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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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malaria par-dessus le marché, il ne devrait plus en avoir pour longtemps, votre locataire, conclut Vidal-Pellicorne. Alors, à votre avis ? Que se passera-t-il ? On emmènera le corps ou on l’enverra rejoindre Van Tilden dans la chapelle ?
    — Ah non ! Ça, on ne l’accepterait pas !
    — Non ? Et le fait accompli, vous connaissez ? On pourrait l’y mettre sans vous demander votre avis.
    Là-dessus, on monta se coucher, laissant Maître François à ses réflexions… Ou, du moins, on regagna les chambres mais on n’y resta pas. Quelques secondes à méditer et l’on en ressortait avec un bel ensemble pour se retrouver nez à nez.
    — Tu ne crois pas…, commença l’un.
    — Qu’on devrait téléphoner à Caroline ? Elle doit se faire un sang d’encre !
    — Oui, mais pour lui apprendre quoi ? Que son mari a disparu, qu’il est accusé de meurtre et que, de toute façon, il y a lourd à parier qu’il ne soit plus de ce monde ?…
    — Alors on attend demain ? Elle mettra peut-être le téléphone sur son lit avec une chance de s’endormir, mais si on lui dit où on en est, elle va sangloter durant toute la nuit…
    — Tu as raison, appelle-la demain et, si elle peut donner son bébé à garder, on la fait venir.
    — Pour reconnaître le corps ? Je ne suis pas sûr que ce soit une idée géniale ! Écoute, la sagesse populaire dit que la nuit porte conseil et on aura peut-être du nouveau demain. Si c’est mauvais, la solution sera d’appeler Tante Amélie ou plutôt Plan-Crépin, puisque c’est elle qui répondra, et de les expédier à Versailles toutes affaires cessantes !
    — Ça me paraît raisonnable ! Bonne nuit ! Enfin… tâche de dormir !
    — Toi aussi !
    Vœu pieux qui ne se réalisa que de façon unilatérale. Seul Adalbert, qui avait la faculté de pouvoir s’endormir sur commande et dans n’importe quelle position, réussit à trouver le sommeil. Aldo, de complexion plus nerveuse, fuma cigarette sur cigarette et ne ferma l’œil que peu avant le lever du jour.
    — Tu as une mine épouvantable ! constata Adalbert occupé à beurrer une tartine quand ils se retrouvèrent pour le petit déjeuner.
    — Je sais !… Et je ne suis pas certain que ça va s’arranger !
    Le dialogue s’arrêta là. M me Maréchal venait prévenir M. Vidal-Pellicorne qu’on le demandait au téléphone et il se hâta de la suivre. Mais ce fut pour revenir presque aussitôt conseiller à son ami d’avaler une tasse de café pendant qu’il allait chercher la voiture : le coup de téléphone émanait du professeur et il les attendait. Dix minutes plus tard ils roulaient vers Chinon.
    — Il t’a dit quoi ? demanda Aldo qui avait repris le volant.
    — Rien ou presque… sinon qu’il y a du neuf !
    — C’est tout ?
    — De sa part, c’est déjà beaucoup ! Surtout quand il est pressé !
    Ils le trouvèrent en effet enveloppé de ses tweeds gris et une canne à la main debout au seuil de sa maison, l’une des plus belles et des plus anciennes du Grand Carroi, centre névralgique de la vieille cité.
    — Où allons-nous ? demanda Morosini tandis qu’après un rapide échange de bonjours le professeur s’installait à la place d’Adalbert déjà réfugié à l’arrière.
    — Dans la forêt ! Je vous indiquerai !
    Comme il semblait décidé à ne rien dire de plus, on roula en silence. Il faisait un temps doux et maussade, légèrement brumeux qui, lorsqu’on y pénétra, conféra aux grands troncs jaunis par l’automne une atmosphère un peu mystérieuse. Les feuilles se raréfiaient sur les vieux arbres dont certains chênes aux énormes branches tordues par le temps étaient plusieurs fois centenaires. Quand la voiture stoppa dans une clairière dont le centre était occupé par une pierre plate posée sur deux autres plus petites formant un banc ou une table basse, l’air sentait la terre humide et la végétation pourrissante ainsi qu’une vague senteur de bois et d’encens… Enfin, gisait sur la pierre une longue forme étendue.
    — Qu’est-ce que c’est ? s’exclama Adalbert. On dirait… un corps !
    — C’en est un ! C’est même l’homme que vous cherchez. Amenez la voiture jusqu’auprès !
    — Il est… mort ? souffla Aldo.
    — Je ne pense pas. Pour ce que j’en sais, il est encore vivant !
    — Mais comment…
    — Plus tard, les explications ! La police va arriver !
    Sans attendre que la voiture s’arrête, Adalbert avait sauté à terre et couru vers la pierre. Un

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