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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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délinquant de dix-neuf ans, un bon soldat mais si
inculte qu’il croyait que la dernière invasion de l’Angleterre était due à un
certain « Norman le Conquérant ». George était assis derrière sa
mitrailleuse, fumant la pipe à l’abri des éclats d’obus sous le bloc de culasse
en acier.
    Ils avaient aussi un mortier
Stokes, une arme très utile qui tirait des projectiles de trois pouces à trois
cents mètres. Le caporal Johnny Ponti, frère de Joey Ponti, mort sur la Somme,
était devenu d’une efficacité diabolique dans la manipulation de cet engin.
    Billy grimpa pour rejoindre
George et sa mitrailleuse, mais il n’y voyait pas davantage.
    George lui demanda : « Billy,
est-ce que les autres pays ont des empires comme le nôtre ?
    — Oui. Les Français ont
presque toute l’Afrique du Nord. Et puis il y a les Indes orientales des
Hollandais, l’Afrique du Sud-Ouest des Allemands…
    — Oh, fit George, dépité. On
me l’avait dit, mais je l’ai pas cru.
    — Et pourquoi pas ?
    — Ben quand même, qu’est-ce
qui leur donne le droit de régner sur d’autres peuples ?
    — Et nous, qu’est-ce qui
nous donne le droit de régner sur le Nigeria, la Jamaïque et l’Inde ?
    — Nous, on est britanniques,
c’est pour ça. »
    Billy hocha la tête. George
Barrow, qui n’avait jamais vu un atlas de sa vie, se jugeait supérieur à
Descartes, Rembrandt et Beethoven. Il n’avait rien d’exceptionnel. Ils avaient
tous subi des années de propagande à l’école, où on ne leur parlait que des
victoires militaires de la Grande-Bretagne, jamais de ses défaites. On leur
expliquait la démocratie qui régnait à Londres, mais jamais la dictature
imposée au Caire. Quand on leur enseignait la justice telle qu’elle était
pratiquée en Angleterre, on oubliait de mentionner les flagellations en
Australie, la faim en Irlande, les massacres en Inde. Ils apprenaient que les
catholiques brûlaient les protestants sur des bûchers, et étaient tout étonnés
de découvrir, s’ils en avaient l’occasion, que les protestants n’avaient jamais
laissé passer une occasion d’en faire autant aux catholiques. Ils n’étaient pas
nombreux à avoir un père comme Da, capable de leur expliquer que le monde qu’on
leur décrivait à l’école n’était qu’illusion.
    Mais Billy n’avait pas le temps
aujourd’hui de détromper George. Il avait d’autres soucis en tête.
    Le ciel s’éclaircit un peu et
Billy se dit que le brouillard allait peut-être se lever. D’un coup, il se
dissipa complètement. George s’exclama : « Merde alors !» Il ne
fallut à Billy qu’une fraction de seconde pour comprendre ce qui l’avait effaré :
à trois cents mètres d’eux, plusieurs centaines de soldats allemands
gravissaient la colline dans leur direction.
    Billy sauta dans la tranchée.
Quelques hommes avaient eux aussi aperçu les ennemis et leurs cris de surprise
avaient alerté les autres. Billy regarda par la fente d’un panneau d’acier
inséré dans le parapet. Les Allemands furent plus lents à réagir, sans doute
parce que les Anglais étaient moins repérables au fond de leur tranchée. Un ou
deux s’arrêtèrent, mais les autres continuèrent à avancer vers eux.
    Une minute plus tard, des coups
de feu claquèrent d’un bout à l’autre de la tranchée. Plusieurs Allemands
tombèrent. Leurs camarades se jetèrent au sol, cherchant à se mettre à l’abri
dans des trous d’obus ou derrière des buissons rabougris. Au-dessus de Billy,
la mitrailleuse Lewis se déchaîna dans un vacarme de crécelle. On se serait cru
sur un terrain de football un jour de match. Les Allemands ne mirent pas
longtemps à riposter. Apparemment, ils n’avaient ni mitrailleuse ni mortier, ce
qui rassura Billy. Il entendit crier l’un de ses hommes : un Allemand à la
vue perçante avait peut-être repéré une tête dépassant au-dessus du parapet ou,
plus probablement, un tireur en veine avait touché un Anglais malchanceux.
    Tommy Griffiths rejoignit Billy. « Ils
ont eu Dai Powell.
    — Blessé ?
    — Mort. Une balle en pleine
tête.
    — Saloperie ! »
Mrs Powell était une tricoteuse hors pair qui envoyait des chandails à son fils
en France. Pour qui tricoterait-elle maintenant ?
    « J’ai retiré sa collection
de sa poche », ajouta Tommy. Dai avait sur lui un paquet de cartes
postales pornographiques qu’il avait achetées à un Français. On y voyait des filles
bien en chair

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