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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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bien »,
fit-elle, mais il voyait bien qu’elle ne doutait pas du résultat.
    Il se leva. « Il faut que j’aille
me préparer pour me coucher, dit-il en se dirigeant vers la porte.
    — Quand vous serez prêt…
revenez, je vous en prie. J’ai envie que vous me serriez contre vous. »
    Fitz sourit. « Bien sûr. »
    3.
    Le jour où le droit de vote des
femmes devait être débattu à la Chambre, Ethel organisa un rassemblement dans
une salle proche du palais de Westminster.
    Elle travaillait à présent pour
le syndicat national des ouvriers du textile qui n’avait été que trop heureux d’engager
une militante renommée. Sa mission principale consistait à recruter des membres
parmi les femmes surexploitées des ateliers de l’East End, mais le syndicat
croyait à l’action politique autant qu’à la lutte sur le lieu de travail.
    La rupture de ses relations avec
Maud l’attristait. Peut-être y avait-il toujours eu quelque chose d’artificiel
dans cette amitié entre la sœur d’un aristocrate et son ancienne intendante.
Pourtant Ethel avait cru qu’elles pourraient dépasser cette différence de
classe. En réalité, Maud avait toujours été convaincue, inconsciemment
peut-être, qu’elle était née pour commander et Ethel pour obéir.
    Ethel avait espéré que le vote du
Parlement aurait lieu avant la fin du rassemblement pour pouvoir annoncer les
résultats, mais les débats se prolongèrent et elle dut lever la réunion à dix
heures. Elle se rendit alors avec Bernie dans un pub de Whitehall fréquenté par
des députés travaillistes pour attendre l’issue du scrutin.
    Il était onze heures passées et
le pub s’apprêtait à fermer quand deux députés firent irruption. Apercevant
Ethel, l’un d’eux lui lança :
    « On a gagné ! Enfin,
vous avez gagné. Vous, les femmes. »
    Elle n’en revenait pas. « La
loi a été votée ?
    — À une écrasante majorité :
trois cent quatre-vingt-sept voix contre cinquante-sept !
    — On a gagné ! »
Ethel embrassa Bernie. « On a gagné !
    — Bravo, dit-il. Tu peux
savourer la victoire. Tu le mérites. »
    Impossible de boire un verre pour
fêter ça. La nouvelle réglementation en temps de guerre interdisait aux bars de
servir au-delà d’une certaine heure. Ces dispositions étaient censées améliorer
la productivité de la classe ouvrière. Ethel et Bernie sortirent dans Whitehall
pour attraper un bus qui les reconduirait chez eux.
    Ethel était euphorique.
    « Je n’y crois pas, dit-elle
tandis qu’ils attendaient le bus. Après tant d’années… ça y est, les femmes ont
le droit de vote. »
    Un passant l’entendit, un homme
en tenue de soirée qui marchait avec une canne.
    Elle reconnut Fitz.
    « Ne vous réjouissez pas
trop vite. La Chambre des lords rejettera cette loi. »

XXVII.
Juin-septembre 1917
    1.
    Walter von Ulrich se hissa hors de
la tranchée et, au péril de sa vie, s’avança dans le no man’s land.
    L’herbe et les fleurs sauvages
repoussaient dans les trous d’obus. C’était une douce soirée d’été dans une
région qui avait été jadis polonaise, puis russe, et qui était à présent
partiellement occupée par les troupes allemandes. Walter avait enfilé un
manteau passe-partout sur un uniforme de caporal. Il s’était sali le visage et
les mains par souci d’authenticité. Il arborait une casquette blanche en guise
de drapeau blanc et portait un gros carton sur l’épaule.
    Il se répétait qu’il n’avait
aucune raison d’avoir peur.
    Il distinguait confusément les
positions russes dans le crépuscule. Les tirs avaient cessé depuis des
semaines. Son apparition éveillerait certainement plus de curiosité que de
soupçons.
    S’il se trompait, il était mort.
    Les Russes préparaient une
offensive. Les éclaireurs et les avions de reconnaissance allemands signalaient
de nouveaux déploiements de troupes sur le front et le déchargement de camions
remplis de munitions. Ces informations avaient été confirmées par des soldats
russes affamés qui avaient déserté leurs lignes pour se rendre aux Allemands
dans l’espoir d’en obtenir un repas.
    Les signes de cette offensive
imminente avaient profondément déçu Walter. Il avait escompté que le nouveau
gouvernement russe serait incapable de poursuivre la guerre. À Petrograd,
Lénine et les bolcheviks réclamaient la paix avec véhémence et inondaient le
pays de tracts et de journaux – financés par de l’argent

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