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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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rive sud, de manière à commander
les deux ponts. Leur unité était équipée de mitrailleuses lourdes M1914
Hotchkiss, montées sur de solides trépieds et alimentées par des bandes de deux
cent cinquante cartouches. Ils avaient également des lance-grenades fixés sur
des bipieds, qui tiraient à quarante-cinq degrés, et quelques mortiers de
tranchée sur le modèle des Stokes britanniques.
    Au coucher du soleil, Gus et
Chuck vérifiaient l’emplacement de leurs sections entre les deux ponts. Leur
formation ne les avait pas préparés à prendre ce genre de décision et ils
devaient faire appel à leur bon sens. Gus repéra un bâtiment de deux étages
dont le rez-de-chaussée était occupé par un café aux volets fermés. Il s’y
introduisit par la porte de derrière et gravit l’escalier. Une des fenêtres du
grenier offrait une excellente vue sur la rivière ainsi que sur une rue qui se
dirigeait vers nord, sur l’autre rive. Il y fit installer une mitrailleuse
lourde avec ses servants. Il s’attendait à ce que le sergent lui dise que c’était
une idée saugrenue, mais l’homme esquissa un hochement de tête approbateur et
se mit à l’œuvre.
    Gus plaça trois autres
mitrailleuses dans des endroits similaires.
    En cherchant des positions
abritées pour les mortiers, il dénicha un hangar à bateaux en brique au bord de
la rivière, sans savoir si celui-ci se trouvait sur son secteur ou sur celui de
Chuck. Il se mit donc en quête de son ami. Chuck se trouvait trente mètres plus
loin sur la berge, près du pont est. Il observait l’autre rive à la jumelle.
Gus fit deux pas vers lui quand une énorme déflagration se produisit.
    Il regarda en direction du bruit.
D’autres détonations assourdissantes résonnèrent aussitôt. De toute évidence, l’artillerie
allemande avait ouvert le feu. Un obus éclata alors dans la rivière, soulevant une
immense gerbe d’eau.
    Il se tourna à nouveau vers Chuck
et le vit disparaître dans une gerbe de terre.
    « Merde ! » s’exclama-t-il
en se précipitant vers le lieu de l’explosion.
    Les obus et les mortiers
pleuvaient sur la rive sud. Les hommes se jetaient à terre. Gus arriva à l’endroit
où il avait vu Chuck pour la dernière fois et regarda autour de lui, perplexe.
Il ne distinguait que des amas de terre et de pierres. Soudain, il aperçut un
bras au milieu des décombres. Il écarta une pierre et vit avec horreur qu’il n’y
avait pas de corps au bout.
    Était-ce le bras de Chuck ?
Il existait sûrement un moyen de s’en assurer, mais Gus était trop bouleversé
pour réfléchir. Il tenta de repousser la terre du bout du pied, sans grand
succès. Il se laissa tomber à genoux et entreprit de déblayer avec ses mains.
Découvrant un col brun clair avec un insigne métallique marqué US, il murmura d’une
voix rauque : « Oh, mon Dieu ! »
    Il dégagea très vite le visage de
Chuck. Pas un mouvement, pas un souffle, pas un battement de cœur.
    Il essaya de se rappeler ce qu’il
devait faire. Qui contacter en cas de mort ? Il fallait faire quelque
chose du corps, mais quoi ? Dans la vie normale, on s’adressait à une
entreprise de pompes funèbres.
    Levant les yeux, il aperçut un
sergent et deux caporaux qui le regardaient. Un mortier éclata dans la rue
derrière eux. Ils baissèrent la tête machinalement et recommencèrent à le
regarder. Il comprit qu’ils attendaient ses ordres.
    Il se releva d’un bond et une
partie de son entraînement lui revint à l’esprit. Ce n’était pas à lui de s’occuper
des camarades tués, ni même blessés. Il était sain et sauf et son devoir était
de combattre. Il éprouva soudain une colère insensée contre les Allemands qui
avaient tué Chuck. Nom de nom, se dit-il, je vais vous en faire baver. Il se
rappela ce qu’il était en train de faire : il positionnait les
mitrailleuses. Il devait continuer. Et prendre en charge la section de Chuck.
    Il pointa le doigt vers le
sergent chargé des mortiers. « Oubliez le hangar à bateaux, lui dit-il, il
est trop exposé. » Il désigna une étroite venelle entre un établissement
vinicole et une écurie, de l’autre côté de la rue. « Mettez trois mortiers
dans ce passage.
    — À vos ordres. »
    Le sergent s’éloigna.
    Gus parcourut la rue du regard. « Vous
voyez ce toit plat, caporal ? Installez une mitrailleuse là-haut.
    — Pardonnez-moi, mon
lieutenant, c’est un garage automobile. Il peut y avoir un réservoir

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