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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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crois qu’on a fait le plein ! Va prendre ton train et embrasse la famille pour moi ! J’irai peut-être te rejoindre après tout… Ne fût-ce que pour voir ce que Marie-Angéline va faire de ton Américain.
    — Voilà comme j’aime t’entendre parler !… Femme, je suis fier de toi !
     
    Ce qu’on allait faire de l’Américain d’Aldo, c’était exactement la question qu’au même moment ladite Marie-Angéline du Plan-Crépin, noble famille remontant aux croisades, ce que la dernière descendante ne laissait jamais oublier, posait à la marquise de Sommières – Tante Amélie pour la tribu Morosini ! – avec laquelle elle cousinait et remplissait brillamment les fonctions multiples de lectrice, demoiselle de compagnie, garde du corps, âme damnée et service de renseignements, la provenance de ceux-ci trouvant le plus souvent leur source à la messe de 6 heures à l’église Saint-Augustin où Plan-Crépin s’était constitué une sorte d’agence occulte lui permettant de se tenir au courant de ce qui se passait non seulement dans le quartier Monceau, mais dans une bonne partie du Paris aristocratique ou simplement fortuné… Pourvue de cheveux jaunes frisottés et d’un long nez sensible, cette curieuse vieille fille possédait une vaste culture et des talents aussi multiples qu’inattendus. Elle avait souvent donné un sérieux coup de main au tandem Morosini-Vidal Pellicorne – celui-ci, égyptologue de son état ! – dans les diverses aventures qui s’étaient succédé à la suite de la recherche des pierres précieuses volées au Pectoral du Grand Prêtre du temple de Jérusalem, grâce à laquelle les deux hommes avaient lié une solide amitié. Parlant d’Adalbert, Lisa disait : « le plus que frère », et elle n’avait pas tort, même si quelques frictions se produisaient par-ci par-là. Quoi qu’il en soit, Marie-Angéline adorait les deux compères grâce à qui elle avait vécu des moments intenses… et espérait bien en vivre encore ! Aussi l’arrivée annoncée d’Aldo était-elle une fête pour elle mais, cette fois, elle ne parvenait pas à démêler si le supplément made in USA lui faisait plaisir ou non.
    Son goût de la nouveauté, sa curiosité toujours en éveil répondaient « oui », mais depuis l’affaire Marie-Antoinette, un rien de méfiance et d’inquiétude s’attachait à cette nation depuis qu’à la fête nocturne de Trianon poursuivie chez lady Mendl, elle avait vu pour la première fois Pauline Belmont, grande dame s’il en fut, artiste, intelligente et parée d’une beauté brune singulièrement émouvante et dont la cousine était certaine qu’Aldo n’y était pas insensible, ne serait-ce qu’à sa façon de la regarder et de lui baiser la main. Quant à Pauline elle-même, Plan-Crépin aurait juré qu’elle aimait Morosini de toute son âme, même si elle savait s’abriter sous une ironie légère et un réel sens de l’humour…
    — Plan-Crépin ! dit soudain M me de Sommières qui l’observait. Vous devriez laisser une chance de vie à cette rose ! Que vous a-t-elle fait ? C’est la troisième fois que vous la raccourcissez ! Si vous lui en voulez, coupez-lui la tête un bon coup et n’en parlons plus !
    L’interpellée, qui était en effet en train d’arranger dans un vase le grand bouquet que Lachaume venait de livrer, tressaillit, faillit se couper un doigt, lâcha tout et se tourna vers la marquise. Assise dans son fauteuil de rotin blanc au milieu de la végétation luxuriante de son jardin d’hiver où elle se tenait de préférence lorsqu’elle était à la maison, celle-ci la détaillait à travers son ravissant face-à-main d’or serti de petites émeraudes. Marie-Angéline devint ponceau.
    — Je ne sais pas ce que j’ai ce matin mais je n’arrive pas à me concentrer !
    — Moi, je le sais… ou plutôt je m’en doute ! C’est l’invité d’Aldo qui vous perturbe… et cela tout bêtement parce qu’il est américain. Ce qui est idiot !
    — Pourquoi ?
    — Allez donc chercher un Atlas dans la bibliothèque, ouvrez-le à la page des États-Unis et dites-moi quelle est à votre avis la distance qui sépare New York du Texas ?
    — Ce n’est pas la porte à côté !
    — Heureuse de vous l’entendre dire ! Alors voulez-vous m’expliquer par quelle alchimie le brave éleveur de bestiaux que nous attendons devrait se retrouver membre d’une des plus puissantes familles new-yorkaises ?
    — Mais je…
    —

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