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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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plateau appelé le « chemin
des Dames », ainsi baptisé parce que la route qui y passait avait été construite
pour les filles de Louis XV qui allaient rendre visite à une amie.
    Le déploiement final se fit le
dimanche 26 mai, par une belle journée ensoleillée rafraîchie par une
petite brise de nord-est. Walter éprouvait toujours la même fierté lorsqu’il
voyait les colonnes en marche vers la ligne de front, les milliers de canons
disposés sous le feu nourri de l’artillerie française, l’installation des
câbles téléphoniques entre les postes de commandement et les positions de
batterie.
    La tactique de Ludendorff était
immuable. Cette nuit-là, à deux heures du matin, des milliers de canons
ouvrirent le feu, inondant de gaz, de shrapnels, d’explosifs les lignes
françaises positionnées sur le plateau. Walter constata avec satisfaction que
la riposte française mollissait immédiatement, ce qui prouvait que les tirs
allemands atteignaient leurs cibles. Le barrage était court, conformément à la
nouvelle doctrine. Il cessa à cinq heures quarante.
    Les unités d’assaut avancèrent.
    Malgré leur position basse, les
Allemands rencontrèrent peu de résistance. Étonné et ravi, Walter atteignit la
route de crête en moins d’une heure. Le jour s’était levé et il put voir les
Français se replier en dévalant la pente.
    Les troupes d’assaut allemandes
les suivirent à une allure régulière, au rythme des tirs roulants de l’artillerie,
et arrivèrent avant midi au bord de l’Aisne, la rivière qui coulait au creux de
la vallée. Certains fermiers avaient détruit leurs moissonneuses et brûlé les
premières récoltes déjà rentrées dans les granges, mais la plupart avaient dû
fuir en toute hâte et les hommes chargés des réquisitions à l’arrière des
forces allemandes s’en donnèrent à cœur joie. À la grande surprise de Walter,
les Français n’avaient même pas fait sauter les ponts en battant en retraite.
Cela donnait une idée de leur état de panique.
    Les cinq cents hommes de Walter
traversèrent la crête suivante dans l’après-midi et établirent leur camp de l’autre
côté de la Vesle. Ils avaient avancé de vingt kilomètres en un seul jour.
    Le lendemain, ils se reposèrent
en attendant des renforts, mais le surlendemain, ils reprirent leur marche et
le quatrième jour, le jeudi 30 mai, ils rejoignaient la rive nord de la
Marne, au terme d’une progression impressionnante de cinquante kilomètres
depuis le début de la semaine.
    C’est là que l’avancée allemande
avait été jugulée en 1914, se rappela Walter avec un frisson.
    Il jura que cela ne se reproduirait
pas.
    3.
    Le 30 mai, Gus se trouvait
avec le corps expéditionnaire américain dans le camp d’entraînement de
Châteauvillain, au sud de Paris, quand la troisième division reçut l’ordre d’aller
participer à la défense de la Marne. Le gros de la division commença à
embarquer dans des trains malgré le piteux état des chemins de fer français qui
risquait de leur faire perdre plusieurs jours. Gus, Chuck et les mitrailleuses
partirent immédiatement par la route.
    L’exaltation de Gus se mêlait à
la crainte. Ce n’était pas comme à la boxe où il y avait toujours un arbitre
pour rappeler les règles et arrêter le combat s’il devenait trop dangereux.
Comment réagirait-il quand on lui tirerait vraiment dessus ? Prendrait-il
ses jambes à son cou ? Qu’est-ce qui l’en empêcherait ? En général,
il choisissait la solution la plus rationnelle.
    Les voitures n’étaient pas plus
sûres que les trains et tombaient en panne, mécanique ou d’essence, plus
souvent qu’à leur tour. De plus, elles étaient retardées par les civils qui
circulaient en sens inverse, fuyant les combats, certains poussant devant eux
des troupeaux de vaches, d’autres des brouettes et des charrettes à bras
chargées de leurs biens.
    Dix-sept mitrailleuses arrivèrent
à six heures du soir le vendredi à Château-Thierry, à quatre-vingts kilomètres
à l’est de Paris. La petite ville verdoyante était très jolie sous le soleil
oblique du soir. Elle était construite de part et d’autre de la Marne, le
centre, sur la rive nord, étant relié au faubourg sud par deux ponts. Les
Français tenaient les deux berges, mais l’avant-garde allemande avait déjà
atteint la limite nord de l’agglomération.
    Le bataillon de Gus reçut pour
consigne de disposer ses armes le long de la

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