La Collection Kledermann
toujours pour le bon motif. Et dans le cas présent, c’est de la vie des siens qu’il s’agit !
— Ça va ! La condition ?
— Vous vous abstenez d’y envoyer vos troupes de choc mais vous mettez le téléphone sur écoute. J’avoue ignorer le numéro mais vous le trouverez facilement ! Cela vous paraît excessif ?
— Non… pour le moment. Que voulez-vous savoir ?
— L’endroit où aura lieu la prochaine rencontre, voyons ! Grindel ne peut pas faire autrement que livrer une partie de la collection…
— Et si Gandia se contente d’une phrase dans le genre : « là où vous savez ! » ou encore « là où nous nous sommes rencontrés la première – ou la dernière – fois », que ferez-vous ?
— On suivra, grogna Adalbert. Vous devez penser qu’on ne va pas le laisser batifoler dans la nature sans surveillance !
— Comprenez-moi ! reprit Morosini. La collection Morosini m’importe peu. Ce que je veux, à n’importe quel prix, c’est sauver mon beau-père. Je ne supporte pas l’idée de le savoir aux mains d’une bande d’aigrefins qui jouent du couteau pour un oui ou pour un non ! Je veux le ramener à Lisa ! Outre l’amitié profonde que j’éprouve pour lui, ce sera la meilleure façon de me faire pardonner et de retrouver ma famille !
Malgré l’arrogance affichée, le désespoir était flagrant dans cette voix et Langlois ne s’y trompa pas :
— Allons ! Vous savez que nous sommes prêts à tout pour vous aider ! Puis changeant brusquement de ton : Parce que voilà cinq minutes que nous parlons dans le vide et que cela me donne la mesure du degré de perturbation que vous avez atteint… tous les deux ! ajouta-t-il avec l’ombre d’un sourire.
— Que voulez-vous dire ?
— Vous faites toute une histoire de me donner une adresse dont vous voulez que je surveille le téléphone ! De deux choses l’une : ou ce Schurr l’a et l’annuaire m’indiquera cette adresse, ou il ne l’a pas et je ne vois pas vraiment ce que je pourrais surveiller !
— Ou il n’est pas à l’annuaire ! fit Adalbert rogue.
— Si c’est une maison respectable – même seulement en apparence ! – et non un repaire de malfrats, il est impossible qu’il en soit autrement !
— Ça va, on est battus ! soupira Adalbert : les Bruyères blanches, 8, avenue de la Belle-Gabrielle à Nogent-sur-Marne. C’est une maison tout ce qu’il y a de convenable ! Enfin, elle en a l’air !
— Voyons si elle en a la chanson ! Je vais coller dessus l’inspecteur Sauvageol que vous connaissez peut-être ?
— Non. C’est lui que vous aviez envoyé à Lugano ?… Où il n’a pas trouvé grand-chose, il me semble ? dit Morosini.
— Suffisamment pour m’intriguer ! Il se peut que je l’y renvoie pour vérifier un curieux bruit : Gandia aurait vendu sa propriété afin de la transformer en clinique de luxe pour malades mentaux et comme Sauvageol s’est fait de nombreuses… relations dans la population…
— Gandia, vendre la Malaspina ? Ça m’étonnerait, répondit Aldo. Pourquoi le ferait-il ? C’est son fief familial depuis des décennies, pratiquement à cheval en outre sur une frontière. De plus les lois helvétiques lui sont plutôt favorables. Où trouverait-il meilleure base pour ses… activités ?
— Il se peut qu’il veuille couper définitivement les ponts avec la vieille Europe et, en vue de cela, réaliser deux gros coups : la moitié de la collection Kledermann… et de la vôtre, Morosini. Après cela l’Amérique, l’Australie ou les Indes, qui peut savoir ? N’oublions pas que personne ne sait où est passée sa sœur à laquelle l’attache un sentiment trouble…
— L’Amérique me paraît impossible ! Elle y était trop connue !
— C’est immense, les États-Unis. Pour une comédienne de sa classe il doit être possible de s’y recréer une vie somptueuse… et pas fatalement au Texas !
— Je pencherais plutôt pour le Brésil ! fit rêveusement Adalbert. Il est encore plus facile de s’y refaire une nouvelle vie… et en plus les pierres précieuses – n’oublions pas la passion de Gandia pour les joyaux ! – y poussent comme les pissenlits après la pluie !
— Quoi qu’il en soit, coupa Aldo en se levant pour partir, la priorité absolue c’est d’être présent à l’entrevue de ces deux salopards !
— Restez encore un instant, j’ai quelque chose à vous montrer…
Langlois prit un dossier dans un tiroir de son bureau et l’ouvrit pour en
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