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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sortir une photo qu’il tendit à Aldo :
    — Vous connaissez cet homme ?
    Morosini scruta l’image qui représentait un homme en smoking, qu’il portait d’ailleurs avec une certaine allure, appuyé à une rambarde derrière laquelle on apercevait une plage et la mer. Il avait l’impression de l’avoir déjà vu sans réussir à le situer. Après quoi il la passa à Adalbert en disant :
    — Il ne m’est pas inconnu mais son nom ne me revient pas. Et toi ?
    — En dehors du fait qu’il me rappelle vaguement ton beau-père…
    — Bravo, Vidal-Pellicorne ! L’homme s’appelle… ou s’appelait James Willard. Il était croupier au casino d’Eastbourne. C’est Warren qui vient de m’envoyer cette photo. Willard a disparu depuis un moment déjà et je dirais…
    — … qu’il y a quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent pour qu’il repose à présent dans un cimetière zurichois ! acheva Aldo soudain très sombre.
    Il avait repris le portrait et, en surimpression, revoyait l’effroyable dépouille qu’il avait dû contempler dans un caveau de la morgue.
    — Avait-il de la famille ? demanda-t-il.
    — Une femme et deux enfants. Le fils sert dans la Marine royale. La fille est mariée à un assureur et elle a une fille… Je vous rassure, Morosini, car je vous connais bien, leur situation financière est satisfaisante…
    — Si nous retrouvons Moritz vivant, cela m’étonnerait qu’il se contente de votre conviction. Sinon… mais n’allons pas trop vite ! Warren sait-il où en sont les choses ?
    — Je viens seulement de recevoir ça mais je vais l’appeler… dès que vous serez partis, fit-il gracieusement. Il faut qu’il sache exactement où nous en sommes sinon il va m’envoyer la moitié de Scotland Yard ! Vous savez comment il est ? La disparition d’un banquier milliardaire suisse l’intéresse mais nettement moins que celle d’un sujet de Sa Gracieuse Majesté ! Cela posé, j’appelle Sauvageol. Le plus simple est encore que vous l’emmeniez faire un tour sur les bords de la Marne. Cette balade vous permettra de le jauger... et de vous convaincre de ses capacités ! Je ne crains pas d’affirmer qu’en dépit de sa jeunesse il est en passe de devenir le meilleur de mes inspecteurs !
    — Ce qui signifie que vous l’engue… que vous le maltraitez à longueur de journée en vertu du bon vieux principe « qui aime bien châtie bien » ? avança Adalbert suave.
    — Que vous voilà donc délicat dans vos propos ! C’est vrai que je l’engueule plus fort que les autres… quand il le mérite ! Ce qui n’est pas souvent. Et si vous désirez des détails sur la vie que l’on mène à Lugano, il vous racontera tout ce que vous voudrez !
    Quelques minutes plus tard, présentations faites et ordres donnés, les trois hommes quittaient le Quai des Orfèvres. Il ne faisait aucun doute que le courant de sympathie fonctionnait dans tous les sens et cela dès que l’on eut rejoint la voiture. Comme Morosini voulait lui laisser la place à côté du chauffeur, Sauvageol refusa :
    — Avec votre permission, je préfère monter derrière !
    Adalbert se mit à rire :
    — Vous redoutez la place du mort ?
    — Évidemment non. Seulement je préfère que l’on ne me remarque pas dans un coin où il ne doit pas y avoir foule, sauf peut-être dans l’après-midi où l’on promène les enfants au bois. Il faut que je sois quasiment invisible !
    L’avenue de la Belle-Gabrielle offrait, dans la journée, une image plus rassurante qu’en pleine nuit. Comme il faisait beau, voitures, vélos et promeneurs avaient pris possession du bois de Vincennes, cependant que dans les maisons la plupart des fenêtres étaient ouvertes.
    De nombreuses voitures étaient garées le long des trottoirs ; Adalbert put s’offrir le luxe d’un créneau impeccable afin de permettre au jeune inspecteur d’examiner les lieux à son aise.
    À la lumière du jour, les Bruyères blanches apparaissaient différentes. Ce n’était plus qu’un vaste pavillon confortable, aux fenêtres et au jardin fleuris, ouvert à la douceur d’une belle journée. Assis à l’ombre de marronniers, un homme aux cheveux blancs lisait un journal, un panama et une canne posés sur une chaise auprès de lui. À l’étage, une femme en tablier bleu, les cheveux cachés par un torchon, frottait les vitres avec énergie.
    — Le lecteur de journal, c’est Schurr ? interrogea Sauvageol qui avait sorti un appareil photo.
    — En personne !

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