La Collection Kledermann
regrets…
— Je croyais que tu avais déjà une montagne de bagages ? remarqua Aldo tandis qu’ils regagnaient la voiture.
— Il en va des valises comme des hommes : elles s’usent ! Singulièrement la mallette qui m’accompagne toujours lorsque je prends ma chère Amilcar qui mérite le meilleur ! C’est en pensant à elle que je n’ai pas résisté à celle-là ! acheva-t-il sur un soupir ravi.
— Dans ce cas, tu devrais la faire rhabiller entièrement en croco ta « charrette » ! Ce serait encore plus chic !
— Quand vous aurez fini de parler chiffons on pourra peut-être aborder les affaires sérieuses ? s’indigna Marie-Angéline. Votre idée est excellente, Aldo, mais la réalisation me paraît compliquée ! D’abord nous ignorons le poids de chacun des sacs ! Ils m’ont paru assez lourds quand Grindel les a déposés devant mon nez pendant que j’étais sous la table, mais ce n’est qu’une impression !
— On peut s’en faire une idée approximative en pesant les bijoux de Tante Amélie enveloppés de daim. Ainsi que de l’espace qu’ils occupent.
Arraché à son plaisir de s’être offert un bel objet, Adalbert se décida enfin à s’intéresser au but de l’expédition :
— Dites donc, vous deux, vous n’auriez pas dans la tête l’envie de cambrioler les Bruyères blanches ? Ce serait du suicide !
— Et il n’en est pas question. En revanche, il devrait être possible, dès que nous connaîtrons le lieu du rendez-vous de ces deux fripouilles, de suivre Grindel et de procéder à l’échange des sacs pendant le voyage. Un seul naturellement puisque César ne réclame que la moitié…
— Aussi pourquoi en as-tu acheté deux ?
— Parce que c’est plus prudent. César peut réclamer le second. Inutile d’ergoter : de toute façon on n’en est pas là ! Mais revenons-en à la rencontre. Elle sera peut-être musclée… ou peut-être pas, mais ne mettra pas la vie de Moritz en danger. Il se peut que le pseudo-Borgia envoie Gaspard chercher l’autre sac…
— Ça m’étonnerait, dit Adalbert. Ce ne sont des enfants de chœur ni l’un ni l’autre et on risque d’avoir des surprises si, comme je l’espère, on réussit à assister à l’entrevue…
— Justement ! Si on parlait de celle-là ? reprit Plan-Crépin. Où pourrait-elle avoir lieu selon vous ?
— Si c’est César qui choisit, pourquoi pas Lugano ? Il y est chez lui.
— Trop ! Gaspard se méfiera et comme il a décidé de prendre l’offensive il proposera sûrement un endroit différent. D’autre peut, il voudra s’assurer que son « partenaire » exécutera sa part du contrat et, de préférence, en sa présence… et on ne m’ôtera pas du crâne, conclut Marie-Angéline, que Kledermann est séquestré quelque part dans la villa Malaspina.
— Je ne vous ai pas attendue pour y penser, dit Adalbert, mais je vous rappelle que nous avons là-bas un poste avancé qui, à part la présence d’une vieille folle, n’a même pas entraperçu César, que Sauvageol – qui lui est resté un moment – a fini par rentrer parce qu’à part ladite vieille folle il n’a jamais rien remarqué d’extraordinaire et que le bruit court, à présent, qu’ayant sans doute d’urgents besoins d’argent, César aurait vendu la Malaspina pour en faire une clinique. Donc…
— Donc il y a quelque chose qui nous échappe, enchaîna-t-elle têtue. Une malade mentale tellement surveillée qu’on lâche dans le jardin, la nuit, des dobermans aux crocs meurtriers ? Où est la nécessité ? L’empêcher de se promener sous les étoiles au risque de la réduire en bouillie ? Empêcher qu’on l’enlève ?
— Et pourquoi non après tout ? s’écria Aldo, agacé. Si j’en crois la description que l’on possède d’elle, cette femme vaut son pesant de diamants !
— C’est peut-être la Torelli ? La « vox populi » dit qu’elle est revenue. Et les diamants, elle n’en manque pas !
— Ça, c’est impossible ! fit Adalbert. La femme en question est à la fois âgée et défigurée ! Wishbone qui, tel que je le connais, a dû se débrouiller pour y jeter un coup d’œil… et qui en était… coiffé autant que moi nous l’aurait fait savoir depuis longtemps ! Pour moi, la « vox populi » n’a rien à voir avec celle de Dieu et le prétendre n’est pas vraiment lui rendre hommage !
— Là-dessus, je suis d’accord ! soupira-t-elle avec un rapide signe de croix. Mais seulement là-dessus !
En
Weitere Kostenlose Bücher