avez rencontrée ? Une grande artiste, une célèbre cantatrice ne fréquente pas, habituellement, les plaines sans fin de votre Texas ? Cela ne va guère ensemble, non ?
    — Pas encore mais, si je réussis, cela ira peut-être un jour !
    — Ça, ça m’étonnerait ! chuchota Marie-Angéline pour le seul bénéfice d’Adalbert.
    Puis, plus haut :
    — Vous allez nous raconter comment vous avez fait sa connaissance ?
    Wishbone lui adressa un sourire rayonnant :
    — Un si beau jour !… J’étais allé à New York pour des achats, des contrats et voir des amis. Je n’ai pas de famille sauf un neveu qui est avocat, mais beaucoup d’amis… Le plus cher, c’est Charles Foster. Il y a deux mois, en disant qu’il fallait que je vive autrement que comme un sauvage, il m’a emmené au Metropolitan Opéra entendre Tosca. J’étais dans l’émerveillement ! Ensuite j’ai été conduit dans la loge de Miss Torelli. Elle m’a regardé. Elle m’a souri… et j’ai fondu de bonheur quand elle m’a permis de revenir la voir !
    — Combien de fois avez-vous entendu Tosca ? fit M me de Sommières, mi-amusée mi-apitoyée par tant de candeur.
    — Six ! Et aussi Madame Butterfly et aussi La Traviata ! Il faut dire qu’elle avait bien voulu que je la suive à Chicago et à San Francisco. C’est en rentrant à New York – elle a une maison à Long Island – que je lui ai demandé de m’épouser. Elle n’a pas dit non…
    — Oh, que c’est bien ! flûta Marie-Angéline qui trompait un commencement d’agacement en roulant des boulettes de pain.
    — Mais c’était déjà beaucoup ! répondit Cornélius, cramponné à son nuage rose. C’est un peu après qu’elle m’a dit qu’elle

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