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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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c’qu’y a dans le salon,
     mais petit à petit, on va le meubler à notre goût.
    Julianna pianota mélodieusement un petit air, puis se retourna vers son
     mari.
    — Que c’est beau, François-Xavier, que c’est beau ! s’extasia-t-elle en
     admirant la maison.
    Les murs étaient lambrissés des plus belles planches de bois qu’elle ait jamais
     vues, sans nœuds, sans fissures.
    — Pis j’en reviens pas comme c’est grand !
    — Y nous faut beaucoup de place pour nos enfants.
    Il l’embrassa tendrement dans le cou.
    — Allez, viens voir mon cadeau, maintenant.
    Cette fois, Julianna fut entraînée jusqu’à un drôle de petit escalier tournant,
     celui qui menait à la tourelle dehors, comprit-elle. À la fin des marches, il
     fallait pousser une trappe, retenue par une lourde chaîne, qui s’ouvrait sur
     l’extérieur. Julianna fut stupéfaite et conquise. C’était fantastique. On était
     presque à la hauteur des nuages.
    — C’est icitte que nous nous retrouverons, dit son mari derrière elle. Le matin
     pour admirer le soleil pis nous dire bonjour, pis sous les étoiles pour nous
     souhaiter une bonne nuit.
    Doucement, un à un, il se mit à défaire les minuscules boutons de nacre du dos
     de la robe de mariée, en partant du cou jusqu’à la taille. Il passa ses mains
     par l’ouverture ainsi faite et emprisonna les doux seins de sa jeune femme dans
     ses mains.
    — Oh, Julianna, Julianna, tu m’aimes vraiment ?
    — J’arrêterai jamais de t’aimer, même si je le voulais, je pourrais pas…
     murmura la jeune femme enflammée par les caresses osées que son mari lui
     faisait.
    — Je comprends, maintenant, d’où vient le mot « s’épouser »… haleta Julianna.
     François-Xavier Rousseau, épouse-moé… je t’en prie, épouse-moé…

    Dans le train qui les menait à Montréal, Léonie n’avait de cesse de contempler
     son bel Ernest. Ils avaient connu un tel bonheur cette nuit. Au début, en robe
     de nuit, elle s’était approchée timidement du lit nuptial où il l’attendait.
     Elle avait hésité. Elle n’avait plus le corps qui avait séduit John… Est-ce
     qu’Ernest la trouverait belle ? Elle avait encore sa brosse à cheveux dans la
     main, plus pour se donner unecontenance que par besoin.
     Saurait-elle donner du plaisir à un homme ? Elle avait souri, gênée.
     Probablement avait-il des craintes similaires aux siennes, s’était-elle dit,
     non, elle n’avait pas à s’en faire. Lentement, elle s’était assise près de lui.
     Ernest lui avait pris la brosse des mains et avait entrepris de la coiffer. Elle
     était très fière de sa chevelure qu’elle n’avait jamais coupée. Ses cheveux
     avaient grisonné et blanchi mais avaient gardé leur brillance. Après, tout
     s’était fait naturellement, plein de tendresse et d’amour. Elle était bien dans
     ses bras, c’était sa place. Au contraire de John, le seul amant qu’elle ait
     connu, Ernest prenait son temps et semblait connaître des secrets sur son propre
     corps qu’elle ignorait. Il était doux mais animal en même temps. Ils avaient
     fait de ces choses ! Et elle y avait pris un tel plaisir… Ils étaient devenus en
     sueur et n’avaient toléré plus aucune barrière de tissu entre eux. Ils s’étaient
     offerts et n’avaient toléré aucune pudeur entre eux… Voir le regard de son mari
     s’enflammer de désir pour ses seins, voir la bouche de celui-ci ouverte sur un
     cri muet de plaisir… Léonie n’avait pas fermé les yeux une seule fois. Elle
     s’était délectée de chaque parcelle de peau d’Ernest, le goûtant, le humant…
     Elle s’était remplie de lui au plus profond d’elle-même.
    — À quoi pense ma belle créature, si on peut savoir ? demanda Ernest. Tu
     regrettes rien au moins, ma Léonie ? s’inquiéta-t-il soudain.
    — Mon doux Seigneur non ! Il faudrait être folle pour regretter quoi que ce
     soit… Chus juste ben heureuse.
    — T’es ben certaine de pas te sentir coupable à cause de ta promesse ?
    — T’as su m’convaincre qu’on était quittes, le Bon Dieu pis moé.
    — Plus que quittes. Si y en a un qui doit à l’autre, c’est Lui en haut… Tu
     mérites ton bonheur, Léonie, amplement.
    — Ah, cher Ernest ! se mit à rire Léonie. J’espère que toé, tu regretteras pas
     d’avoir épousé une vieille fille comme moé.
    — J’ai-tu l’air d’un homme malheureux moé à matin ?
    — Euh, non

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