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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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elle demeura quelques minutes pensive. Tout à coup, elle eut un sourire ironique.
    – J’ai trouvé, murmura-t-elle.
    Et tout haut :
    – Tenez, dit-elle, je crois que vous avez raison. Je ne puis demeurer dans cette cave où je toussais, où je souffrais
inutilement.
Et puisque vous le permettez, je vais m’installer près de vous, dans la chambre vide… Mademoiselle Gillette va se coucher et dormir bien tranquille. Je lui réponds qu’il n’arrivera rien cette nuit au moins. Quant à vous, madame, nous avons à causer… voulez-vous ?
    – Mais, s’écria Gillette, comment allez-vous dormir vous-même ?… Oh ! ce canapé !
    – Il fera admirablement mon affaire, dit Madeleine. Dans la chambre de Gillette, il y avait en effet un excellent canapé large et profond, sur lequel une personne pouvait dormir aussi bien que dans son lit.
    – Voilà un canapé qui sera mieux dans la chambre vide que dans la chambre de cette enfant ! songea étrangement Madeleine.
    A elles trois, elles le poussèrent dans la pièce voisine, celle qui attenait à la salle à manger.
    Puis, Gillette, rêveuse, se retira dans sa chambre.
    Margentine et Madeleine demeurèrent seules dans la salle à manger. Alors Madeleine alla examiner la porte qui séparait cette salle de la chambre vide.
    La porte ne fermait qu’au loquet.
    – Avez-vous remarqué ce détail ? demanda Madeleine.
    – Non, car je m’étais assurée qu’il est impossible d’ouvrir la fenêtre de la chambre, et qu’on ne peut entrer que par là.
    Les volets paraissaient tenir solidement, et en les secouant par le milieu, il semblait impossible d’ouvrir la fenêtre. Madeleine examina alors les gonds.
    Avec un clou, elle gratta la pierre autour de ces gonds.
    – Voyez ! dit-elle à Margentine.
    – Oh ! les misérables !
    Sous l’action du clou, la pierre s’effritait comme du plâtre. C’était du plâtre, en effet. On avait descellé les crampons des gonds, et on avait simplement bouché au plâtre les trous qu’on avait dissimulés ensuite en enduisant le plâtre de poussière.
    – C’est par là que le larron devait entrer. Je vois la scène comme si j’y assistais. Il arrive par ce côté du parc, escorté de deux ou trois de ses séides ; en quelques minutes ils disloquent les gonds, retirent les volets et entrent. Alors, pendant que ses acolytes se jettent sur vous et vous tuent, au besoin, lui court à la chambre de Gillette… Demain matin, je reboucherai le trou que je viens de faire pour qu’on ne se doute pas que vous savez maintenant la vérité.
    – Que faire ? Que faire ? Oh ! je ne dormirai plus ! Je veillerai devant la porte de ma fille ! Fussent-ils vingt ! Ils ne savent pas ce que c’est qu’une mère !…
    – Ne craignez rien ! dit Madeleine.
    – Comment ! que dites-vous là ?
    – Je vous dis de ne plus rien craindre, car je suis là ! Je vous jure que l’infâme reculera devant moi plus facilement que devant un poignard.
    – Je ne comprends pas…
    – Ne vous inquiétez pas de cela. Rassurez-vous seulement, et dormez bien tranquille dans votre lit : le larron n’entrera pas… Cependant, pour plus de précautions, vous pourrez barricader la porte de séparation…
    – Non ! non ! je ne ferai pas cela ! s’écria Margentine. Je veux être prête à vous porter secours… Oh ! vous prendriez donc tout le danger pour vous…
    – Eh bien, soit ! dit Madeleine avec un sourire ému. A nous deux nous serons plus fortes pour défendre l’enfant…
    Elles revinrent alors dans la salle à manger, et s’assirent, gardant le silence.
    Chacune d’elles lisait dans les regards de l’autre la question qui était dans sa pensée.
    Ce fut Madeleine Ferron qui osa.
    – Ainsi, dit-elle, le roi sait, que Gillette est sa fille, et pourtant…
    – Oui !
    – C’est à confondre l’imagination… c’est à croire que l’infâme est atteint d’une sorte de folie qui l’empêche de ne plus rien reconnaître, lorsque sa passion se déchaîne…
    – Vous le haïssez bien ?…
    – Comme vous !
    – Mais moi, dit Margentine, d’une voix sombre, j’ai des raisons…
    – Je vais vous les dire : il vous est apparu un jour, au printemps de votre vie, alors que votre cœur s’ouvrait aux premières aspirations de l’amour… Alors, il vous a juré qu’il vous aimait et qu’il vous donnait sa vie…
    – Oui, oui !… Oh ! comment savez-vous…
    – Hélas !… Et alors,

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