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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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arrivants : « Le
peuple allemand souhaite la paix tout autant que vous. Si vous ne nous attaquez
pas, nous ne vous attaquerons pas.
    — Buvons à ça !» s’écria
l’un des nouveaux venus, déclenchant une ovation de voix éraillées.
    Walter craignait que le bruit n’attire
l’attention d’un officier. Il se demandait comment convaincre les Russes de
baisser le ton malgré le schnaps. Mais il était déjà trop tard. Une voix forte
et autoritaire s’éleva : « Que vous arrive-t-il ? Qu’est-ce que
c’est que ce raffut ? »
    Les soldats s’écartèrent pour
laisser passer un homme de haute taille en uniforme de commandant. Il posa les
yeux sur Walter : « Qui êtes-vous, vous ? »
    Walter se sentit défaillir. Il
était indéniablement du devoir de l’officier de le faire prisonnier. Les
renseignements allemands savaient comment les Russes traitaient leurs
prisonniers de guerre. Tomber entre leurs mains, c’était être condamné à mourir
lentement de faim et de froid.
    Il s’obligea à sourire et lui
tendit la dernière bouteille intacte.
    « Vous voulez boire un coup,
commandant ?»
    L’officier l’ignora et se tourna
vers Gavrik.
    « À quoi jouez-vous
exactement ? »
    Gavrik ne parut pas le moins du
monde impressionné.
    « Les hommes n’ont pas dîné
aujourd’hui, mon commandant. Je pouvais difficilement leur interdire d’accepter
un peu d’alcool.
    — Vous auriez dû le faire
prisonnier ! »
    Feodor rétorqua : « Nous
ne pouvons pas le faire prisonnier maintenant que nous avons bu ses bouteilles. »
Il avait déjà la voix empâtée. « Ce ne serait pas juste ! »
    Les hommes braillèrent leur
assentiment.
    Le commandant s’adressa à Walter.
    « Vous êtes un espion. Je
devrais vous abattre sur place. »
    Il posa la main sur l’étui
accroché à sa ceinture.
    Les soldats protestèrent
bruyamment. Le commandant ne décolérait pas, mais il n’insista pas, préférant manifestement
éviter un conflit avec ses hommes.
    « Je ferais mieux de m’en
aller, leur dit Walter. Votre commandant n’est pas très accueillant. Et puis,
il y a un bordel à l’arrière de nos lignes, avec une blonde à gros seins qui
doit se sentir un peu seule… »
    Les hommes s’esclaffèrent. C’était
presque vrai. Il y avait en effet un bordel, mais Walter n’y était jamais allé.
    « N’oubliez pas. Si vous ne
vous battez pas, nous ne nous battrons pas non plus. »
    Il escalada le bord de la
tranchée. C’était le moment le plus dangereux. Il se releva, fit quelques pas,
se retourna, agita la main et s’éloigna. Leur curiosité était satisfaite et le
schnaps épuisé. Ils pouvaient fort bien se rappeler soudainleur devoir
et abattre l’ennemi. Il avait l’impression d’avoir une cible dessinée dans le
dos.
    La nuit tombait, il serait
bientôt hors de vue. Il n’était qu’à quelques mètres du salut. Il dut faire un
effort de volonté surhumain pour ne pas prendre ses jambes à son cou. Au risque
de se prendre une balle. Les dents serrées, il continua d’avancer d’un pas
tranquille au milieu des obus qui n’avaient pas explosé.
    Il jeta un coup d’œil derrière
lui. Il ne voyait plus la tranchée. Ils ne pouvaient plus le voir, eux non
plus. Il était sauvé.
    Il respira plus librement et
poursuivit son chemin. Il avait bien joué. Et appris beaucoup de choses. Même
si ce secteur ne brandissait pas de drapeaux blancs, les Russes étaient en
piteux état pour des hommes qui étaient censés se battre. Le mécontentement et
la révolte grondaient et les officiers maintenaient la discipline à
grand-peine. Le sergent avait veillé à ne pas les contrarier. Le commandant n’avait
pas osé le faire prisonnier. Un tel état d’esprit ne pouvait inciter les hommes
à marcher vaillamment au combat.
    Arrivé en vue des lignes
allemandes, il cria son nom et le mot de passe convenu. Il se glissa dans la
tranchée. Un lieutenant le salua.
    « Sortie fructueuse ?
    — Oui, merci. Très fructueuse. »
    2.
    Dans la vieille chambre de
Grigori, Katerina était allongée sur le lit, vêtue d’une simple chemise légère.
La fenêtre était ouverte sur la douceur de juin et sur le vacarme des trains
qui passaient à quelques mètres. Elle était enceinte de six mois.
    Du bout du doigt, Grigori
parcourut les courbes de son corps, depuis l’épaule en passant par un sein
rond, suivant la ligne des côtes, le renflement du ventre, le galbe de la
cuisse.

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