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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dos
aux Russes qui approchaient, il regarda à gauche et à droite en brandissant son
fusil. « Vous avez entendu ce qu’a dit le commandant ?» Il agita son
arme comme s’il s’apprêtait à se retourner contre les fuyards, puis la pointa
sur Azov.
    Quitte à tirer sur les siens,
plutôt abattre un officier qu’un soldat !
    Azov le regarda fixement ;
pendant une seconde, le temps parut s’arrêter. Grigori tira.
    Sa première balle atteignit le
cheval qui fit un écart. Ce qui lui sauva la vie car Azov avait tiré en même
temps. Mais le brusque mouvement de sa monture fit dévier la balle. Sans
réfléchir, Grigori manœuvra la culasse mobile et tira à nouveau.
    Le deuxième projectile manqua
également sa cible. Grigori jura. Il était vraiment en danger à présent. Le
commandant aussi.
    Se débattant avec son cheval, Azov
était incapable de viser. Grigori suivait les mouvements saccadés du canon de
son fusil. Il tira pour la troisième fois. Sa balle atteignit le commandant qui
tomba lentement de sa monture. Avec une sombre satisfaction, Grigori vit le
corps pesant s’enfoncer dans la boue.
    L’animal s’écarta en vacillant
et, subitement, s’assit sur la croupe comme un chien.
    Grigori s’approcha d’Azov. Le
commandant gisait sur le dos, les yeux ouverts, immobile mais toujours en vie.
Du sang coulait du côté droit de sa poitrine. Grigori regarda autour de lui.
Les fuyards étaient trop loin pour avoir vu la scène distinctement ; quant
à ses hommes, il avait en eux une confiance absolue. Il leur avait sauvé la vie
tant de fois ! Il appuya le canon de son fusil sur le front d’Azov. « Pour
tous les bons Russes que tu as tués, salopard d’assassin ! » Il
grimaça un sourire, lèvres écartées. « Et pour ma dent de devant »,
ajouta-t-il avant de tirer.
    Le corps du commandant devint
flasque, il cessa de respirer.
    Grigori regarda ses hommes. « Le
commandant a malheureusement été abattu par une balle ennemie. Retraite !
    — Hourrah ! » s’exclamèrent-ils
et ils partirent en courant.
    Grigori s’approcha du cheval qui
essaya de se relever, mais il avait visiblement une jambe cassée. Grigori posa
son fusil contre l’oreille de l’animal et tira sa dernière cartouche. Le cheval
s’affaissa sur le côté et s’immobilisa.
    Cette pauvre bête lui inspira
plus de pitié que le commandant Azov.
    Il s’élança derrière ses hommes.
    2.
    Après l’échec de l’offensive Broussilov,
Grigori reçut l’ordre de regagner la capitale, rebaptisée depuis peu Petrograd,
le nom Saint-Pétersbourg ayant une consonance trop germanique. On avait
apparemment besoin de soldats aguerris pour protéger le tsar, sa famille et ses
ministres de la vindicte populaire. Les vestiges de son bataillon fusionnèrent
avec un corps d’élite, le 1 er  régiment de mitrailleurs, et
Grigori prit alors ses quartiers dans la caserne de la perspective
Samsonievski, dans le district de Vyborg, quartier ouvrier d’usines et de
taudis. Les soldats du 1 er  mitrailleurs étaient bien nourris et
correctement logés. On espérait les convaincre ainsi de défendre un régime haï.
    S’il était heureux d’être de
retour, Grigori éprouvait une certaine appréhension à l’idée de revoir Katerina.
Bien sûr, il était impatient de la retrouver, d’entendre le son de sa voix et
de tenir son enfant – son neveu – dans ses bras, mais en même temps,
il s’inquiétait du déSir qu’elle lui inspirait. Celle qui était son épouse
sur le papier avait en vérité choisi son frère, et Vladimir était le fils de
Lev. Grigori n’avait pas le droit d’aimer cette femme.
    Il envisagea même de ne pas la
prévenir de son retour ; dans une ville de plus de deux millions d’habitants,
il avait peu de chances de tomber sur elle par hasard. Mais il n’en eut pas le
courage.
    Le premier jour, ils furent
consignés à la caserne, et il enragea de ne pas pouvoir rejoindre Katerina. Au
lieu de quoi, ce soir-là, accompagné d’Isaak, il prit contact avec d’autres
bolcheviks à l’intérieur de la garnison et accepta d’organiser un groupe de
discussion.
    Le lendemain matin, sa section
fut intégrée à la garde affectée à la protection du palais du Prince Andreï,
son ancien seigneur, à l’occasion d’un banquet. C’était un immeuble rose et
jaune, situé quai des Anglais, le long de la Neva. À midi, les soldats prirent
position sur les marches. Des nuages bas, chargés de pluie,

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