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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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avec d’abondantes toisons pubiennes. La plupart des hommes du
bataillon les avaient empruntées à un moment ou à un autre.
    « Pourquoi ? demanda
distraitement Billy qui surveillait l’ennemi.
    — Je ne voudrais pas qu’on
les renvoie chez lui à Aberowen.
    — Ah, oui.
    — Qu’est-ce que j’en fais ?
    — Bon sang de bois, Tommy,
on verra ça plus tard, tu veux bien ? Pour l’instant, j’ai quelques
centaines de foutus Allemands sur le dos.
    — Pardon, Bill. »
    Combien étaient-ils, ces
Allemands ? Les évaluations sur le terrain étaient difficiles, mais Billy
estimait en avoir vu au moins deux cents, sans compter ceux qui étaient au-delà
de son champ de vision. C’était probablement un bataillon. Sa section de
quarante hommes ne pourrait pas riposter.
    Que faire ?
    Il n’avait pas vu d’officier
depuis plus de vingt-quatre heures. Il était le plus gradé ici. Il était
responsable. Il devait élaborer un plan.
    Il avait depuis longtemps renoncé
à se fâcher contre l’incompétence des officiers supérieurs – encore un
aspect du système de classe que son éducation lui avait appris à mépriser.
Pourtant, dans les rares occasions où le poids du commandement reposait sur ses
épaules, il n’y prenait aucun plaisir, en éprouvait au contraire toute la
charge, et craignait de prendre de mauvaises décisions qui conduiraient ses
camarades à la mort.
    Si les Allemands attaquaient de
front, sa section serait débordée. D’un autre côté l’ennemi ignorait leur
faiblesse. Pouvait-il tenter de lui faire croire qu’ils étaient plus nombreux ?
    L’idée de battre en retraite lui
traversa l’esprit. Mais les soldats n’étaient pas censés fuir à la moindre
attaque. Il occupait une position défensive et devait essayer de la tenir. Il
allait résister, provisoirement en tout cas. Une fois cette première décision
prise, les autres suivirent plus facilement. « Envoie-leur encore un coup
de grosse caisse, George ! » cria-t-il. Comme la Lewis ouvrait le
feu, il remonta la tranchée. « Tirez sans relâche, les gars. Faites-leur
croire qu’on est des centaines. »
    Il vit le corps de Dai Powell
allongé sur le sol, un trou dans la tête au milieu d’une éclaboussure de sang
qui noircissait déjà. Dai portait un des pulls de sa mère sous sa tunique d’uniforme :
un horrible tricot marron qui lui avait sûrement tenu chaud. « Repose en
paix, l’ami », murmura Billy.
    Un peu plus loin, il tomba sur Johnny
Ponti. « Sers-toi de ton Stokes, Johnny. Fais-les danser.
    — D’accord. » Il ajusta
le mortier sur son bipied au fond de la tranchée. « Quelle distance ?
Cinq cents mètres ? »
    Le coéquipier de Johnny, un
garçon au visage boursouflé, n’était autre que Graisse-de-rognon Hewitt. Il
bondit sur la marche de tir et répondit : « Oui, cinq à six cents. »
    Billy jeta un coup d’œil à son
tour. Mais Graisse-de-rognon et Johnny avaient déjà souvent travaillé ensemble.
Ils étaient les mieux placés pour décider.
    « Deux portions alors, et
quarante-cinq degrés », dit Johnny. Les obus autopropulsés pouvaient
recevoir un complément de charge propulsive par portion pour allonger leur
portée.
    Johnny rejoignit Hewitt sur la
marche de tir pour mieux repérer les Allemands et régla sa visée. Les soldats
les plus proches d’eux prirent leurs distances. Johnny lâcha un obus dans le
fût. Quand il toucha le fond, un percuteur alluma la charge propulsive et le coup
partit.
    Trop court. L’obus explosa assez
loin des premiers soldats ennemis. « Cinquante mètres de plus et un poil
plus à droite », cria Graisse-de-rognon.
    Johnny rectifia et tira encore.
Le deuxième obus atterrit dans le cratère où des Allemands s’étaient réfugiés. « Dans
le mille ! » s’exclama Graisse-de-rognon.
    Billy ne pouvait pas voir si des
Allemands avaient été touchés, mais le feu continu les obligeait à rester à
plat ventre. « Tu leur en envoies encore une dizaine comme ça »,
dit-il.
    Il arriva derrière Robin
Mortimer, l’officier dégradé, qui, perché sur la marche, tirait à une cadence
soutenue. Mortimer s’interrompit pour recharger et croisa le regard de Billy.
    « Faudrait aller chercher
des munitions, le Gallois. » Il parlait toujours d’un ton bourru, même
quand il donnait des conseils précieux. « Ferait beau voir qu’on tombe
tous en panne en même temps. »
    Billy acquiesça. « Bonne
idée, merci. »

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