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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de
biscuits par terre d’un coup de poing. « Vous êtes ici pour vous battre,
pas pour vous goinfrer, espèce de crétin ! gronda-t-il. Avancez ! »
    Quelque chose heurta son pied. Il
vit un lapin disparaître dans la brume. L’artillerie avait dû détruire leurs
terriers.
    Pour vérifier qu’il se dirigeait
toujours vers l’ouest, il consulta sa boussole. Il ne savait pas si les
tranchées qu’il croisait étaient des boyaux de communication ou de
ravitaillement et ne pouvait donc se fier à leur orientation.
    Les Anglais avaient imité les
Allemands en créant de multiples lignes de tranchées. Après avoir passé la première,
il s’attendait à en trouver une deuxième solidement défendue, celle qu’on
appelait la « ligne rouge », puis, s’il arrivait jusque-là, une
troisième, un ou deux kilomètres plus loin, la « ligne brune ».
    Ensuite, il n’y aurait plus que
la campagne jusqu’à la côte.
    Des obus explosèrent dans la
brume au-dessus d’eux. Cela ne pouvait pas venir des Anglais ! Ils ne
tireraient quand même pas sur leurs propres défenses ! C’était sans doute
la deuxième vague du barrage roulant allemand. Ses hommes et lui risquaient d’être
à distance de tir de leur propre artillerie. Il se retourna. Heureusement, la
plupart de ses hommes étaient derrière lui. Il leva les bras. « À couvert !
cria-t-il. Passez le mot ! »
    Ils ne se le firent pas dire deux
fois. Ils avaient compris. Ils revinrent sur leurs pas et sautèrent dans des
tranchées vides.
    Walter était aux anges :
tout se déroulait parfaitement.
    Trois soldats britanniques
gisaient au fond de la tranchée. Deux ne bougeaient plus, le troisième
gémissait. Où étaient les autres ? Avaient-ils fui ? Ou s’agissait-il
d’une escouade suicide chargée de défendre une position indéfendable pour
permettre à ses camarades de battre en retraite ?
    L’un des morts était un homme
extraordinairement grand, doté de mains et de pieds énormes. Grunwald entreprit
aussitôt de lui retirer ses chaussures. « C’est ma taille ! »
dit-il à Walter en guise d’explication. Walter n’eut pas le cœur de l’en
empêcher : les godillots de Grunwald étaient troués.
    Il s’assit pour reprendre son
souffle. En repensant au déroulement de la première phase, il dut admettre qu’elle
n’aurait pas pu mieux se passer.
    Au bout d’une heure, les canons
allemands se turent à nouveau. Walter rassembla ses hommes et repartit.
    À mi-pente d’une longue côte, il
entendit des voix. Il leva la main pour arrêter ses soldats. Devant, quelqu’un
dit en anglais : « J’y vois que dalle ! »
    L’accent lui rappelait quelque
chose. Était-il australien ? Plutôt indien.
    Une autre voix répondit, avec le
même accent : « S’ils peuvent pas te voir, ils peuvent pas te tirer
dessus ! »
    En un éclair, Walter fut
transporté quatre ans en arrière, dans la grande maison de campagne de Fitz au
pays de Galles. Ses domestiques parlaient de cette façon-là. Ces hommes, perdus
au milieu d’un champ français dévasté, étaient gallois.
    Loin au-dessus de sa tête, le ciel
sembla s’éclaircir un peu.
    3.
    Le sergent Billy Williams scrutait
le brouillard. Les tirs d’artillerie avaient cessé, Dieu merci, mais cela
annonçait l’arrivée des Allemands. Qu’était-il censé faire ?
    Sa section occupait une redoute,
un poste défensif sur une butte, en arrière de la ligne de front. Par temps
clair, leur position offrait une vue dégagée sur une longue déclivité
aboutissant à un tas de décombres qui avait dû être une ferme autrefois. Une
tranchée les reliait aux autres redoutes, désormais invisibles. Les ordres leur
venaient normalement de l’arrière, mais aujourd’hui, ils n’en avaient reçu
aucun. Le téléphone était muet, la ligne ayant probablement été coupée par les
tirs de barrage.
    Les hommes se tenaient debout ou
assis dans la tranchée. Ils étaient sortis de l’abri quand le bombardement
avait cessé. Parfois, en milieu de matinée, la popote envoyait une charrette
parcourir la tranchée avec une grande bouilloire de thé chaud. Pourtant ce
matin, ils ne voyaient rien venir. Ils avaient mangé leurs rations de survie
pour le petit déjeuner.
    La section disposait d’une
mitrailleuse légère Lewis de conception américaine. Elle se trouvait sur le
bord postérieur de la tranchée, au-dessus de l’abri. Elle était servie par
George Barrow, le jeune

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