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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Grigori fut obligé de progresser à la même allure que
les autres sections. Impossible de se laisser délibérément distancer. Il
commença à s’inquiéter. Il ne voulait pas que ses hommes se trouvent parmi
cette masse de soldats quand les Autrichiens ouvriraient le feu.
    Au bout de deux kilomètres
environ, le chemin rétrécit encore et la cadence ralentit. Les hommes de tête
se mirent en file indienne. Grigori décida de saiSir sa chance. Feignant d’être
agacé par ce piétinement, il quitta le sentier et entra dans l’eau. Ses hommes
en firent autant. La section suivante accéléra le pas pour combler l’espace.
    Grigori avait de l’eau jusqu’à la
poitrine. Dans cette boue visqueuse, on ne pouvait avancer que très lentement.
Comme prévu, sa section fut bientôt dépassée par les autres.
    Le lieutenant Kirillov,
remarquant le manège, cria d’un ton irrité : « Hé, vous, les soldats !
Remontez sur le chemin !
    — Oui, Votre Excellence »,
répondit Grigori et, tout en faisant semblant de chercher un sol plus ferme, il
entraîna ses hommes encore plus loin.
    Le lieutenant jura et renonça.
    Grigori étudiait le terrain avec
autant de soin que les officiers, mais pour des raisons bien différentes :
ils cherchaient l’armée autrichienne, lui un endroit où se dissimuler avec sa
section.
    Il continuait d’avancer, en
laissant plusieurs centaines de soldats le dépasser. Que la garde se batte
puisqu’elle est tellement fière d’elle-même, songeait-il.
    Vers le milieu de la matinée, il
entendit les premiers coups de feu au loin. L’avant-garde avait engagé le
combat. Il était temps de se mettre à l’abri.
    Grigori parvint à un point légèrement
surélevé où le sol était plus sec. Le reste de la compagnie du commandant Azov
était maintenant très loin devant, hors de vue. Du haut de son promontoire,
Grigori cria : « Garez-vous ! Position ennemie devant à gauche ! »
    Il n’y avait pas plus d’ennemis
que de beurre en broche et ses hommes le savaient. Ce qui ne les empêcha pas de
se laisser tomber derrière des arbres et des buissons, fusils braqués dans la
direction indiquée, au-delà du versant. Grigori tira une cartouche contre un
bosquet à cinq cents mètres de là, pour vérifier s’il n’avait pas choisi, par
malheur, un endroit où se trouvaient effectivement des Autrichiens. Il n’y eut
aucun coup de feu en retour.
    Aussi longtemps qu’ils ne
bougeraient pas d’ici, ils seraient en sécurité, se dit Grigori non sans
satisfaction. Au cours de la journée, il se passerait bien quelque chose. Ou
bien, ce qui était le plus probable, dans les heures à venir, les soldats
russes, portant leurs blessés, se replieraient à travers les marais, l’ennemi
aux trousses – et dans ce cas, sa section se joindrait aux troupes en
retraite ; ou bien, n’ayant vu personne revenir à la nuit tombée, il en
déduirait que les Russes avaient remporté la bataille et il conduirait son
groupe en avant pour participer aux réjouissances. Mais en attendant, il
fallait que ses hommes continuent à simuler un engagement contre une position
autrichienne.
    Rester couché par terre des
heures durant à regarder devant soi en faisant semblant de scruter le terrain à
la recherche d’ennemis inexistants était d’un ennui pesant. Les soldats avaient
tendance à se mettre à manger et à boire, à fumer, à jouer aux cartes, ou à
piquer un roupillon, ce qui risquait de ne pas faire illusion bien longtemps.
    Mais ils n’eurent pas le temps de
prendre leurs aises. Le lieutenant Kirillov surgit à deux cents mètres sur leur
droite, de l’autre côté d’un étang. Grigori gémit : il allait tout faire
rater. « Qu’est-ce que tu fous là-bas avec tes hommes ? brailla
Kirillov.
    — Couchez-vous, Excellence ! »
lui cria Grigori en retour.
    Isaak tira un coup de fusil en l’air
et Grigori plongea. Kirillov en fit autant, puis rebroussa chemin.
    Isaak rit sous cape. « Ça
marche à tous les coups. »
    Grigori n’en était pas aussi sûr.
Kirillov avait eu l’air irrité, comme s’il se doutait qu’on se moquait de lui
mais ne savait pas comment réagir.
    Grigori entendait le mugissement,
le fracas et le grondement de la bataille. Il la situait à un kilomètre et demi
d’eux et il ne semblait pas y avoir de mouvements de troupes.
    Le soleil monta dans le ciel,
séchant ses vêtements détrempés. Il commençait à avoir faim et grignota un
morceau de

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