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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bénie, madame, dit-elle d’une voix émue ; non seulement vous n’êtes pas une ennemie, mais vous êtes pour moi une amie bien chère, vous qui avez sauvé ma fille… Pardonnez-moi de vous avoir tout à l’heure menacée… Soyez la bienvenue… prenez place à notre table…
    Déjà Gillette avait préparé une place pour la dame en noir qui s’assit et s’écria gaiement :
    – Là ! le plus difficile est fait. Je redoutais fort de me présenter à vous, et je ne savais trop comment m’y prendre, car je craignais de vous épouvanter… Il l’a fallu cependant… Je n’avais plus de vivres et on ne pouvait plus m’en apporter… votre installation ici a contrarié bien des projets…
    Le dîner terminé, Madeleine se leva et dit :
    – Je veux d’abord vous montrer mon appartement. Ensuite, je répondrai aux interrogations que vous avez la politesse de ne pas m’adresser, mais que je devine dans vos regards. Venez…
    Margentine et Gillette suivirent sans crainte la dame en noir. Avec elle, elles descendirent dans la cave, et elle leur montra le réduit où elle s’était installée.
    – Mais c’est affreusement humide ici ! s’écria Gillette.
    – En effet, dit simplement Madeleine.
    Margentine remarqua alors que l’étrange femme toussait par moments d’une toux sèche, que ses yeux brillaient d’un éclat fiévreux, et que ses pommettes étaient très rouges.
    – Il ne faut pas rester ici ! dit-elle, émue de pitié. Vous allez vous installer avec nous, là-haut… Et je vous soignerai, moi… Vous avez bien sauvé ma fille…
    – Croyez-vous donc que je tienne beaucoup à la vie ?
    Cette question, le ton dont elle fut faite frappèrent Margentine et Gillette.
    – Si vous devez rester dans ce pavillon, s’écria celle-ci, je ne supporterai pas que vous habitiez cette cave… Pauvre femme ! Si vous saviez comme je vous plains… Et pourtant je ne connais pas vos tourments… mais là-bas, aux Tuileries, j’ai déjà eu cette sensation que vous étiez bien à plaindre…
    – Et moi, dit sourdement Madeleine, j’ai eu dès lors cette impression que vous étiez un ange…
    Puis, comme si elle eût craint de s’abandonner à l’émotion :
    – Remontons ! dit-elle brusquement.
    – Pas avant que vous n’ayez promis de venir habiter là-haut avec nous, dit fermement Gillette.
    – Vous le voulez ? Eh bien, soit !
    En elle-même, Madeleine ajouta :
    – Au fait, cela vaudra peut-être mieux ainsi…
    Lorsqu’elles furent remontées, Madeleine poursuivit :
    – Voilà trois jours que j’habite cette cave. J’ai pu m’introduire à grand’peine dans le parc, et gagner ce pavillon, grâce à la complicité d’un domestique du château dont je me suis assuré le dévouement en le payant très cher. Car tout se paie, – surtout le dévouement !
    Gillette écoutait avec une surprise mêlée d’effroi, cette femme qui parlait simplement des choses audacieuses qu’elle avait accomplies.
    – Cet homme, continua Madeleine Ferron, devait tous les soirs m’apporter les vivres de chaque lendemain. Il a dû être bien étonné hier de ne pouvoir entrer, puisque vous aviez fermé la porte. Quant à moi, jugez des heures d’angoisse que j’ai passées dans ma cave lorsque j’ai entendu des allées et venues dans le pavillon… Enfin, je suis montée en haut de l’escalier, j’ai écouté et j’ai compris qu’on remettait le pavillon en état pour deux personnes qui allaient l’habiter par ordre du roi. Quelles pouvaient être ces deux personnes ? Comment ferais-je pour sortir ? Est-ce que je m’étais moi-même prise à mon piège ? Voilà les questions qui me tourmentaient… Mais hier, j’ai pu écouter votre entretien et j’ai été rassurée… Voilà mon histoire…
    Il y eut quelques minutes de silence pénible au bout desquelles Madeleine reprit :
    – Maintenant, vous vous demandez sans doute pourquoi je me suis introduite secrètement dans le parc, pourquoi je me cache dans ce pavillon, enfin qui je suis et ce que je viens faire au château de Fontainebleau ?
    Appuyée contre sa mère, Gillette écoutait avec terreur et pitié. Pour Margentine, c’était l’étonnement qui la dominait.
    – Ecoutez, continua Madeleine Ferron, mon cœur est si gonflé d’amertume qu’il en éclate. J’ai si longtemps souffert en silence que le silence m’est devenu odieux, intolérable…
    – Nous vous consolerons, dit doucement Gillette.
    – Il

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