Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
visiblement ravie de leur retour. L’instant d’après, le champagne coulait à flots pour rafraîchir les rescapés de la route, à qui Plan-Crépin laissa tout juste le temps d’en apprécier la saveur avant de les assaillir de questions auxquelles la marquise coupa court en tapant quelques vigoureux coups de canne sur le sol.
    — Un peu de calme, s’il vous plaît, Plan-Crépin ! Et d’abord le principal : Michel Berthier. L’avez-vous retrouvé ?
    — Oui. Mais il était temps car il était à moitié mort… en réalité ce n’est pas nous qui avons réalisé l’exploit.
    — Ah non ? Qui donc ?
    — Quelqu’un qu’Adalbert a connu quand il fréquentait le lycée Janson-de-Sailly et – tenez-vous bien ! – qui se trouve être de notre famille !
    Il s’attendait à des exclamations joyeuses mais n’eut droit qu’à des mines consternées.
    — Seigneur ! gémit Tante Amélie, ils ont rencontré le fou !
    — Je l’aurais juré ! soupira Marie-Angéline. On aurait dû les prévenir !
    — De quoi ? interrogea Aldo. Nous avons cru comprendre, en effet, qu’il n’était guère en odeur de sainteté chez vous, mais de là à le traiter de fou ! Je dirais bizarre ! Il est tout de même professeur au Collège de France !
    — On n’a jamais prétendu que c’était un âne ! répliqua sèchement la marquise. Je dirais même que c’est un puits de science, un historien reconnu, tout ce que tu voudras. Cela ne l’empêche pas d’être un homme impossible et un malotru ! Sais-tu comment il m’appelle, quand il parle de moi ? Le vieux chameau ! C’est agréable à entendre, non ?
    Aldo, qui retenait difficilement son envie de rire, demanda :
    — C’est inattendu en tout cas, concéda-t-il prudemment. Mais que lui avez-vous fait ? Il nous a appris qu’il avait été votre beau-frère, pourtant j’ignorais que vous aviez une sœur !
    — Même cette assertion est fausse ! Après la mort de mon frère Geoffroy, il a épousé sa veuve, Caroline, une jolie fille mais pas follement intelligente et qu’il traitait comme la boue de ses souliers. Comme elle était plutôt gentille et surtout sans aucune défense devant lui, c’est moi qui m’en suis chargée et je lui ai fait entendre quelques vérités premières qui n’ont pas eu l’heur de lui plaire. Nous avons eu des mots. En particulier le jour des obsèques de cette malheureuse dont je ne crains pas d’affirmer qu’il l’a fait mourir de désespoir. Cela s’est passé à la sortie du Père-Lachaise où il recevait les condoléances avec une sorte de désinvolture laissant entendre, en fond de tableau, que non seulement il n’éprouvait pas le plus petit chagrin de son veuvage mais était plutôt content d’être débarrassé d’une épouse relativement décorative dans les débuts mais devenue geignarde et aussi dépourvue de culture que de jugeote. Alors j’ai pris feu !
    — Qu’avez-vous fait ? demanda Aldo, de plus en plus amusé.
    Ce fut Plan-Crépin qui se chargea de la réponse :
    — Oh, c’était grandiose !
    — Vous y étiez ?
    — Bien sûr. Il y avait là le Tout-Paris pensant : l’Académie, le Collège de France, quelques ministres, l’Université, j’en passe et des meilleures, mais cela n’a pas empêché notre marquise de lui faire entendre sa façon de penser à très haute et très intelligible voix. En termes choisis, je précise ! C’est tout juste si elle ne l’a pas carrément traité d’assassin.
    — Pas moins ?
    — C’était un véritable chef-d’œuvre de la litote. Jamais l’appellation n’a été prononcée mais les termes en était si heureusement choisis, en dépit de la colère, qu’ils n’accordaient pas la moindre place au doute. C’est au point que le lendemain, nous avons reçu la visite discrète du préfet de police venu s’enquérir si nous n’aurions pas quelques faits susceptibles d’intéresser ses services…
    — Que lui avez-vous répondu, Tante Amélie ?
    — Pas grand-chose ! Je lui ai fait comprendre qu’être en butte jour après jour, mois après mois, année après année à la méchanceté, pouvait mener au tombeau aussi sûrement qu’un coup de revolver. Seulement c’est plus long ! Comme c’était un homme intelligent, je crois qu’il m’a fort bien comprise. Tu vois que ton nouveau cousin – puisque c’est malheureusement vrai ! – a une bonne raison de me traiter de vieux chameau… même si ce n’est pas fort élégant !
    — Quant à sa femme,

Weitere Kostenlose Bücher